Quel boomer n’a pas, traînant sur une étagère des toilettes de sa résidence secondaire, le « Cette nuit la liberté » de Dominique Lapierre et Larry Collins ? En vedette, Lord Mountbatten, « héros » de la Seconde Guerre mondiale, son échec lors de l’opération de Dieppe en 1942 ne l’empêche pas d’être promu commandant des forces alliées en Asie du Sud-Est. Il est surtout l’icône de la décolonisation, le dernier vice-roi des Indes et dernier des rois du vice qui finira tué en 1979 par l’IRA en Irlande où, loin de son château de Broadlands, il avait ses petites habitudes.
Quand on voit à quelle engeance Dieu a donné la victoire, cela laisse songeur, mais on comprend mieux ce qui se passe aujourd’hui en Occident.
Les jeunes Canadiens et Anglais qui sont morts à Dieppe par centaines en une demi-journée ne savaient sans doute pas qu’ils combattaient pour la victoire de la pédophilie, nous, nous le savons : non seulement les « révélations » ci-dessous ne feront aucun tort à la mémoire de Mountbatten, mais, au contraire, elles ajouteront à sa gloire : dans le monde d’aujourd’hui – dont il est l’un des artisans – on attend juste que l’ONU propose d’inscrire les « Dilly boys » (garçons de Piccadilly) au patrimoine immatériel de l’humanité.
Joseph de Burca nous présente ici le livre d’Andrew Lownie sur les « amours des Mountbatten », en quelque sorte, tout ce que Dominique Lapierre a omis de nous raconter. Direction la verte Irlande.
Le suicide du garçon du Kincora quelques mois après avoir été victime des abus de Mountbatten
Des rumeurs sur la pédophilie de Lord Mountbatten circulaient depuis longtemps en Angleterre mais un livre paru récemment a réussi à dénicher des preuves qui viennent confirmer de manière éclatante ce que les sources irlandaises, dont l’IRA provisoire, savaient déjà sur le sujet.
Les preuves sont si spectaculaires que les principaux titres de la presse anglaise tels que The Mail on Sunday, The Sunday Times et The Sun s’en sont fait l’écho. En particulier, le livre fait état d’informations sensationnelles sur le foyer de garçon Kincora à Belfast mais curieusement, alors que la presse anglaise ne se prive pas de s’étendre sur les abus de Mountbatten, le chapitre sur ce foyer est passé sous silence.
Le livre a pour titre The Mountbattens: their Lives & Loves, son auteur Andrew Lownie est un historien sérieux et respecté qui a été un temps candidat aux élections législatives du parti conservateur et qui est toujours en bons termes avec nombre de députés de ce parti. Lownie est également l’auteur d’un livre sur Guy Burgess, Stalin’s Englishman, livre qui présente, lui aussi, d’intéressants rapports avec l’Irlande.
LOWNIE s’est vu refuser par l’administration irlandaise l’accès à certains dossiers sur Mountbatten
Durant ses recherches biographiques, Lownie a essayé d’avoir accès à certains dossiers des archives de l’État irlandais, dont ceux de la Garda [Garda Síochána, police de la République d’Irlande] sur Mountbatten, mais ses demandes ont été rejetées. Ils pouvaient contenir certains éléments intéressants. Un ancien commissaire adjoint de la Garda, aujourd’hui décédé, a confié il y a quelques années à Village qu’il avait entendu des rumeurs dérangeantes sur les activités sexuelles de Mountbatten avant qu’il ne soit tué.
Une autre source à la Garda disait qu’il avait entendu des histoires selon lesquelles lors de son séjour en Inde, Mountbatten serait allé voir un jeune garçon de 14 ans.
Si dans les années 70 le renseignement de la Garda, dirigé alors par Larry Wren directeur du C3 [= la sûreté], savait quoi que ce soit des prédilections de Mountbatten, ou de la présence de voitures avec des plaques d’immatriculation nord-irlandaises, ou d’adolescents se rendant à la propriété de Classiebawn accompagnés d’hommes plus âgés, rien de tout cela ne l’a fait bouger.
