Entretien donné par Yvan Benedetti, chef du mouvement Les Nationalistes et directeur de Jeune Nation à l’hebdomadaire RIVAROL n° 3375 du 2 mai 2019, après son audition par la « Commission d’enquête parlementaire relative à la lutte contre les groupuscules d’extrême-droite ».
RIVAROL: En tant que porte-parole du groupement Les Nationalistes, vous avez été auditionné jeudi dernier par le « Commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite » de l’assemblée nationale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Yvan BENEDETTI : Les commissions d’enquête parlementaire exercent des investigations sur un sujet donné dans un but de contrôle et d’évaluation du Gouvernement.. Elles sont en général créées — avec quelque arrière-pensée électoraliste — à l’initiative de l’opposition pour mettre en évidence d’éventuelles négligences du Pouvoir autour de questions ayant un fort impact émotionnel sur l’opinion, comme, par exemple, la mauvaise gestion de la canicule en 2003 ou le scandale d’Outreau en 2005. En 1999, une Commission d’enquête parlementaire a visé le fonctionnement du DPS (le service de protection du FN), que certains redoutaient de voir dériver en milice, dans le but de pousser le gouvernement à une dissolution de ce dernier. C’était malheureusement prêter au parti de Jean-Marie Le Pen une ambition révolutionnaire qu’il n’a jamais eue, même si les dures attaques que le judaïsme politique a portées au Menhir ont fini par le faire dériver en partie de ses positions de départ vers celles des nationalistes. C’est cette même crainte de création d’une milice qui a motivé récemment la constitution de deux commissions (une à l’Assemblée, une au Sénat) pour enquêter à la suite des révélations, l’été dernier, sur les activités élyséennes du ténébreux Benalla. Les craintes d’une dérive totalitaire de l’exécutif ont été confirmées depuis par la répression sans précédent qui s’est abattue sur le mouvement des Gilets jaunes, ainsi que par la toute récente dissolution du Bastion social. Même après le retour de l’infâme Valls à sa terre natale, les persécutions continuent..
R. : Mais alors en quoi consiste précisément cette Commission d’enquête ? Fait-elle mine de croire que l’extrême droite est de connivence avec le pouvoir ?
Y.B. : Le huitième président de la Ve a fait de l’anti-nationalisme la marque de fabrique de son quinquennat : visite à Oradour-sur- Glane entre les deux tours de la Présidentielle — au risque d’y croiser une Marine Le Pen repentante — , européisme forcené lui permettant de se présenter comme le rempart ultime face à la montée des populismes. À part la présence de la figure de proue du parti présidentiel aux prochaines européennes, Nathalie Loiseau, sur une très ancienne liste d’un des avatars du GUD, le seul lien — et il est plus que ténu — entre l’extrême droite et le pouvoir, c’est Vincent Crase, le gendarme en carton, l’acolyte barbichu de Benalla, dont on a retrouvé, dans un livre publié à compte d’auteur, des poèmes trahissant un intérêt certain pour les thématiques chères au cœur de feu Jean Mabire. Mais la confusion entre la droite libérale — puisque plus personne ne croit désormais que Macron soit de gauche — et l’extrême droite persiste naïvement chez certains gauchistes débiles. La preuve : la présidente de la commission qui nous intéresse (et qui s’intéresse à nous), Muriel Ressiguier, entretenait le 16 novembre dernier les étudiants du Master EPOG, (Economic Policies in the age of Globalisation !) de l’Université Paris Diderot de « la connivence historique entre le monde de la finance et les mouvements d’extrême droite. » À la veille du déclenchement de la plus grande contestation sociale de la Ve République, une des élues du principal parti d’extrême-gauche du pays a tenté de démontrer dans un colloque (répondant à l’invitation des « Économistes atterrés », le think tank mélenchoniste) que l’extrême droite est économiquement la droite de la droite. Ils en sont restés à la rhétorique stalinienne des années 1930 : les fascistes seraient le bras armé du grand capital, des sociaux-traîtres utilisés par ce dernier pour dévoyer les aspirations révolutionnaires du peuple. Consternant ! Ils n’ont pas plus entendu parler du Programme de Nancy de Maurice Barrès que de l’anticapitalisme national d’Édouard Drumont ou de la dénonciation des Financiers qui mènent le monde par Henry Coston. Pas étonnant qu’ils aient raté le train de la révolte des Gilets jaunes. Et s’ils ont finalement pris le contrôle des manifestations grâce à la force de frappe des milices antifas dont j’ai moi-même fait les frais le 1er décembre dernier, leur activisme va déboucher sur un cuisant échec électoral : les sondages créditent leur liste de moins d’intentions de vote qu’il y a six mois..
R. : Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs la genèse de cette Commission ?
Y.B. : La proposition de résolution qui porte le n° 1392, présentée le 8 novembre par le groupe LFI, explique sans rire que : « depuis quelques mois, des groupuscules d’extrême-droite agissent en toute impunité dans le pays. » Suit une liste d’actions militantes de la Ligue du midi, du Bastion social et des Identitaires — dont des actions de déblocages de facs — précédant la conclusion : « Face à cette inquiétante recrudescence d’actes de violence qui visent souvent à se substituer à l’État de droit et aux forces de l’ordre de la République mettant en péril notre démocratie, l’inaction relève de l’inconscience. Nous ne pouvons tolérer le retour de la violence émanant de groupes politiques racistes et violemment anti-républicains. » On retrouve la thématique de la dénonciation des milices privées à l’œuvre dans la commission d’enquête sur le DPS en 1999 et dans celle sur Benalla récemment. Cette rhétorique prenait un ton particulièrement ironique trois semaines après les turpitudes de Mélenchon qui, lors des perquisitions qui ont été menées au siège de son parti, le 16 octobre 2018, a enfoncé la porte du local dont les enquêteurs lui refusaient l’accès, jeté au sol le procureur dirigeant l’opération ainsi qu’un policier venu s’interposer, contraignant les enquêteurs à un départ précipité, et déclenchant, en représailles, l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « menaces ou actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire » et « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Procédure qui a sûrement beaucoup moins gêné le frère Mélenchon que sa suspension concomitante du Grand Orient. L’enregistrement vidéo de cette bousculade permet d’assister à une algarade entre le riche notable de la République et Ressiguier qui l’accuse d’utiliser des « méthodes de voyous » avant de se faire vertement rabrouer par le tyrannique chef de LFI, parti à l’avant-garde des questions de parité et de lutte contre la misogynie mais dans les rangs duquel il ne s’agit tout de même pas qu’une « espèce de co… », comme on aimait à le dire sur Canal +, l’ouvre sans avoir été invitée à le faire.
R. : Les violences des Black Blocs et autres antifas lors des défilés des Gilets jaunes qui ont débuté à peine quelques jours plus tard ont donc mis les mélenchonistes en porte-à-faux avec ces accusations de violences politiques imputées à l’extrême droite ?
Y.B. : Sûrement, mais il semble que la modification de l’objet de la Commission (qui finalement a porté le numéro 1392 rectifié) découle du fait que les actions militantes énumérées dans le projet initial faisant toutes, ainsi que l’a rappelé le Garde des sceaux dans un courrier adressé au groupe LFI le 30 novembre, l’objet de procédures, il n’était pas possible — au nom de la séparation des pouvoirs — de les voir examiner par la Commission d’enquête parlementaire. La résolution définitive n’aborde donc plus la question de violences (ou supposées violences) précises, et se contente de souhaiter dresser « un état des lieux sur (sic) l’ampleur du caractère délictuel et criminel des pratiques des groupuscules d’extrême droite ». Lors du passage de la proposition de résolution devant la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, qui juge de la recevabilité — formelle — de celle-ci, les représentants des groupes — qui ne peuvent toutefois imposer la moindre modification de l’objet de la Commission — sont pour la plupart intervenus pour déplorer que les investigations ne s’étendent pas aux milices d’extrême-gauche. Objection balayée par les mélenchonistes puisqu’évidemment, « ça n’a rien à voir ». Laurence Vichnievsky, député MoDem proche de Chantal Jouanno, magistrate célèbre pour avoir prononcé un non-lieu, en septembre 1991, dans l’invraisemblable “suicide” du ministre Boulin (affaire aujourd’hui rouverte) — neuf jours après avoir pris ses fonctions ! — a déclaré devant la Commission des lois constitutionnelles que les travaux de la Commission mélenchoniste à laquelle elle adhérait d’enthousiasme devaient permettre que : « la liberté de manifester, donc de s’exprimer, puisse s’exercer sans que l’on blesse — le respect de la personne est la première des valeurs — , que l’on mette à sac nos villes et nos villages et que l’on porte atteinte aux symboles de notre République. » Voilà une manière de remettre sur le devant de la scène la rhétorique macroniste de l’origine extrême-droitiste des incidents s’étant déroulés lors des différents actes des Gilets jaunes.. Le pouvoir et l’extrême-gauche s’accordaient sur la fable des “casseurs” d’extrême-droite. Entre mondialistes, on trouve toujours à s’entendre !.
