Mahmoud Abbas démissionne de la direction l’OLP pour provoquer des élections internes
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a démissionné du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP, Munadhamat al-Tahrir al-Filastiniyah) (CÉ-OLP) avec la majorité des membres de cet organisme samedi. Le geste du président palestinien vise à provoquer l’organisation d’élections et à convoquer la réunion du Conseil national palestinien, le parlement de l’OLP, qui ne s’est pas réuni depuis vingt ans. Des élections seront donc organisées au sein de l’OLP les prochaines semaines.
Le comité exécutif de l’organisation, que Mahmoud Abbas présidait, est l’entité qui avait participé aux négociations avec l’État criminel d’Israël au début des années 1990, et qui avaient abouti aux accords – jamais respectés – d’Oslo. Mais l’échec des négociations malgré de nombreuses concessions a conduit Mahmoud Abbas au constat amer que beaucoup connaissaient : aucune paix n’est possible avec Israël. Non seulement Mahmoud Abbas n’a pas obtenu la paix, mais il n’a pas même obtenu de véritable reconnaissance pour l’ersatz d’État palestinien qu’il dirige. Pire encore : la colonisation juive n’a jamais été aussi violente en Palestine. Après dix ans de pouvoir, âgé, c’est donc sur un constat d’échec quasi absolu qu’il doit se préparer à se retirer.
Plusieurs cadres de l’OLP ont été limogés et remplacés ces derniers mois ; le secrétaire général du comité exécutif du parti Yasser Abed Rabbo a été suspendu il y a quelques semaines par Mahmoud Abbas. Mohammad Dahlan, secrétaire général du comité central du parti Conquête (Fatah), composante de l’OLP, a également été limogé – accusé notamment de corruption.
Saeb Erekart a été nommé en juillet secrétaire général du comité exécutif de l’OLP ; c’est lui qui dirigera le CÉ-OLP avant l’élection d’un nouveau bureau. Cette nomination pourrait signifier que Mahmoud Abbas l’a choisi pour lui succéder, mais officiellement, il n’existe pas de successeur, ni pour le remplacer à l’OLP, ni à la tête de l’Autorité palestinienne. Or, au-delà de l’OLP, c’est bien l’avenir de l’Autorité palestinienne qui se décide, dans un contexte difficile pour les représentants palestiniens reconnus par la communauté internationale.
Derrière l’OLP, le futur incertain de l’Autorité palestinienne
Les provocations, agressions, crimes, parfois de masse, commis par Israël en Palestine et dans la région sont quotidiens. Ces derniers jours, les soldats de l’entité sioniste ont attaqué des Palestiniens chrétiens qui manifestaient contre la construction d’un « mur » au milieu et sur leur terre. Des Bédouins ont été expulsés de leur terre, alors qu’une école a été rasée à Samra. En Syrie, les tueurs de Tsahal ont procédé à plusieurs attaques depuis jeudi.
L’impuissance de l’Autorité palestinienne devant l’arrogance juive a conduit la plupart des groupes palestiniens, qui jusqu’ici avaient laissé sa chance à Mahmoud Abbas, à lui contester de plus en plus violemment le pouvoir. Depuis 2007, deux ans après l’élection de Mahmoud Abbas à la tête de l’OLP, la Palestine possède de fait deux gouvernements, celui, reconnu par la plupart des pays, de l’OLP en Cisjordanie, tandis que le Mouvement de résistance islamique (Ḥarakat al-Muqāwamah al-ʾIslāmiyyah, ou Hamas [ferveur]) contrôle la bande de Gaza, où sont regroupés plus d’un tiers des Palestiniens. Depuis 2009, Abdel Aziz Doweik y fait figure de président légitime de la Palestine.
La succession à la tête de l’Autorité palestinienne s’annonce donc délicate. Élu pour quatre ans en mai 2005, Mamhoud Abbas est en poste depuis maintenant plus de dix ans. En outre, il est âgé de 80 ans et les Palestiniens n’ont pas oublié la fin dramatique de Yasser Arafat, certes vraisemblablement mort empoisonné par Israël, mais très diminué, à l’âge de 75 ans. Les violences interpalestiniennes planent sur la future succession ; toute vacance prématurée du pouvoir, déjà partiellement contesté, pourrait conduire à alimenter des tensions déjà fortes. Depuis plusieurs mois, aux acteurs politiques habituels palestiniens, le Hamas, l’OLP et le Fatah, se sont ajoutés des groupes islamistes, liés à La Base (el-Qaïda) ou proche de l’État islamique (ÉI), comme l’Armée de l’islam (Jaïch el-Islam), les Brigades Abdullah Azzam (Kataaeb el-Shahid Abdullah Azzam), la Ligue des Partisans (Osbat el-Ansar), les Combattants du Levant (Jound el-Cham) actifs en Palestine et/ou au Liban et dans d’autres pays de la région. Ils ont commis plusieurs attentats dans la bande de Gaza contre le Hamas, dans un contexte régional très troublé en Syrie et au Liban au nord, en Égypte au sud-ouest et alors qu’au-delà la guerre ravage l’Irak et le Yémen et couve ailleurs.