À Classiebawn, La Garda avait une antenne de sécurité à la propriété de Mountbatten qui a forcément dû relever les plaques d’immatriculation des visiteurs. Ce qui veut dire que la Garda doit avoir des enregistrements sur la période d’août 1977 indiquant le passage de la voiture appartenant à Joe Mains, le directeur du fameux foyer de garçon le Kincora, puisque ce dernier y a emmené au moins deux garçons ce mois-là. Si ces relevés existent encore, seront-ils rendus publics par l’actuel commissaire de la Garda, Drew Harris (un ancien du RUC [Royal Ulster Constabulary, commissariat central de l’Ulster] et ancien homme de liaison avec le Mi5 du PSNi [Police Service of Northern Ireland]) pour permettre de prouver une bonne fois pour toutes qu’un réseau anglo-irlandais du vice existait et que Joe Mains en faisait partie ?
Alors que le scandale du Kincora a éclaté en 1980, ce n’est qu’à partir de 1982 que des allégations ont commencé à circuler dans la presse sur l’implication du Mi5 et du Mi6. Wren est devenu commissaire principal à la Garda au début de 1983. Il a développé des liens particulièrement étroits avec le renseignement britannique alors qu’il était à la tête du C3. S’il s’avère qu’il n’y a plus trace des enregistrements des passages de voiture à Classiebawn, il faudra ouvrir une enquête pour savoir s’ils ont été détruits sous la supervision de Wren. Pour plus d’informations sur l’étrange carrière de Wren au C3 on peut aller sur ce lien : https://villagemagazine.ie/index.php/2019/06/16570/
En principe, ces enregistrements sont toujours disponibles. Seront-ils rendus publics par Drew Harris et le gouvernement Irlandais à la demande de la commission d’enquête indépendante sur les abus sexuels sur les enfants [Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA)] qui à Londres cherche à établir s’il y a eu un réseau pédophile pour les ViP ? Les enregistrements d’août 1977, mais aussi ceux de tous les étés où Mountbatten a séjourné à Classiebawn.
Dans les années 70, les déplacements de Mountbatten revêtaient une énorme importance pour les hommes de la Garda. En général, le tout premier signe de son arrivée imminente prenait la forme d’un appel surexcité du Mi5 les prévenant de ce qu’il avait embarqué sur le ferry de la Holyhead pour Dublin. Mountbatten avait la réputation auprès de la Garda d’être assez négligent sur sa sécurité et il leur avait plus d’une fois donné des sueurs froides. Une fois il avait même réussi à débarquer avant l’arrivée de l’escorte prévue par la Garda. Mais sa voiture est tombée en panne et ils ont dû accourir à son secours en pleine campagne. Son véhicule a alors été ramené en remorque au QG de la Garda au Phoenix Park à Dublin où il a été réparé par le service d’entretien de la flotte. Pendant la réparation on en a profité pour faire visiter le QG à Mountbatten à l’origine un complexe bâti pour la police royale d’Irlande. Les hommes de la Garda qui se sont chargés de Mountbatten ont trouvé que c’était un homme « des plus charmants ».
Les dossiers du FBI sur Mountbatten
Durant ses recherches Lownie est tombé sur un certain nombre de dossiers du FBI qui montraient que Lord Mountbatten « était un homosexuel avec un goût prononcé pour les jeunes garçons ». Ces dossiers ont été constitués par les agents américains durant la Seconde Guerre mondiale et la crise de Suez. Les Américains ont commencé à prendre des renseignements sur le personnage peu après sa nomination en février 1944 à la tête des forces Alliées en Asie du Sud-Est [Singapour] et ont continué de le suivre pendant trente ans.
Le FBI a eu un entretien avec Elizabeth de la Poer Beresford, Baronnesse Decies, qui était au courant des penchants de Mountbatten. Selon les dossiers du FBI, elle aurait déclaré que « dans ces cercles, Lord Louis Mountbatten et sa femme sont considérés comme des personnes d’un niveau de moralité extrêmement faible ». Et aussi « qu’il était connu pour être un homosexuel avec une perversion pour les jeunes garçons » ce qui, à son avis, « le rendait inapte à diriger toute opération militaire de quelque nature que ce soit ». Plus loin elle ajoutait que « sa femme, Lady Mountbatten, était considérée comme tout aussi déséquilibrée ».
Les entrées dans le dossier de la Baronne sont signés par EE Conroy, chef de l’antenne de New York qui précise qu’elle «ne semblait pas avoir de motif particulier de faire les déclarations qui précèdent ».
Les agents ont redoublé d’intérêt pour Mountbatten après la Seconde Guerre mondiale lorsqu’il a été nommé par l’OTAN chef des forces Alliées en Méditerranée, puis amiral de la flotte et enfin chef d’état-major de la défense.
