Le 19 février, les dirigeants des pays européens se réunissaient pour discuter des risques du Brexit. Le Brexit est arrivé sur la scène médiatico-politique avec la crise grecque de l’été 2015. C’est donc avant tout un cri de la City, qui vient de comprendre qu’elle a besoin de l’état britannique pour se développer et prospérer. L’âme doit alors trouver les moyens de protéger le corps.
Déjà en novembre 2015, D. Cameron envoie une lettre à D. Tusk expliquant à quel prix, pour l’UE, la Grande Bretagne est prête à envisager de ne pas quitter l’hyper structure bureaucratique qu’est devenu l’idéal européen. Ses déclarations devant les citoyens britanniques alors sont limpides:
« Que les choses soient claires :la Grande-Bretagne n’est pas intéressée par une Union toujours plus étroite et je vais régler la question. »
Depuis, le rapport de force s’est mis en route, le danger étant de faire exploser cette étrange structure, qui se veut supranationale. D’autres états seraient intéressés par un statut spécial, surtout depuis l’arrivée massive d’immigrés et les crise socio-économiques qui touchent la zone euro. Mais est-ce que d’autres pays auront un statut spécial ? Les règles devant être les mêmes pour tous, sauf pour la Grande Bretagne. Qui n’est pas comme les autres : elle est juste un état.
C’est une victoire sans partage de D. Cameron. Il a protégé les éléments de la souveraineté nationale en rejetant le développement de la construction européenne, en mettant fin aux mécanismes intégratifs, tout en protégeant la City et en renforçant le libre-échange, en déclarant :« Je n’aime pas Bruxelles, mais j’aime la Grande Bretagne » . La conclusion lancée au visage comme une gifle souverainiste par D. Cameron négociant voir même imposant le statut spécial de l’Angleterre a sonné le glas du projet européen.
En fin de compte, que s’est-il passé?
La Grande Bretagne n’a jamais caché que l’UE l’intéresse dans son volet économique, permettant de lever les entraves nationales à la circulation des biens, des capitaux et des personnes, surtout lorsque ces personnes sont des hommes d’affaires. Le volet politique n’intéresse pas du tout le pays qui se voit comme une nation souveraine et entend le rester, quant au volet social il n’entre simplement pas dans sa conception de la gouvernance. Au Conseil européen, D. Cameron a obtenu que sa vision politique soit consacrée. Mais qu’elle ne le soit que pour la Grande Bretagne. Et c’est ici que le bas blesse.
Que la Grande Bretagne se batte pour défendre ses intérêts, c’est normal. Que les autres pays européens ne le fasse pas est problématique. Au nom d’une construction « européenne », qui ne porte d’européen plus que le nom. La Grande Bretagne a obtenu le droit de rester un état, au prix des autres états qui se sont écrasés pour sauver une structure qui ne correspond plus au projet pour lequel elle avait été créée. L’UE a bradé l’intérêt des états européens continentaux pour sauver son existence. Et l’on retrouve cette scission historique entre pays européens continentaux et anglo-saxons à nouveau se dresser devant nous.
L’UE se replie sur l’Europe continentale qu’elle continue à affaiblir, à déstructurer, à « désétatiser ». Ce territoire qui va devoir se débrouiller avec les crises économiques, sociales, les immigrés. Et la Grande Bretagne, protégeant la City de son corps, va pouvoir regarder à distance, aider l’UE à se développer, à créer ce Super-état européen, monstre désarticulé sans colonne vertébrale, le tout en gardant un accès facilité au marché, en protégeant ses institutions étatiques, sans lesquelles aucune société ne peut prospérer.
Il ne reste qu’une voie: « l’Eurexit ». Mais avoir le droit d’être un état, aujourd’hui, ça se mérite. Et l’Europe continentale vient d’abdiquer ce droit.
François Palaffittes
C’est une bonne analyse. Je n’arrivais pas à articuler l’euroscepticisme de la City (incarné par Cameron et le bouffon juif), avec le fait (souligné par l’UPR et JN) que l’UE est objectivement une prison américaine pour les peuples européens. Voilà la raison : c’est que, comme la machine brusselloise devient infernale, la perfide Albion en sort car c’est encore le meilleur moyen d’extorquer le continent.