Royaume-Uni : forte influence du judaïsme politique sur le gouvernement de Sa Majesté
(((Shai Masot))), diplomate israélien parle des Ministre et députés «à éliminer»
Ministre et députés «à éliminer»… L’échange, filmé par un journaliste, entre une attachée parlementaire britannique et un membre de l’ambassade israélienne, s’est révélé fort instructif…
Un restaurant chic au cœur de Londres, un dîner décontracté, où l’on échange des vues, où l’on tente d’influencer l’autre, des histoires de réseaux, un classique de la politique.
Ce n’est plus de la fiction et cela devient gênant lorsque l’un des convives se trouve être un journaliste, qui enregistre et filme toute la conversation. Et qu’un autre est un diplomate qui suggère d’«éliminer» des députés, y compris un ministre dont il n’apprécie pas les opinions.
L’ambassadeur d’Israël à Londres, (((Mark Regev))), s’est personnellement excusé samedi auprès du Foreign Office après les remarques «inexcusables» d’un de ses diplomates, (((Shai Masot))).
Au cours de la conversation, enregistrée en octobre et publiée dimanche par l’hebdomadaire populaire Mail on Sunday, (((Shai Masot))) demande à son interlocutrice, Maria Strizzolo, attachée parlementaire auprès du secrétaire d’Etat à l’Education, Robert Halfon, si elle connaîtrait un moyen d’«éliminer» le ministre adjoint aux Affaires étrangères, Alan Duncan, qui «pose pas mal de problèmes». Ce dernier a à plusieurs reprises violemment critiqué la politique d’Israël envers les Palestiniens.
(((Shai Masot))), toujours aussi détendu, poursuit la conversation en livrant sa franche opinion sur le patron d’Alan Duncan, le secrétaire au Foreign Office, Boris Johnson. «Boris s’en fiche [de la politique d’Israël, ndlr]. C’est un idiot, mais il est devenu secrétaire au Foreign Office sans aucune responsabilité», ajoute-t-il.
Royaume-Uni : le Parti conservateur sous forte influence du judaïsme politique
Un haut responsable politique de l’ambassade d’Israël à Londres, Shai Masot, a été filmé secrètement alors qu’il évoquait la façon dont il aimerait « faire partir » le ministre adjoint aux Affaires étrangères britannique, Alan Duncan, vivement opposé à la construction illégale de colonies israéliennes en Cisjordanie.
Il a déclaré que Duncan, l’un des seuls ministres conservateurs à s’opposer aux colonies, causait « beaucoup de problèmes », qualifiant également Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères, « d’idiot ».
Lors d’une autre conversation avec le membre de l’ambassade, Crispin Blunt, le président du comité des Affaires étrangères de la Chambre des Communes, a été décrit comme étant sur la « liste de cibles » pour ses opinions « fortement pro-arabes plutôt que pro-Israël ».
Ces révélations ont provoqué une réaction politique immédiate, et notamment de la part de Desmond Swayne, l’ancien ministre et conseiller parlementaire de David Cameron, qui a appelé à ce que l’incident fasse l’objet d’une « enquête approfondie » : « Nous ne pouvons pas laisser Israël agir au Royaume-Uni avec la même impunité dont il jouit en Palestine », a-t-il déclaré. « Il s’agit clairement de l’ingérence la plus obscure et déshonorante dans la politique d’un autre pays. »
L’enregistrement clandestin, qui révèle la manière dont l’influence israélienne s’étend aux plus hauts niveaux du Parti conservateur, comprend également une conversation dans laquelle l’assistante d’un autre ministre conservateur liée à l’ambassade décrit comment elle s’est servie de sa position pour faire poser des questions parlementaires en faveur d’Israël.
La conversation a été filmée par l’unité d’investigation d’Al Jazeera dans un restaurant de Londres l’an dernier et fait apparaître Shai Masot, l’agent politique, et Maria Strizzolo, ancienne assistante parlementaire de Robert Halfon, ministre d’État rattaché au Département de l’Éducation et ancien vice-président du Parti conservateur. Strizzolo mentionne également avoir rencontré les patrons de Masot à plusieurs reprises en Israël.
Suite à ces révélations, Crispin Blunt a déclaré que « les Israéliens doivent expliquer ce qu’il se passe ». « Certes cette intrusion visible d’un représentant d’un État étranger dans la politique du Royaume-Uni est scandaleuse sur la forme et mérite une enquête mais la vraie question concerne l’État d’Israël lui-même », a-t-il déclaré.
Duncan est devenu une cible pour Israël en 2014 quand il s’en est violemment pris aux colonies israéliennes en Cisjordanie qui, selon lui, constituent un mauvais cocktail d’occupation et d’illégalité, un système proche de l’apartheid qui déshonore le gouvernement israélien. Ce discours a constitué l’une des plus cinglantes attaques contre le gouvernement de Benyamin Netanyahou de la part d’un politicien britannique de premier plan. Duncan avait déclaré : « Les colonies sont des colonies illégales construites dans le pays de quelqu’un d’autre. Elles constituent un vol et, qui plus est, quelque chose à la fois initié et soutenu par l’État d’Israël. »
L’échange au sujet de Duncan figure parmi des heures de conversations enregistrées sur une période de plusieurs mois qui révèlent comment Masot a cherché à manipuler le débat politique sur Israël et la Palestine au sein des partis conservateur et de l’opposition travailliste.
Le journaliste d’Al Jazeera a gagné la confiance de Masot et infiltré son cercle si efficacement qu’il s’est même vu offrir un travail par l’ambassade pour aider à combattre la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) en Grande-Bretagne.
La stratégie, qui est décrite dans les enregistrements par un membre de haut rang de l’AIPAC (l’influente organisation de lobbying pro-Israël aux États-Unis), est de détacher la Grande-Bretagne du sentiment pro-palestinien existant en Europe et de la rapprocher des États-Unis.
Les enregistrements de l’ambassade révèlent à quel point Israël a pénétré le Parti conservateur par l’intermédiaire d’une organisation appelée Conservative Friends of Israel (« Les Amis Conservateurs d’Israël ») pour laquelle Halfon et Strizzolo ont travaillé.
Plus généralement, les enregistrements révèlent également qu’Israël a cherché à placer des questions parlementaires, dictant le texte à des députés complaisants ; que l’ambassade d’Israël a aidé à fonder et, dans certains cas, à financer directement un certain nombre d’organisations qui prétendent être indépendantes d’elle (notamment l’Union of Jewish Students et un groupe de diplomates en herbe appelé Young Diplomatic London, dont Masot était membre du comité de direction). Et Strizzolo a déclaré que « presque » tous les députés conservateurs appartenaient à la CFI, y compris la Première ministre Theresa May, le chancelier Philip Hammond et Boris Johnson…
Masot, ancien major de la marine israélienne, a décrit sa position à l’ambassade comme une « affectation politique », expliquant qu’il n’était pas lui-même un « diplomate de carrière ». Il a rapporté avoir travaillé pour le ministère controversé des Affaires stratégiques, qui a été établi par Netanyahou pour mener ce qui a été décrit en Israël comme une guerre secrète contre le mouvement BDS.
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