Le FBI est bien connu pour conserver des dossiers compromettants sur les personnalités les plus en vue, le cas le plus célèbre étant celui de Martin Luther King
Le témoignage de RON PERKS
Le livre donne aussi le témoignage de l’ancien chauffeur de Mountbatten Ron Perks qui souvent le conduisait à « un bordel gay haut de gamme réservé aux hauts gradés de la marine » le Red House près de Rabat à Malte.
Il y a beaucoup d’autres exemples des inconduites sexuelles de Mountbatten dans le livre, ceux donnés ici ne sont que le sommet de l’iceberg découvert par Lownie. Le résultat final est qu’on peut faire un tas de toutes les biographies précédentes et y mettre le feu.
L’IRA provisoire savait que Mountbatten était pédophile
L’IRA provisoire était au courant que Mountbatten était pédophile mais ça n’a joué aucun rôle dans la décision de le viser. Un premier complot pour le tuer avait été ourdi en 1975 mais il n’a pas abouti. Selon un officier du renseignement de l’IRA en activité à l’époque, « c’était un meilleur plan » que celui exécuté en 1979 puisqu’il prévoyait que l’attentat se passerait à la sortie du château de Classiebawn ce qui aurait évité des pertes civiles.
Lownie a d’ailleurs été le premier a révéler l’existence du complot de 1975, même si la BBC dans son émission sur l’assassinat prétend le contraire : Lownie a battu la BBC sur le fil d’un jour environ.
JOSEPH MAINS, l’homme qui se livrait au trafic d’enfants vers Classiebawn
Joseph Mains, le directeur du Kincora, était le responsable du trafic de garçons vers Classiebawn,. Deux des garçons dont il est question dans le livre de Lownie ne souhaitaient pas voir leur nom apparaître dans l’affaire Mountbatten et l’auteur a respecté ce souhait, de même, Village, qui connaît aussi leur nom, va respecter leur désir d’anonymat.
STEVEN WARING, le garçon qui s’est suicidé
Village connaît aussi un cas qui n’est pas mentionné dans le livre. Ce n’est pas une critique, ça n’enlève rien à la remarquable qualité de l’ouvrage, mais comme dans tout livre, il y a une limite à ce qui peut être incorporé dans une narration et en l’occurrence ses 486 pages fourmillent déjà d’une avalanche d’informations inédites. Ce que Village peut néanmoins apporter de plus significatif concerne le cas d’un garçon qui s’est suicidé. Il s’appelait Steven Waring, Mountbatten a physiquement abusé de lui à Classiebawn en août 1977.
Mountbatten se rendait toujours à son château du comté de Sligo en août. Steven Waring était alors pensionnaire au Kincora. Il s’est suicidé quelques mois après son séjour dans le comté. Il avait réussi à s’échapper du Kincora et à aller jusqu’à Liverpool où il a été rattrapé et rembarqué sur le ferry de la Monarch pour Belfast, c’est de ce ferry qu’il a plongé dans la mer en novembre 1977. Waring avait pourtant été placé dans une partie du bateau qui ne donnait pas sur la mer. D’une manière ou d’une autre, il s’en est échappé et a pu rejoindre le bastingage d’où il a sauté. Un témoin, un soldat anglais, aurait affirmé qu’il était complètement ivre au moment de sa chute. Son corps n’a jamais été retrouvé. Donc pas d’autopsie qui aurait pu dire s’il avait bu ou non. Le RUC a par la suite conclu que sa mort n’était pas liée aux méfaits – ceux reconnus – du Kincora.
Les abus sur ‘SEAN’
Les abus dont ont été victimes Steven Waring et son ami – appelé « Sean » par Lownie, ont été commis dans un bâtiment proche du château de Classiebawn.
Waring et ‘Sean’ savaient qu’ils allaient en République d’Irlande parce que Mains à l’avant du véhicule s’était tourné vers eux pour leur dire qu’ils avaient franchi la frontière.
Même si les médias anglais se sont délectés des dossiers du FBI et du témoignage de Ron Perk ils sont restés silencieux sur les révélations du livre sur Kincora. Ils ont également choisi d’ignorer l’histoire d’un autre garçon pris dans les mailles du plus large réseau pédophile anglo-irlandais dont le Kincora faisait partie. (Voir ci-dessous la partie sur le troisième garçon « Amal ».)
