En visite à Riyad, il y a une dizaine de jours, pour sa première tournée à l’étranger, Donald Trump a conclu de colossaux contrats commerciaux avec l’Arabie saoudite pour plus de 480 milliards de dollars dont plus de 110 milliards pour des ventes d’armes. Le roi Salman s’est félicité de l’accord « qui renforce la coopération stratégique entre les deux pays et la sécurité et la stabilité globale ».
We welcome @POTUS Trump to KSA. Mr. President, your visit will strengthen our strategic cooperation, lead to global security and stability.
— سلمان بن عبدالعزيز (@KingSalman) 20 mai 2017
Mais peut-être pas la stabilité du Yémen où la coalition arabe saoudienne noie la population sous un tapis de bombes selon la méthode américaine déjà éprouvée en Irak, en Serbie ou en Afghanistan sous prétexte de lutter contre des rebelles chiites qualifiés de « terroristes »…
Le Congrès des États-Unis a pourtant réclamé à plusieurs reprises, en 2016, une restriction des ventes d’armes à l’Arabie saoudite en réaction aux opérations militaires de Riyad au Yémen, ayant provoqué la mort de nombreux civils. Et de nombreux observateurs internationaux critiquent vivement l’intervention de la coalition pointant du doigt ce qui pourrait s’analyser en crimes de guerre ou contre l’humanité. Une considération qui n’a vraisemblablement pas été déterminante dans la conclusion de l’accord entre Riyad et Washington.
Danse du sabre ou danse du ventre ?
Quoi qu’il en soit, Trump n’a pas fait que des affaires : il s’est aussi livré à quelques petits pas de danse, qui ont offert aux spectateurs du monde entier une scène pour le moins insolite. Le président des États-Unis a en effet esquissé quelques mouvements lors d’une « danse du sabre » traditionnelle, organisée dans le cadre d’une cérémonie officielle, sautillant au rythme de la musique. Son épouse Melania, le secrétaire d’État Rex Tillerson, ainsi que le chef de cabinet de la Maison blanche, Reince Priebus, étaient également présents. Lorsqu’est venu son tour de se saisir du sabre que se passaient les convives, le chef d’État a semblé ravi au plus haut point.
Cette petite « danse du sabre » a peut-être amusé la galerie, mais elle n’a pas éclipsé la reptation pitoyable de Trump, véritable « danse du ventre » celle-là, devant le parterre de bédouins avachis, pour leur soutirer quelques pétrodollars. Le président américain tente avec ce premier « succès » diplomatico-affairiste bien organisé, d’effacer des médiats et des esprits ses nombreux déboires et déconvenues en politique intérieure américaine. Comme les décrets du « Muslim Ban » interdisant le territoire américain aux ressortissants de 6 pays musulmans (Somalie, Iran, Syrie, Soudan, Libye et le Yémen mais pas l’Arabie saoudite), bloqués par plusieurs juges.
Il espère ainsi rehausser son image et son autorité largement écornées par les nombreuses embuches, venues paralyser les mesures prises depuis son entrée à la Maison-Blanche, tendues par la bureaucratie oligarchique et la justice fédérale américaine, autrement dit « l’État profond » mis en place depuis des années par les Clinton et Obama.
Le royaume wahhabite comme capitale de la lutte contre les doctrines extrémistes…
Quoi qu’il en soit des objectifs de Trump en politique intérieure, en mettant la main à la poche les Saoudiens ont imposé en contrepartie à leur hôte de se joindre à leur hystérie anti-iranienne.
Ainsi a été conclu également par Trump le 21 mai, lors de son passage au milieu des sables de la péninsule arabique, un pacte entre les États-Unis et 55 pays musulmans, majoritairement sunnites. Sous le nom de « Déclaration de Riyad », le document signé par le président américain dans la capitale saoudienne prévoit en effet de « combattre le terrorisme sous toutes ses formes, s’attaquer à ses racines théoriques, assécher ses sources de financement et prendre toutes les mesures s’imposant afin de prévenir le crime terroriste par la coopération des États signataires ».
