Le président islamiste de Turquie Recep Tayyip Erdoğan a annoncé fièrement l’ouverture des négociations concernant le chapitre 17 pour l’adhésion de son pays à l’Union européenne (UE).
« Nous ouvrirons, si Dieu le veut, ce chapitre le 14 ou le 15 décembre à Bruxelles. Nous ne nous contenterons pas de cela et nous allons travailler ensemble à l’ouverture de cinq ou six chapitres supplémentaires en 2016 »,
a précisé le ministre turc des Affaires européennes Volkan Bozkir.
Outre l’occupation de Chypre est d’une partie du sol européen dans le Bosphore, le régime islamiste d’Ankara s’est illustré ces dernières années par son soutien aux groupes terroristes comme le Front pour la victoire du peuple du Levant (Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām dit Front el-Nosra), affilié à La Base (el-Qaïda), et l’État islamique (ÉI, ed-dawla el-Islāmiyya) en Syrie, dans le but de déstabiliser le régime de Bachar el-Assad et surtout d’empêcher l’accroissement du pouvoir et de l’autonomie des Kurdes, dont plusieurs centaines ont été tués depuis juillet en Turquie, mais aussi lors d’agressions illégales en Irak et en Syrie.
L’alliance avec l’Union européenne est devenue importante pour le régime islamiste turque qui avait noué d’importants contacts politiques et économiques avec la Russie ces dernières années, liens qui se sont brutalement arrêtés avec le crash du bombardier russe. Avec les réfugiés, la Turquie possède une arme de chantage importante, les dirigeants européens faisant, dans ce dossier comme dans les autres, preuve d’une extrême faiblesse. Les islamistes du Parti pour la justice et le développement (AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi) disposent d’une autre arme : la présence sur le sol européen d’une cinquième colonne turque extrêmement violente et organisée1.
« Ce qu’on nous a dit en dernier lieu, c’est qu’on va nous donner 3 milliards d’euros sur un an [pour les envahisseurs] […] vers fin 2016, on parle d’une libération des visas pour les citoyens turcs. Mais pour nous, le fond du problème, c’est qu’on puisse partager le fardeau de cette question des réfugiés. Plus nous pourrons partager ce fardeau, plus facilement nous pourrons contrôler le flux de réfugiés »,
s’est réjoui l’islamiste turc, alors que la Russie, qui l’avait accordé il y a plusieurs années et l’avait maintenu malgré les crimes et le soutien aux terroristes de la Turquie, a justement annoncé la fin de la politique des visas avec la Turquie.
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1Il y avait officiellement en 2009 plus de 3 millions de Turcs à travers l’Europe selon les chiffres du gouvernement. Ce chiffre ne compte pas les populations turcophones au sens large, ceux ayant acquis la nationalité du pays qu’ils occupent, etc. Les Turcs sont en réalité bien plus nombreux : des sources turques évoquent 4 millions pour la seule Allemagne ; en 2006, le quotidien allemand Deutsche Welle évoquait 2,7 millions pour la seule Allemagne et probablement plus de 6 millions pour l’Europe.