Comme le précise Lowine, « Sean » avait 16 ans quand, selon ses dires, il a été conduit du foyer de garçons le Kincora à Belfast au Classiebawn à l’été 1977. Tandis que l’homme qui les avait emmenés attendait dehors, « Sean » se rappelle avoir été poussé dans une pièce sombre où il a été rejoint par « un homme qui m’a déshabillé et a pratiqué un rapport oral.
« Ça a duré environ une heure. Il parlait calmement et essayait de me mettre à l’aise. C’était quelqu’un qui voulait de l’attention, qui voulait qu’on le désire…. Je pense qu’il avait honte. Il disait d’une voix triste qu’il « n’aimait pas ces choses ». Il paraissait très seul et très triste. Je pense que l’obscurité dans la pièce, c’est parce qu’il avait honte. Il a attrapé ma main et l’a placé sur sa poitrine… Je ne l’ai reconnu que quand j’ai vu à la télé que Lord Mountbatten avait été tué. »
Village s’est aussi entretenu avec « Sean » qui nous a dit qu’il se rappelait avoir remarqué un château étrange dans le lointain alors qu’ils approchaient de la destination. C’est d’ailleurs exactement l’impression qu’on ressent quand on approche de ce château. Il se rappelle aussi que Mountbatten avait un majordome avec une perruque qui les accueillait avant que Mountbatten n’emmène Waring en premier.
Il se rappelle aussi qu’il y avait une rame accrochée au mur de la pièce dans laquelle on le gardait.
Les abus sur ‘AMAL’
Le troisième garçon avait 16 ans quand il a été victime d’abus sexuels. Son nom a aussi été changé dans le livre de Lownie. Il est simplement désigné comme « Amal ». Il raconte comment il « se souvient avoir été emmené à Mullaghmore à l’été 1977. « Amal » dit qu’il a rencontré Mountbatten quatre fois durant cette période, à chaque fois lors d’un trajet d’un jour en provenance de Belfast. Le rendez-vous durait une heure et avait lieu dans une suite de l’hôtel du port à environ 15 minutes de Classiebawn. « Amal » se souvient : « il était très poli, très gentil. Je savais que c’était quelqu’un d’important. Il demandait si je voulais à boire ou un bonbon. Il me disait qu’il aimait les gens à la peau sombre, spécialement les Sri-Lankais parce qu’ils étaient très amicaux et avenants. Je me souviens qu’il admirait la douceur de ma peau. On a eu un rapport oral mutuel « en 69 ». Il était très tendre et j’étais à l’aise. Ça avait l’air très naturel. Je savais que plusieurs autres garçons de Kincora lui avaient été présentés en d’autres occasions ».
Même si « Amal » a été emmené à Belfast et même s’il lui est arrivé de se rendre au Kincora où il s’est lié à un garçon au moins, il n’en était pas pensionnaire, il n’y résidait pas, en tout cas pas longtemps.
Le capitaine PETER MONTGOMERY, JOE MAINS et Lord MOUNTBATTEN
Joe Mains était un associé du capitaine Peter Montgomery qui était suppléant du Lord Lieutenant de Tyrone et faisait partie de l’aristocratie foncière de l’Ulster. Il était pédophile lui-même et cherchait ses proies au Kincora et à l’école de la Williamson House and Royal Portora. Chaque comté du royaume a son lord lieutenant. C’est un poste très prestigieux. Son titulaire est le représentant personnel de la Reine d’Angleterre pour le comté. Être son suppléant a aussi d’un grand prestige.
La famille de Montgomery avait une propriété à Fivemile town dans le comté de Tyrone. Durant la Seconde Guerre mondiale, il était au renseignement militaire britannique. Son deuxième cousin n’était autre que « Monty » qu’on ne présente pas.
Montgomery avait une autre entrée à Buckingham Palace en la personne du gardien des portraits de la Reine, Sir Anthony Blunt. Montgomery était le premier petit ami de Blunt, et depuis son plus fidèle ami. Blunt est plus connu pour son rôle comme taupe du KGB au sein du Mi5 alors qu’il était membre du tristement célèbre réseau d’espion de Cambridge.
Blunt avait toujours une chambre de prévue pour Montgomery dans sa résidence londonienne et il lui rendait souvent visite à Fivemiletown. Ils avaient aussi leurs petites virées en Irlande chez les autres pédophiles et faisaient le circuit de leur résidence secondaire. On pense que Montgomery se livrait au trafic des élèves de l’école royale de Portora pour les parties où les pédophiles préféraient les garçons bien élevés.
