En ce moment, notre gouvernement s’attelle à légiférer et à impulser un projet de réforme des régimes des retraites qui sera mis en place progressivement à partir de 2025, même si certaines mesures pourraient être appliqués d’ici 2020 afin de retarder l’âge de départ à la retraite.
La légitimité de nos acquis sociaux se voit donc de plus en plus remise en question, sacrifiés sur l’autel de l’austérité et de la rentabilité.
En cette période, il paraît opportun de rappeler la paternité du système de retraite par répartition que nous connaissons aujourd’hui. Comme de nombreuses avancées sociales qu’on attribue faussement au Front Populaire et à l’action syndicale (voir : La France sous vichy genèse d’un socialisme enraciné), notre système de retraite actuel trouve son origine dans la conception planiste du gouvernement de l’État français du maréchal Philippe Pétain.
En effet, le décret du 14 mars 1941 du régime de Vichy va créer non seulement l’AVTS (Allocation pour les Vieux Travailleurs salariés), une réforme qui viendra préfigurer la mise en place du minimum vieillesse d’aujourd’hui, mais également un système de retraite par répartition, remplaçant le système de retraite par capitalisation, pour les assurés du commerce et de l’industrie et les professions agricoles dans le cadre de la « Révolution nationale ».
A partir de 1941 en France « les cotisations ne donneront plus lieu à un placement, mais seront utilisées au fur et à mesure de leurs rentrées dans les caisses pour le service des pensions ». Auparavant, le régime par capitalisation était en vigueur depuis 1930 mais malgré les 7 millions de salariés qui capitalisaient, le régime n’arrivait pas à verser des pensions décentes…
La réforme est mise en place par René Belin, ancien dirigeant de la CGT devenu ministre du Travail du régime de Vichy et de ses collaborateurs P. Laroque et A. Parodi. Ces derniers, devenus « résistants », inspireront le projet de régime de retraite par répartition entériné le 26 avril 1946 par la première assemblée législative élue après la prétendue « libération ».
Les gaullistes et les communistes s’attribuaient honteusement ainsi une des nombreuses avancées sociales majeures de la Révolution Nationale ! Une fois de plus, la théorie des conquêtes arrachées les armes à la main s’effondre : le Conseil National de la Résistance a sagement géré un édifice bâti par Vichy et s’est bien gardé d’en modifier l’équilibre général.
Le système de retraite par capitalisation repose sur le dogme de la responsabilité individuelle : chacun doit cotiser pour lui même. Cette forme de retraite est donc individuelle à l’inverse de la retraite par répartition qui assure une solidarité inter-générationnelle.
En somme, cette réforme des retraites démontre le déploiement continu du capitalisme prévaricateur et phagocytaire dans sa forme la plus abjecte. Cette vision du monde accorde toujours le primat aux enjeux productivistes plutôt qu’à la préservation du modèle social français, convoité dans le monde entier, en faisant diminuer la valeur symbolique du travail des aînés par la baisse des retraites, et en les exhortant à travailler de plus en plus vieux.
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