Pour la quatrième journée consécutive, des manifestations se sont déroulées à travers l’Italie dans le sillage du mouvement Il popolo dei forconi (le peuple des fourches).
Le mouvement de protestation regroupe de simples citoyens, des syndicalistes, de nombreux étudiants – qui mènent depuis plusieurs semaines des actions de protestations contre le désengagement de l’État dans l’éducation nationale –, des artisans, des agriculteurs qui sont à l’origine du mouvement, etc.
Les mouvements nationalistes sont présents en masse dans les manifestations, à commencer par Forza Nuova (FN). Une présence remarquée comme ci-dessus par les journalistes de La Repubblica montrant les militants de Forza nuova qui s’imposent à Milan face à quelques « démocrates » qui tentaient de les empêcher de manifester. Une présence qui provoque l’inquiétude des autorités comme des médiats, jusqu’en France, car le mouvement n’a pas, jusqu’ici, été récupéré par le Système.
« Ce sont les premières [manifestations] qui se déroulent en Italie depuis longtemps avec le ventre vide, ou, mieux, avec la peur que le ventre soit bientôt vide. […] N’oublions pas qu’en Grèce, on a vu d’insoupçonnables retraités marcher dans les rues des torches à la main. Le désespoir peut transformer n’importe qui. »
s’alarme La Stampa, journal libéral-conservateur de Turin dans une allusion à l’ascension de l’Aube dorée en Grèce et des récentes manifestations du mouvement nationaliste qui ont réuni plusieurs dizaines de milliers de Grecs.
« Les Fourches ont fédéré de nombreux contestataires : chômeurs, étudiants, syndicats et groupuscules extrémistes. Ils défilent de Gènes à Bari, de Naples à Milan, de Florence à Vintimille… en attendant de marcher sur Rome »
tremble Ariel Dumont dans MyEurope en évoquant la Marche sur Rome qui permis au mouvement fasciste de mettre fin à trois années de guerre civile larvée en Italie, à la famine, et rapidement aux activités criminelles de la mafia entre autres actions.
À la remorque de La Stampa, le journal du grand groupe capitaliste Fiat, les valets du libéralisme que sont les antifascistes s’inquiètent aussi de voir le peuple se réveiller. « Italie : le fascisme qui vient ? » se demande un certain Olivier Favier dans un texte repris sur différents sites, du très institutionnel blogue de Mediapart aux antifascistes de Bellaciao. S’il a déjà répondu à la question – et pour lui c’est bien le fascisme qui revient – il regrette curieusement de ne voir que « peu ou pas d’immigrés », dont on se demande ce qu’ils pourraient faire au milieu des travailleurs, parmi les patriotes italiens. Il dénonce les « slogans nationalistes – “Italia, Italia!” – des poings levés, mais aussi beaucoup de bras tendus, une colère qui s’exprime avant tout contre l’État et ses impôts, avec une radicalité insurectionnelle [sic] ».
Parmi les actions jeudi, plusieurs centaines de personnes ont fermé la frontière entre la France et l’Italie à plusieurs reprises, autant les routes nationales que l’autoroute à Vingtmille. Aujourd’hui les manifestations se sont poursuivies, comme ici à Vérone avec les jeunes de FN, du mouvement étudiant Lotta Studentesca.
Le désarroi du système a été alimenté par des scènes de fraternisation entre policiers et manifestants (voir la vidéo ci-dessous) et par l’accueil réservé par les manifestants aux nationalistes. Quelques incidents ont été signalés opposant les patriotes aux extrémistes de gauche, qui démontrent une fois encore qu’ils ne sont que l’ultime recours d’un régime aux abois. Le système, après l’avoir excité dans les pays arabes et à l’Est, sent désormais souffler contre lui le vent de la révolution.
Aujourd’hui encore l’Italie a connu des manifestations.