R. : Donc finalement, une fois l’objet généralisé, sans mention explicite de faits faisant l’objet d’enquêtes judiciaires, la Commission existe et peut convoquer tout un chacun à venir déposer devant elle ?
Y.B. : Oui. Avec la promesse d’une lourde condamnation en cas de refus de se présenter ou même de divulgation de ce qui s’est dit devant elle puisque l’ordonnance de 1958 qui encadre ces enquêtes parlementaires prévoit, dans certains cas, le secret des dépositions, vraisemblablement pour les cas où des fonctionnaires dont l’administration subit le contrôle du parlement seraient amenés à dévoiler des informations sensibles. Ma convocation à être « entendu en audition » (sic) semble prévoir que ce sera le cas pour ce que j’ai dit, sans employer le mot « secret » mais celui de « huis clos ». Tout dans cette affaire relève du dévoiement des textes : le but est d’arriver « à la criminalisation d’opinions » comme l’a souligné courageusement Paul Molac (député La République en Marche, mais en réalité proche de l’Union démocratique bretonne) au moment de la validation formelle de la Commission. On ne peut s’empêcher de songer aux terribles représentants en mission, premiers commissaires politiques de l’histoire, envoyés dans les départements par la Convention, dotés des pleins pouvoirs et qui ont été les instruments de la Terreur dans les Provinces. Voilà des souvenirs historiques chers au cœur du frère Mélenchon, l’évocation des Couthon, Fouché et Collot d’Herbois qui ont écrasé Lyon sous leurs canons, Carrier, l’instigateur des noyades de Nantes, Le Carpentier, bourreau de Saint-Malo rebaptisée Port-Malo. Je repense aux naïfs qui se réjouissaient de la constitution d’un front rouge-brun contre le système au début de la révolte des Gilets jaunes. Le soir du 6 février 1934, déjà, Drieu La Rochelle était sorti voir ce qu’il se passait, attiré par la clameur.. Dans un article paru peu après dans l’Illustration, il se réjouissait d’avoir entendu l’Internationale et la Marseillaise résonner ensemble et déclarait avoir souhaité que ce moment durât toujours.. Brasillach l’avait fort justement recadré quelques semaines plus tard dans la Revue universelle en parlant d’« effarant syncrétisme » : il n’y a pas plus pour nous d’alliance possible avec l’extrême-gauche qu’avec la droite libérale.
R.: Vous ne pouvez donc pas révéler aux lecteurs de RIVAROL ce qui s’est dit dans cette mystérieuse audition ?
Y.B. : Je leur ai déroulé toute notre doctrine, précisé les raisons qui m’ont fait twitter lors de son décès que le professeur Faurisson était le « héraut du monde moderne » annonçant la fin des âges troubles issus du Jugement de Nuremberg, dénoncé le judaïsme politique, rappelé qu’un des secrétaires de la Commission — malheureusement absent — Meyer Habib, avait été condamné pour terrorisme après l’attaque, il y a trente ans, à coups de barre de fer, du cortège johannique de l’Œuvre française — attaque lors de laquelle j’ai été personnellement blessé à la tête. Les sournois commissaires politiques de la Commission m’ont demandé avec le sourire de faire mon auto-critique à la mode maoïste, en retour, au cœur de leurs institutions vermoulues, j’ai fait le procès de leur république pendant une heure et demie.. L’air consterné qui s’est dessiné peu à peu sur les visages de Ressiguier et de ses camarades au fil de ma démonstration prouve que les triques du service d’ordre ne sont pas les seules gommes à effacer le sourire dont les nationalistes disposent face à leurs adversaires. Quatre-vingt-cinq ans après que les balles de l’anti-France ont frappé les braves du 6 février, j’ai fait entrer leur voix au Palais- Bourbon : À bas les voleurs ! Qui vive ? France !
Propos recueillis par Jérôme BOURBON.