Après l’interdiction du Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan (HNIT, Hizbi Nahzati Islomii Tojikiston) en août, qui a conduit à de très violents incidents au début du mois puis à la mi-septembre (« 22 morts au Tadjikistan après deux jours d’affrontements » et « Les autorités tadjikes annoncent la mort du vice-ministre de la Défense entré en rébellion ») – plusieurs dizaines de personnes ayant perdu la vie dans une tentative d’insurrection puis dans la répression –, les autorités ont annoncé le placement de ce parti d’opposition sur la liste des organisations terroristes.
Réalisant durant les années 2000 environ 8 % des voix aux élections législatives, le parti n’avait obtenu que 1,6 % en 2015. Il avait dénoncé l’action du Parti démocratique du peuple du Tadjikistan au pouvoir ; selon les islamistes, le pouvoir avait empêché ses candidats de se présenter et de faire campagne. Le HNIT avait accusé en 2013 le pouvoir d’avoir empêché son candidat d’obtenir le nombre nécessaire de signatures pour se présenter.
Outre les actions armées contre le vice-ministre de la Défense Abduhalim Nazarzoda, qui avait conduit à la mort de ce dernier parmi d’autres activistes, le gouvernement a fait arrêter ces derniers jours les trois vice-présidents du parti et divers cadres nationaux et régionaux du parti. Seul son président, Moukhiddine Kabir, a réussi à échapper aux autorités. Il a été accueilli par la Turquie.
Le Tadjikistan a connu une résurgence de l’islamisme à la chute de l’occupation russe, qui avait tenté d’éradiquer la pratique religieuse dans le pays. Après la guerre civile et l’accord de paix, plusieurs groupes islamistes sont apparus comme Tadjikistan libre (Tochikistoni Ozod) et le Parti de la libération (Hizb ut-Tahrir), un mouvement islamique international, surtout présent en Asie centrale, qui appelle à la création d’un califat mondial. Si officiellement ce groupe n’appelle pas à la lutte armée, plusieurs de ces membres ont été arrêtés et condamnés ces dernières années au Tadjikistan.
Le pays a également été le théâtre d’opérations menées par des groupes étrangers tels que le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (Oʻzbekiston Islomiy harakati), affilié à La Base (el-Qaïda) puis à l’État islamique (ÉI), formé à la fin de la guerre civile tadjike à laquelle son fondateur prit part, en 2006, et le Mouvement islamique du Turkestan (Ḥizb al-Islāmī al-Turkistānī). Les islamistes ont bénéficié, jusqu’en 2001, de la présence du régime islamiste des talibans en Afghanistan et, depuis de l’existence d’organisations ou d’islamistes dans différents pays frontaliers, l’Afghanistan toujours et le Pakistan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan et la Chine.