Toulouse : Abdelfattah.R, directeur d’une école musulmane renvoyé devant la justice
Abdelfattah Rahhaoui est accusé de fournir un enseignement non conforme par l’Inspection académique, ainsi que de violences sur mineur. Il avait créé l’école al-Badr en 2013 dans un quartier populaire de la ville.
Le créateur et directeur de l’école al-Badr, un établissement musulman hors contrat d’un quartier populaire toulousain, a été renvoyé mardi devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour s’expliquer sur le contenu de son enseignement, jugé non conforme par l’Inspection d’académie, ainsi que pour violences sur mineur.
Plus tôt dans la journée, Abdelfattah Rahhaoui avait été placé en garde à vue dans les locaux du service régional de police judiciaire (SRPJ), et a été présenté en fin de journée à un procureur qui lui a remis une convocation par procès-verbal pour le 17 novembre prochain au tribunal de Toulouse. Sans être mis en examen, cet imam et conférencier devra s’expliquer pour «violences volontaires sur mineur», «ouverture d’un établissement scolaire sans autorisation» et «poursuite d’une activité scolaire malgré une mise en demeure de l’Éducation nationale», a rapporté le procureur Pierre-Yves Couilleau.
En juillet, l’Inspection académique a «notifié aux familles que l’établissement ne délivrait pas un enseignement conforme aux exigences», avait précisé début septembre Jacques Caillaut, l’inspecteur d’académie de Haute-Garonne. Les parents avaient été «enjoints d’inscrire» leurs enfants dans un autre établissement «dans les plus brefs délais». «Les exigences ne sont pas respectées. L’école n’est pas conforme», avait encore indiqué Jacques Caillaut, évoquant plusieurs contrôles effectués en 2013, 2014 et 2015 sur les programmes et la sécurité.
«Le litige dure depuis plusieurs années», a confirmé Abdelfattah Rahhaoui. «Ils nous reprochent qu’il y ait beaucoup d’arabe et de Coran et qu’on entraîne les enfants au tir», a estimé le directeur de cette école créée en 2013 dans le quartier Bellefontaine. Il conteste toutes ces allégations. «On dit qu’on est en train d’entraîner les enfants au djihad» car «les élèves vont au Laser game (jeu au laser) comme ils vont en sorties scolaires à la piscine, à Walibi ou à la Cité de l’espace», a-t-il déploré. Et d’ajouter: «Quand c’est une école publique, il n’y a pas de problème, mais quand c’est une école confessionnelle musulmane, on vous dit qu’on leur apprend à viser».
Selon son avocat, l’école élémentaire d’une centaine d’enfants, dont certaines fillettes et enseignantes portent le voile, dispense sept heures d’enseignement coranique et arabe par semaine, ce que la loi autorise pour les écoles confessionnelles privées. Abdelfattah Rahhaoui, auditionné la semaine dernière par la police judiciaire, invoque son statut de «musulman qui milite dans la sphère publique: je critique l’administration, je dérange». «Les musulmans en France sont écrasés comme des cafards. Ce que je suis en train de faire, c’est de leur apporter une éducation solide», a plaidé l’imam qui souhaitait ouvrir également un collège.
S’agissant du chef de «violences volontaires sur mineur» pour lequel le directeur est également poursuivi, il a expliqué qu’une enseignante licenciée et deux familles d’élèves exclus de l’école prétendaient qu’il avait «tapé une fille», des accusations qu’il juge sans fondement. «Il y a une situation d’acharnement administratif et juridique», a poursuivi un de ses avocats. Abdelfattah Rahhaoui «n’est pas fiché S et ne fait l’objet d’aucune mesure vis-à-vis de l’état d’urgence, donc il n’y a aucune raison de s’inquiéter».
Il encourt une peine de prison avec sursis et la fermeture de l’établissement, que seule la justice peut prononcer.