Instituant ce qu’il appelle une « Alliance stratégique au Moyen-Orient », le traité ne revêt pour l’instant que la forme d’une déclaration formelle. Les modalités précises d’adhésion ainsi que sa forme concrète ne seront arrêtées que l’an prochain. Néanmoins, les pays signataires se sont déjà engagés à fournir « une force de réserve de 34 000 soldats afin de soutenir les opérations conduites contre les organisations terroristes en Irak et en Syrie lorsque cela sera nécessaire ».
En outre, la déclaration accorde une importance toute particulière aux moyens de communication par lesquels le terrorisme se répand. Et au comble du risible, l’Arabie saoudite qui se rêve comme future capitale régionale de l’antiterrorisme, se voit gratifier du siège d’un futur « centre mondial pour combattre les doctrines extrémistes » qui sera installé à Ryad !
Le pacte affirme ainsi que « le rôle de ce centre sera de combattre l’extrémisme sur internet, dans les médias et chez les intellectuels, tout en promouvant la coexistence et la tolérance entre les peuples ». Là, on a vraiment envie de s’esclaffer sachant combien l’Arabie saoudite est depuis des dizaines d’années LE foyer mondial de la promotion du wahhabisme, doctrine islamique particulièrement rigoriste et pas vraiment connue pour ses propriétés « inclusive » et de « tolérance »…
Mais on comprend mieux, et on rit moins, à la lecture de la suite du pacte : « dans le rejet de toute tentative d’établir un lien entre le terrorisme et une quelconque religion, culture ou race » ! Et oui, quoi de mieux que d’être celui qui décide et défini qui est terroriste ? Et d’empêcher ainsi les « amalgames » gênants ! Surtout quand on est soi-même la source wahhabite mondiale à laquelle viennent s’abreuver en doctrine et financement tous les takfirismes, salafismes et autres jihadismes qui ont enfanté les Al-Qaïda et autre États Islamiques aux mains ensanglantées…
Hystérie anti-iranienne sous couvert d’anti-terrorisme
Et Trump ne s’est pas forcé dans son discours du 21 mai devant les représentants de cette cinquantaine d’États, pour s’en prendre violemment à l’Iran, qu’il a accusé de « soutenir le terrorisme », pour le plus grand plaisir des monarchies sunnites du Golfe qui redoutent l’influence de leur grand rival chiite au Moyen-Orient.
« L’Iran conduit un programme de développement de missiles balistiques dangereux et interfère avec les affaires d’autres pays », est-il encore affirmé dans le document dont le contenu condamne également les « pratiques du régime iranien destinées à déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région et du monde ».
Des accusations empreintes d’une hystérie anti-iranienne largement infondée. Même si le régime des Mollahs n’a pas toujours été exemplaire, il n’est pas besoin d’être grand observateur pour voir que les Européens et autres victimes du terrorisme dans le monde, du Mali au Philippines, ne sont pas frappés par Téhéran !
Par un tweet teinté de sarcasme, le ministre iranien des Affaires Étrangères Mohammad Javad Zarif a d’ailleurs réagi dans la journée du 21 mai : « L’Iran, qui vient de tenir de vraies élections, est attaqué par le président des États-Unis depuis ce bastion de la démocratie et de la modération qu’est l’Arabie saoudite. S’agit-il de politique étrangère ou de pomper 480 milliards de dollars ? », a-t-il feint de s’interroger, faisant référence à la signature du contrat d’armement entre Riyad et Washington. Il en a également profité pour rappeler que l’Iran procédait à des élections libres quand l’Arabie saoudite demeurait une monarchie absolue de type féodal…
Iran—fresh from real elections—attacked by @POTUS in that bastion of democracy & moderation. Foreign Policy or simply milking KSA of $480B? pic.twitter.com/ahfvRxK3HV
— Javad Zarif (@JZarif) 21 mai 2017
Et le message du ministre iranien était accompagné d’une mise en exergue d’un extrait du discours de Trump dans lequel celui-ci remerciait le roi Salman d’Arabie saoudite en des termes particulièrement élogieux de ses « investissements massifs en Amérique, pour l’industrie et les emplois », accréditant le soupçon général que le sommet de Riyad n’est pour Trump qu’une entreprise de communication affairiste.
