Au terme du premier tour de l’élection présidentielle grecque anticipée, la Grèce demeure sans président, la junte au pouvoir ayant été incapable de rassembler les voix des 200 députés nécessaires1. Plus inquiétant pour le régime, le candidat de la coalition des libéraux-conservateurs et des libéraux-socialistes n’a même pas atteint les 165 députés. La junte – qui ne dispose que de 155 voix « sûres » – avait certifié à la troïka (BCE/FMI/UE) pouvoir réunir au premier tour 165 députés.
Pour être élu, le très consensuel et transparent Stavros Dimas doit encore rassembler au second tour 200 députés. En cas de nouvel échec – plus que probable – un troisième tour sera organisé. Il faudrait alors que l’ancien commissaire européiste, pour devenir le président fantoche de la junte, regroupe sur son nom au moins 180 députés, ce qui est très loin d’être acquis actuellement.
Si au soir du 29 décembre la Grèce se retrouvait sans président, de nouvelles élections législatives seraient organisées, au milieu de la pire crise politique connue par le pays depuis plusieurs décennies. Lors de ces élections législatives générales anticipées, il y aurait un fort risque de voir l’élection du groupe d’extrême gauche Coalition de la gauche radicale (SYRIZA, Synaspismós Rhizospastikís Aristerás).
Depuis quelque temps, le chef de SYRIZA a policé son discours, pour rassurer les marchés notamment. Il aurait finalement rallié l’essentiel des dogmes du système.
Le 10 décembre dernier, le Financial Time notait :
« La panique récente des marchés est en contradiction avec le fait que Tsipras [son chef] a modéré sa rhétorique depuis que SYRIZA est arrivée en tête des élections européennes de mai dernier […]. Il exprime une dévotion pour l’euro et parallèlement son équipe économique organise régulièrement des conférences internationales dans un effort de rassurer les capitaux qu’un gouvernement de gauche serait capable de gérer le problème de la dette et ne s’opposerait pas à l’investissement étranger. […] Les responsables de Syriza ont des contacts réguliers avec plusieurs des principaux oligarques grecs »2.
Cela n’a pas empêché Antonio Samaras de jouer sur la peur d’un retrait de l’euro de la Grèce en cas de victoire de l’extrême gauche, comme si l’euro avait été en mesure depuis dix ans d’empêcher une seule crise économique alors que, au contraire, la monnaie unique a fortement accentué les effets néfastes des politiques antiéconomiques et antisociales de Bruxelles comme des gouvernements nationaux.
Les récents propos d’Alexis Tsipras montrent que SYRIZA est totalement intégré au système grec, dont l’antifascisme est un fondement tout autant que le libéralisme économique et l’européisme. Seule l’Aube dorée (XA, Χρυσή Αυγή) continue à lutter réellement contre le système, subissant d’ailleurs les attaques conjointes de l’extrême gauche comme des libéraux-conservateurs et des sociaux-démocrates en Grèce, et des financiers comme des groupes extrémistes internationaux à l’étranger.
Ce ne serait que justice si le peuple grec devait subir les conséquences d’une victoire de l’extrême gauche dont il serait responsable – avec une politique inchangée concernant l’économie ultralibérale et la casse des services publics, mais avec de surcroît une accentuation des politiques antisociales (hausse de l’immigration, préférence étrangère, droits pour les asociaux, dépénalisation des drogues, etc.) –, seule force révolutionnaire, les nationalistes seraient les seules véritables victimes d’un tel scénario. Tout annonce que les extrémistes de SYRIZA reprendraient à leur compte les accusations délirantes de la junte, et maintiendrait en prison les cadres de l’Aube dorée, tout en accentuant et généralisant la répression contre les nationalistes encore présents dans les services publics, dans les universités, et simplement contre les militants patriotes en général.
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1Voir Erwin Vétois, « La junte grecque tente de se maintenir au pouvoir par des élections présidentielles anticipées », Jeune nation, 12 décembre 2014.
2Kerin Hope, « Greece’s radical left Syriza seeks to soften its sharp edges », Financial Time, 10 décembre 2014.