Montgomery était plus que probablement le lien entre Mains et Mountbatten, pour plus d’informations sur Montgomery et Blunt (et autour) on peut suivre ce lien: https://villagemagazine.ie/index.php/2018/10/the-dup-skeleton…resa-mays-closet/
Le voyage au Royaume-Uni de STEVEN WARING
Les abus dont a été victime Waring cet été-là dans le comté de Sligo n’ont pas été les seuls. Village a été le premier à rapporter dès février 2018 les péripéties de ce voyage. L’essentiel de l’histoire est reproduit ci-dessous.
Durant l’été 1977, Joe Mains a fait venir Richard Kerr à son bureau pour lui expliquer que Joss Cardwell, une figure majeure du réseau pédophile, avait appelé et voulait que lui et Warning descendent sur le port de Belfast. Cardwell était le président du comité social de Belfast et supervisait les foyers tels que le Kincora et la Williamson house de Belfast. C’était en outre une personne-clé du réseau pédophile anglo-irlandais. Les garçons savaient exactement à quoi s’en tenir au sujet de l’inquiétant décret de Caedwell : ils devraient se rendre en Angleterre pour y être sexuellement abusé. Lors de ce petit trajet, Kerr sera livré aux mains salaces d’une star de la télévision de Londres.
Kerr connaissait Caldwell en tant que ‘Joseph’ Cardwell. Il se rappelle son « drôle » de chapeau et de son minivan bleu dont il se servait pour emmener les garçons hors du Kincora. Certaines de ces excursions se terminaient à l’hôtel Adelphi de Portrush où les garçons étaient « utilisés ».
Steven Waring et Richard Kerr ont embarqué sur le ferry pour Liverpool, là ils ont été recueillis par Michael « A ». Kerr le connaissait déjà pour avoir subi ses faveurs à l’hôtel Rembrandt de Manchester. Michael « A » était en compagnie d’un homme qui s’appelait Derek.
Le groupe s’est dirigé vers un local à Liverpool, près de la gare de train de Lime Street. On était déjà à une heure avancée de la matinée du lendemain. Les garçons ont été poussés au bas d’une volée de marches dans une cave avec des matelas à même le sol. Il y avait là cinq autres garçons. Ils pouvaient avoir entre onze et treize ans. Kerr et Waring ont été gardés-là avec eux deux ou trois heures.
Plus tard, Michael « A » et Steven « J » ont emmené les deux garçons du Kincora à la gare. Les autres, plus jeunes, n’ont pas fait le voyage avec eux.
Steven « J » avait plusieurs fonctions, l’une d’elles était de prendre des photos salaces des garçons tombés dans les griffes du réseau. Stephen « J » connaissait aussi Joe Mains et Eric Witchell, le pédophile qui dirigeait la Wiliamson House. Witchell a été le premier membre du réseau anglo-irlandais a profiter de Kerr à la Wiliamson House, il n’avait alors que 8 ans. Dans les années 70, Witchell habitait à la fois à Liverpool et à Belfast. Witchell a par la suite été placé à la tête de la Williamson House où se trouvait Kerr avant qu’il ne soit envoyé au Kincora en 1975.
Witchell et Cardwell fournissaient en garçons de la Williamson House les clients privilégiés du réseau. Kerr était l’un d’entre eux. Village en connaît d’autres. Certains se sont suicidé. (Steven Waring n’était pas de la Wiliamson House sa mort n’est pas liée à celle des enfants de la Willimasson House)
Lors de ce voyage, Kerr et Waring sont allé jusqu’à Manchester avec leurs deux accompagnateurs, sautant d’un train dans un autre. Dans la dernière partie de leur voyage, qui devait se terminer à Londres, Ils étaient confinés dans un compartiment de première classe où Michael « A » et Steven « J » en ont profité pour abuser d’eux. C’était fait à la dérobée et « manuellement ».
Une fois arrivés à Londres, les deux garçons ont été séparés et Kerr a été emmené au Wimpy Bar à Piccadily Circus. Piccadilly était connu pour ses Dilly Boys, des pauvres petits qu’on avait forcé à se prostituer. Kerr a été escorté au premier étage et placé derrière une table. Il y avait à l’époque dans ce bar deux hommes qui dirigeaient les Dilly Boys. Kerr se rappelle l’un d’entre eux, Jack Murray, un anglais bien habillé qui fumait le cigare et portait des lunettes. Il ne connaissait pas le deuxième.
