Le Dimanche de pâques soixante-douze chrétiens — dont une trentaine d’enfants, les autres victimes étant essentiellement des mères de famille les accompagnants et les surveillant — ont été délibérément massacrés dans une aire de jeux à Lahore au Pakistan par un kamikaze taliban appartenant au groupe islamiste Jamaat-ul-Ahrar tandis que 340 autres étaient blessés. La volonté de tuer des chrétiens le jour de Pâques qui est la plus grande fête chrétienne de l’année liturgique, la solennité des solennités, ainsi que le lieu choisi, un parc pour enfants, ne laissent pas le moindre doute sur l’intention des assassins : « Nous avons perpétré l’attentat de Lahore car les chrétiens sont notre cible. » Mais qu’on ne compte pas sur les pouvoirs publics pour mettre en garde contre ce racisme anti-chrétien, pourtant revendiqué et allant jusqu’à tuer des enfants parce que baptisés. Dans la campagne contre le racisme orchestré par le gouvernement français et payée par les contribuables le racisme anti-chrétien, non plus que le racisme anti-français et anti-blanc, n’est nullement stigmatisé. Et l’horrible massacre de Lagore n’a fait l’objet d’aucune réaction vigoureuse. Le maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo, a refusé de mettre momentanément la tour Eiffel aux couleurs du Pakistan alors qu’elle l’avait fait pour les attentats de Bruxelles, en expliquant qu’il y a régulièrement des attentats dans le monde et que « l’illumination de la tour Eiffel est un geste exceptionnel ». Tellement exceptionnel qu’elle avait été illuminé pour la COP-21, qu’elle l’est à différentes occasions festives, pour des événements sportifs. Mais comme les victimes sont chrétiennes, cela n’a aucune espèce d’importance.
Au reste, le caractère anti-chrétien de ce massacre est totalement occulté. Qu’aurait-on dit en revanche si des enfants juifs avaient été victimes d’une telle sauvagerie ? Les manifestations de rue se seraient multipliées, ainsi que les émissions spéciales à la radio et à la télévision et c’est à peine si l’on n’aurait pas déclaré la guerre au Pakistan en envoyant des troupes ! BHL serait intervenu sur tous les plateaux télé en tenant des discours bellicistes et vengeurs. Las, il ne s’agit là que d’enfants baptisés. L’essayiste Maxime Tandonnet pour le Figaro-Vox souligne à juste titre la froideur et le déni de la classe politique et médiatique à la suite de ce sanglant attentat. Ce massacre, rappelle-t-il, « se rattache, sans aucun doute possible, à la logique de persécution et de destruction des minorités chrétiennes dans plusieurs pays à majorité musulmane, par des groupes islamistes radicaux (talibans, daesh, boko haram, al qaïda). Or, ajoute-t-il, nous assistons, dans les plus hautes sphères planétaires, à un véritable déni du caractère anti-chrétien de ces massacres. Les communiqués officiels en portent témoignage. Ainsi, celui de l’Elysée, d’une étonnante froideur, exprime « la solidarité de la France en ces moments douloureux aux autorités et au peuple pakistanais ». David Cameron s’est dit “choqué” par les attaques terribles de Lahore. La Maison-Blanche dénonce des « actes terroristes effroyables ». Le secrétaire général des Nations-unies parle « d’actes terroristes épouvantables ». Nulle part, dans les déclarations officielles, n’apparaît la simple vérité : le massacre de chrétiens, un jour de Pâques, par des islamistes radicaux.
Suite de l’éditorial de Jérôme Bourbon dans le Rivarol n° 3229 du 31 mars 2016