Néanmoins, dès le lendemain, le 22 mai, l’attentat de Manchester venait balayer les accusations américano-saoudiennes surréalistes contre l’Iran, comme le faisait remarquer implicitement un sénateur russe. Konstantin Kossatchev, exprimait ainsi publiquement son regret que « le président américain lui-même, qui s’est rendu au Proche-Orient afin de créer en théorie un front uni de lutte contre le terrorisme, organise de fait un front de lutte contre l’Iran ». Il concluait que « c’est une voie sans issue » alors que le Royaume-Uni venait de refuser de coopérer avec les services spéciaux russes dans le domaine de la lutte contre le terrorisme…
L’État juif et la « Shouina », passage obligé
Pour clore sa première tournée moyen-orientale, Trump ne pouvait pas ne pas se rendre dans l’État juif qui occupe la Palestine. Comme on pouvait s’y attendre, il y a réaffirmé sa vassalité au judaïsme politique.
Immédiatement après son arrivée, sur le tarmac de l’aéroport de Tel-Aviv, le président américain a commencé son discours par quelques mots chaleureux à l’égard du « petit-peuple-qui-a-beaucoup-souffert », comme il ne manque jamais de le rappeler (par exemple le 23 avril dernier dans un message vidéo au Congrès juif mondial, La dernière prosternation de Trump devant le judaïsme politique) :
« Nous aimons Israël, nous respectons Israël et j’adresse à votre peuple de chaleureuses salutations de la part de vos amis et de vos alliés. Je suis venu sur cette terre ancienne et sacrée pour réaffirmer les liens indestructibles entre les États-Unis et l’État d’Israël »
Mais ce qui a fait le tour du monde c’est bien sûr l’image de Trump, devenu le premier président des États-Unis en exercice à se rendre à la « Shouina », le mur des Lamentations, lieu le plus sacré pour les Juifs. Il portait une kippa noire et est resté longtemps immobile, la main droite posée sur le mur, avant de glisser, selon la tradition, un bout de papier dans les interstices entre les pierres.
Sa femme, Melania et sa fille Ivanka se sont rendues dans la partie réservée aux femmes et après avoir prié, cette dernière, convertie au judaïsme pour épouser la religion de son mari Jared Kuchner (celui qui se révèle être la véritable éminence grise de Trump), a essuyé quelques larmes.
Et pour complaire aussi à ses amis sionistes, le président américain n’a pas eu à changer une ligne de son discours de la veille devant les bédouins de la péninsule arabique ! Il a donc dénoncé le soutien de l’Iran aux « terroristes » affirmant que les Iraniens doivent cesser « le financement, l’entraînement et l’équipement meurtriers de terroristes et de milices ».
Il visait bien sûr, sans le dire, le Hezbollah qui est la véritable épine moyen-orientale dans la sandale israélienne : la principale et quasi seule organisation capable de tenir tête, y compris militairement, à l’État sioniste dans la région !
Après quoi, pour conclure sa journée du lundi, Donald Trump s’est entretenu avec Benjamin Netanyahou toute la soirée. Et le mardi il a discrètement rencontré son homologue palestinien Mahmoud Abbas à Bethléem, avant de se rendre au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem et enfin de prononcer un discours au Musée d’Israël de Jérusalem, avant de s’envoler pour le Vatican.
Opération de communication à visée intérieure ou pas, le passage de Trump chez les bédouins aura quand même conforté l’Arabie saoudite dans le rôle qu’elle veut se donner de puissance régionale et confirmé le pouvoir de ses pétrodollars. Il aura aussi témoigné d’une énième volte-face de Trump qui, lors de sa campagne présidentielle, avait fustigé le rôle que jouerait l’Arabie saoudite dans le terrorisme international alors que Riyad, de son côté, avait explicitement soutenu Hillary Clinton. Le tout dans la continuité de sa vassalité publiquement affichée et réaffirmée au projet politique du talmudo-sionisme.
L’escroc Zaoui se fait prendre en photo aux côtés de Hollande et Cazeneuve au restaurant juif tunisien La Boule Rouge : « C’est quelqu’un de réfléchi » considère son avocat Me Simon Cohen.
http://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20170529.OBS9978/gregory-zaoui-cerveau-ou-second-couteau-de-l-escroquerie-du-siecle.html