Plus tard, on a ordonné à Kerr de redescendre pour rejoindre une star de la télévision qui l’attendait dehors. L’homme, qui était beaucoup plus grand que lui, lui fit signe de le suivre et marcha à environ un mètre en avant au cas où quelqu’un les verrait.
Kerr et la vedette de télévision ont continué jusqu’à une rue très connue. L’homme ouvrit une porte sur le rez-de-chaussée avec une clé. La porte s’ouvrait immédiatement sur un escalier, ils sont montés. L’homme disposait d’une petite pièce parcimonieusement meublée sur la gauche de l’escalier. Kerr a alors été abusé d’une manière dégradante.
L’adulte lui a donné 20£ l’a poussé dans l’escalier et mis dehors en lui disant de se débrouiller pour retrouver le Wimpy Bar.
Ce que l’adulte ne savait pas, c’est que Kerr était ivre de vengeance et qu’il s’était entraîné à mémoriser les détails pour confondre ses agresseurs. Il parvenait même parfois à prendre des photos comme preuve de leur identité. Certaines photos représentaient des voitures avec leur plaque minéralogique clairement visibles et sont à présent en possession de Village. En l’occurrence, bien que la pièce soit à peine habitée, il a réussi à prendre un objet qu’il nous a décrit
Kerr a par la suite reconnu l’homme qui était l’invité d’une émission alors très en vogue le « Minder TV Show ». C’était un acteur aux multiples apparitions dans des émissions très populaires de la BBC et d’iTV, dont certaines à destination des enfants.
Kerr ne souhaite pas révéler son identité pour le moment. L’acteur participe en ce moment à une œuvre de charité pour les enfants. Il a aussi été très critique envers la BBC pour avoir laissé Jimmy Saville abuser des enfants. Il a admis être au courant des rumeurs sur ce qui se passait s’est dit étonné que Saville n’ait pas été stoppé.
Le voyage de WARING dans le sud de l’Angleterre et sa rencontre avec une superstar de la télévision
Lors d’un autre voyage, Kerr et Waring ont été emmenés dans le sud de l’Angleterre où une autre star de la télévision, un nom encore plus familier du public que celui de Jimmy Saville à l’époque, est entré dans la pièce, a choisi Waring et l’a emmené avec lui, ça a duré des heures. Waring en est ressorti abattu et découragé et n’a pas ouvert la bouche sur ce qui s’était passé. C’était caractéristique de sa façon de se comporter quand il avait été abusé.
L’UDA et le Kincora
L’IRA n’était pas la seule organisation paramilitaire à connaître l’existence du réseau pédophile anglo-irlandais dont faisait partie le Kincora. L’UDA [Ulster Defence Association] avait aussi la maison à l’œil. Merci de voir « Her Majesty’s Hatchetman » pour une analyse plus détaillée : https://villagemagazine.ie/index.php/2019/02/her-majestys-hat…-of-pat-finucane/
Le moins que puisse dire Village, c’est que l’Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA) à Londres n’a pas manifesté le moindre intérêt pour Lord Mountbatten, Eric Witchell ou la branche irlandaise du réseau pédophile. L’avenir dira si cette commission d’enquête se décide à retrouver les enregistrements de l’antenne de sécurité de la Garda à Classiebawn pour août 1977 pour voir si le véhicule de Joe Main ou ceux de ses amis de l’UDA s’y sont présentés avec des adolescents à leur bord.
De plus, le désintérêt de l’IICSA pour le témoignage de Richard Kerr est troublant au vu du fait qu’il a fourni force détails au sujet des sévices violents dont il a fait l’objet entre les mains d’Enoch Powell, le parlementaire, un politicien qui un temps ambitionnait de prendre la tête du parti conservateur. Il y a bien d’autres ViP qui ont abusé de lui, il n’en donne le nom que de quelques-uns pour l’instant. Le récit de Kerr au sujet des abus dont il a été victime de la part de Powel et d’Eric Withchell peuvent être trouvé ici.
Les raisons de l’ICCSA de ne pas prendre en compte le témoignage de Kerr peuvent être trouvées ici.
Une histoire détaillée du réseau pédophile anglo-irlandais se trouve ici.
Joseph de Burca
Source : Village Magazine
Traduction et texte de présentation : Francis Goumain