Claudine Dupont-Tingaud, était jeudi sur le banc des accusés au palais de justice de Quimper face au cinéaste René Vautier.
René Vautier, le cinéaste qui se qualifie d’anticolonialiste, n’est rien de moins qu’un « collaborateur » pour nombre de partisans de l’Algérie française et Claudine Dupont-Tingaud ne s’est pas gênée pour le lui dire.
En effet, en août 2007, René Vautier était invité au Festival de cinéma de Douarnenez pour la projection de ses films “Afrique 50″ et “Avoir vingt ans dans les Aurès”, films de propagande, et pour un débat avec le réalisateur Mehdi Lallaoui et l’historien Olivier Lecour- Grandmaison . C’était sans compter sur la vigilance de Claudine Dupont-Tingaud, ancienne conseillère générale FN, ex-OAS. qui ne resta pas sans réagir et vint perturber en militante d’une cause juste cette rencontre entre parfaits gauchistes. Elle publia ensuite un communiqué bien senti, accusant René Vautier de « Kollaboration anti-française ». Olivier Lecour-Grandmaison était qualifié, lui, de « négationniste ». Quant à Mehdi Lallaoui, réalisateur de nombreux films très orientés consacrés au passé colonial, il était présenté comme l’incarnation d’une « tyrannie de la repentance » visant à « instiller en nous la haine de notre histoire commune ». Des propos qui n’ont pas plu à René Vautier, Mehdi Lallaoui et Olivier Lecour-Grandmaison et qui ont donc porté l’affaire devant la justice.
Devant la salle d’audience, Claudine Dupont-Tingaud persiste et signe et ajoute qu’elle se revendique ouvertement de la défense de la « blanchitude ». « Les races existent. La nôtre est menacée. Il faut la défendre. Je défends donc la “blanchitude” comme Aimé Césaire défendait la négritude », déclare-t-elle. Avant de réitérer ses accusations : « En mettant sa caméra, qui est une arme, au service des ennemis de la France, René Vautier s’est rendu coupable de collaboration pendant la guerre d’Algérie. » Argumentation reprise mot pour mot par son avocat, Me Pichon : « René Vautier a sans doute été résistant. Mais il a apporté son soutien au FLN. Objectivement, il a collaboré. » Cité comme témoin de la défense, Roger Holleindre, plus jeune résistant de France pendant la Seconde guerre mondiale, membre fondateur du Font National, responsable de l’OAS dans le Constantinois, explique quand à lui, l’action de l’organisation résistante en Algérie, l’OAS. « J’en ai marre de ces pleureurs. Ce que l’OAS a fait en Algérie, c’est de la rigolade à côté de ce qu’a fait le FLN, indique avec raison l’ancien parachutiste. L’Afrique ne serait pas ce qu’elle est si la France était restée. Le résultat de ces indépendances, c’est un fiasco total. Si l’Algérie était restée française, c’est dans l’autre sens que se ferait l’immigration. Au lieu de cela, on les a fait passer directement du bourricot au jet aérien. Vous n’entendez jamais ce genre de discours car les hommes comme moi sont interdits de télévision. Si j’étais pédé et anti-France, ce serait différent ! »
Venue soutenir René Vautier, Simone de Bollardière, annone en marge de l’audience que ces nostalgiques de l’OAS appartiennent au camp de ceux qui voulurent renverser la République.
Quand les débats s’ouvrent enfin et que Claudine Dupont-Tingaud est appelée à la barre, elle déclare « Je ne retire rien de mes propos. Nous n’avons pas l’intention de faire acte de repentance et de battre notre coulpe », répète-t-elle, en invoquant la « liberté d’expression ». Après elle, Roger Holleindre se lance dans un long et passionnant plaidoyer sur les bienfaits de la colonisation, accusant René Vautier de « trahison ».
L’avocat de la partie civile, Me Bellouti, considère que le délit de diffamation est constitué. et réclame pour chacun de ses clients 5.000 euros de dommages et intérêts « pour l’atteinte portée à leur honneur et à leur considération » (sic), ainsi qu’une publication dans trois quotidiens ou hebdomadaires, aux frais de Claudine Dupont-Tingaud.