Croix gammées taguées, selfies avec saluts hitlériens ou inscriptions négationnistes dans les livres d’or : les responsables des lieux dits « de mémoire » sur les sites des anciens camps érigés en Allemagne s’alarment de réactions révisionnistes croissantes. Sans compter les mises en scène de visiteurs se photographiant tout sourire devant les fours crématoires ou encore les autocollants à la gloire de figures révisionnistes.
Cette année marque le 75e anniversaire de la libération de la plupart des camps dits « de la mort » érigés en Europe, où selon la propagande mémorielle officielle (qui n’a plus rien à voir avec la science historique) quelque 6 millions de Juifs ont été assassinés.
Visites perturbées
« Les incidents sur les lieux de mémoire ont toujours existé mais on remarque une augmentation due à une libération de la parole d’extrême droite », selon Volkhard Knigge, directeur du Mémorial du camp de concentration de Buchenwald. Depuis 2015, ils ont doublé dans ce camp situé à quelques kilomètres de Weimar en Thuringe, où périrent quelque 56 000 personnes entre sa création en 1937 et sa libération en avril 1945.
Toujours plus facile de mettre en cause le diable « extrême-droite » que l’inanité grossière de la propagande officielle qui se révèle incapable de fournir pièces, analyses et conclusions comme on pourrait l’attendre de tout discours à prétention scientifique qui voudrait appuyer les thèses exterminationistes…
Phénomène plus récent : un nombre croissant de visites guidées sont perturbées par des militants adeptes du courant du révisionnisme historique brillamment popularisé et mené pendant les cinquante dernières années par feu le professeur Robert Faurisson.
Demander des preuves ? Quelle honte provocatrice !
Un constat que partage Uwe Neumärker, directeur du Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe : « Les visiteurs nous posent des questions sur la véracité du génocide. Ce sont des choses auxquelles nous n’étions pas confrontés il y a encore quelques années ».
Cette tendance s’inscrit dans un contexte où les générations d’Allemands ayant vécu la période Seconde Guerre mondiale disparaissent peu à peu et où le sentiment de culpabilité national à l’égard des « crimes du IIIe Reich » tend à s’atténuer.
Illustration : l’essor du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ce parti anti-migrants a fait une entrée fracassante dans le paysage politique allemand depuis 2013 et plusieurs de ses membres ont remis en cause la culture allemande de repentance pour les horreurs nazies. L’un de ses dirigeants, Björn Höcke, a appelé de ses vœux un « virage à 180° » de la culture mémorielle allemande. Il a également qualifié de « monument de la honte » le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe. Un autre dirigeant, Alexander Gauland, a appelé ses concitoyens à être fiers des soldats de l’armée allemande ayant combattu durant la guerre.
Un discours d’affirmation et de fierté nationale retrouvée qui menace évidemment la domination du peuple allemand par le « petit peuple qui a beaucoup souffert » et qui explique sans doute pour une grande part l’inquiétude des tenanciers de ces lieux dits « de mémoire ».
« C’est une stratégie assumée de l’extrême droite et de l’AfD : toujours vouloir dépasser les limites afin de normaliser leur pensée », abonde Bianca Klose, représentante de l’association berlinoise Conseil ambulant contre l’extrême droite (MBR). « A côté des éclats sporadiques, il y a cette pression permanente ».
Depuis leur élection dans quasiment tous les parlements régionaux, plusieurs députés AfD tentent d’influencer la programmation historico-culturelle des lieux de mémoire. « Ils questionnent les choix pédagogiques et cherchent à gommer certains aspects historiques. Pire encore, ils intimident les collaborateurs en exigeant de connaître leur vie privée et orientation politique ».
La répression plutôt que la vérité
En Allemagne, 15 anciens camps de concentration sont utilisés comme sites commémoratifs. En 2018, les plus connus – Dachau, Neuengamme, Sachsenhausen, Bergen-Belsen, Flossenbürg, Ravensbrück et Buchenwald – ont accueilli plus de 2,8 millions de visiteurs.
Pour faire face au raidissement constaté, les mémoriaux ont dû s’adapter. A Berlin, M. Neumärker laisse désormais le libre-choix à ses guides d’encadrer ou non des groupes AfD. Ils ont d’ailleurs suivi une formation spéciale pour savoir comment faire face à des provocations délibérées. Il a également, à l’instar de son collègue de Buchenwald, interdit l’accès à certains membres AfD. Au camp de Neuengamme, les guides sont d’office doublés quand des délégations AfD viennent visiter le mémorial. A Buchenwald, seulement quand des « provocateurs » sont identifiés parmi les groupes.
Certains mémoriaux ont encore introduit une « clause extrémiste », interdisant l’accès à des personnes dont les vêtements font référence au IIIe Reich.
Financer des caméras de vidéosurveillance ou des agents de sécurité absorbe des fonds conséquents « qui seraient plus utiles dans la pédagogie », notamment « en direction des plus jeunes », soupire M. Knigge.
Comme d’habitude autour de la question révisionniste, la vérité n’étant définitivement pas une option pour les tristes tenants de la thèse exterminationniste, ils font le choix de la répression. Qui est évidemment l’arme des faibles qui ne peuvent convaincre et démontrer…
Courage et confiance. La vérité triomphe toujours.