Ces journées sanglantes de février 1934 donnent le véritable visage de la République parlementaire, que nous définissons, depuis longtemps, un gouvernement interchangeable de voleurs et d’assassins. Quand le procureur Lescouvé fut appelé à rédiger un rapport sur les compromissions Stavisky, il conclut à l’inculpation de trois Gardes des Sceaux : Dalimier, Raynaldy et René Renoult. C’est, assure-t-on, après avoir eu connaissance de ces concussions que Daladier-Ubu résolut de faire appel à ses « palotins », et de sauver le régime confié à ses soins par le massacre des patriotes protestataires. Les principaux complices furent – en dehors de son conseiller intime l’hermaphrodite circoncis Léon Blum – Frot, Paul-Boncour, Pierre Cot, Mistler, Guy La Chambre et le lieutenant-colonel Barthe. Ce dernier, qui avait sollicité récemment, en dépit des règlements, la succession électorale de François-Albert, à Melle, est considéré comme le principal responsable des consignes données aux effroyables gardes mobiles, et notamment de la tuerie de la place de la Concorde, le 6 février, entre minuit et une heure du matin. Il est représenté, dans tous les renseignements fournis à son sujet, comme un gredin de la plus belle eau. Bien entendu, les Pourris de la Chambre essaieront de le tirer d’affaire. Mais il appartiendra aux victimes de ce scélérat et aux élus du conseil municipal – qui ont montré, en l’occurrence, bien plus de cran que les « bons » députés – d’imposer leur volonté.
Léon Blum a avoué lui-même être intervenu, le 7 au matin, auprès de Daladier anéanti pour l’inviter à « continuer ». Ce Juif germanomane est un androgyne sanguinaire, un sadique d’un type singulier, et qui joue les voyeurs de cadavres, avec une satisfaction évidente. Albert Sarraut, l’ignoble ministre de l’Intérieur de « l’apaisement », a concerté avec lui la grève des fonctionnaires [invités à faire grève] dite « grève générale » du lundi 12 février, et il y a aujourd’hui, cent preuves de ce concert, où l’on voit le ministre prétendu de l’Ordre (!) conseiller le désordre de grève de fonctionnaires par circulaire, PROMETTANT L’IMPUNITÉ AUX GRÉVISTES. Depuis le 13 juin 1927, où il tenta de faire massacrer douze cents jeunes Français, enfermé avec Delest et moi rue de Rome, afin de permettre à la Sûreté générale de m’avoir à merci, je considère Albert Sarraut, comme un bandit et je ne lui ai pas envoyé dire. Albert Sarraut, c’est un Frot, avec le poids des années et une certaine expérience en plus. Mais sa présence au ministère de la Police (dit « de l’Intérieur »), après le massacre du 6 février, n’en est pas moins un abject scandale. Il se disait l’ami de Chiappe. Il l’a joué ignominieusement et il a conservé cette ordure à face humaine qu’est le préfet de Police Bonnefoy-Sibour, traité si justement de « cochon » par le valeureux conseiller municipal Ferrandi, devant l’Élysée, le soir fatal. Encore le terme est-il trop doux pour Bonnefoy-Six-Bourres.
Plus de trois cent mille Parisiens voudraient le voir pendu, aux côtés de Frot, de Cot, de Daladier et de Barthe.
Paul-Boncour, l’amant de la belle Arlette Stavisky, et qui menait, d’accord avec l’hébreu Léon Blum, l’affaire fructueuse de note désarmement et du réarmement de l’Allemagne à Genève, Paul-Boncour mérite une mention à part. On se rappelle que Daladier avait, par fourbe, mis d’abord, au ministère de la Guerre, l’honnête et stupide Fabry. Mais quand ce dernier et Piétri, à la suite de la révocation de Chiappe, suivi du préfet de la Seine Renard, eurent donné leur démission, Daladier-Ubu, qui n’attendait que celle-ci, remplaça aussitôt Fabry par Paul-Boncour, devenu ainsi le maître de la Défense nationale, au moment du complot, de longue date projeté. Paul-Boncour avait attaché à sa personne, un policier spécial, le sieur A…, attaché aussi à Arlette Simon Stavisky, et le colonel Lucion, qui l’accompagnait, ainsi que son policier, dans ses déplacements genevois. « Les femmes et l’argent », c’est la devise du miroir à catins qu’est Paul-Boncour, VÉHÉMENTEMENT SOUPÇONNÉ D’AVOIR ACCRÉDITÉ AU-DEHORS, À L’OCCASION DES OPTANTS HONGROIS, STAVISKY. On prétend même que les efforts insensés faits pour cacher les bénéficiaires des chèques Bonnaure tiendraient à cette compromission. Quoi qu’il en soit, Boncour était certainement d’accord avec Frot pour donner au lieutenant-colonel Barthe toute latitude de canarder les Parisiens.
Telle est l’immonde canaille qui adjugea la suite de Briand, du maquereau bénit Aristide Briand, et faisait des ronds de bras à Genève, en sortant de ceux d’Arlette Simon. Certaines questions posées par l’avocat Charles Legrand, à propos des bons de Bayonne, laissent à prévoir un joli déballage de l’infamie de Paul-Boncour.
Pierre Cot, qui a une sale gueule, et voulait faire tuer les Parisiens à l’aide de bombes d’avions, affirme qu’il sera de nouveau ministre dans un an. Ministre, ou dans la Seine, ou à la lanterne ? Nous verrons ça. Même remarque quant à Frot, quant à Guy La Chambre, quant à Mistler. Je ne donnerais pas deux sous de la peau de ces charognes, dont la responsabilité dans la boucherie du 6 février est d’ores et déjà établie.
Mais la note, macabrement comique, du cabinet Doumergue, c’est la présence, en ce cabinet, du néo-dentiste Marquet, député-maire de Bordeaux qui, lui aussi, aspirait à joueur les « Ubu », les Daladier et les Frot, et à faire rentrer sous terre – exactement – les patriotes bordelais. Serre les fesses, dictateur Marquet, afin que nos bottes ne pénètrent pas dans ta « dictature » !
Léon Daudet, L’Étudiant français, 25 février 1934.