Le terrible hiver de 1944 continue à frapper durement Breslau, au cœur de la Prusse. Ces derniers mois, la ville a accueilli des centaines de milliers de réfugiés fuyant l’avance des armées criminelles de Staline qui multiplient les viols et les massacres de masse. Ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards n’échappent à ces soldats qui devancent avec zèle les ordres inhumains.
Après plusieurs jours, parfois plusieurs semaines de marche, dans l’hiver glacial, sous les bombardements, ils ont atteint la grande ville de Silésie. Depuis le 25 août précédent, la ville a obtenu le statut de « forteresse » : elle devra être ardemment défendue tant elle représente un point stratégique pour la survie du pays. Le commandant Karl Hanke fait son possible pour appliquer les principes de la guerre « totale et radicale » énoncés par Joseph Goebbels. Il est malheureusement trop tard : faute d’avoir voulu faire de l’Allemagne une nation militarisée totalement tournée vers l’effort de guerre avant le milieu de la guerre, à l’inverse de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de la Russie qui, depuis les années 1930, avaient comme objectif une guerre mondiale, les mesures sont trop tardives. Pourtant la ville se prépare : un terrain d’aviation est créé au centre de la ville, de nombreux travaux sont réalisés pour affronter le siège qui s’annonce. Toutes les forces disponibles sont mobilisées.
À partir de la mi-janvier, les réfugiés sont évacués dans des conditions extrêmement difficiles, affrontant notamment des températures avoisinant les -20°, s’ajoutant aux pénuries alimentaires, à l’absence de médicaments, de chauffage, de vêtements. Ils rejoignent Dresde où la plupart périssent dans les bombardements anglo-américains.
C’est officiellement le 15 février 1945 que commence le siège de Breslau, totalement encerclée, par l’armée russe. Les défenseurs vont résister héroïquement durant près de trois mois. Environ 50 000 soldats allemands affrontent près de 90 000 Russes, dont l’aviation bombarde quotidiennement la ville. Dans le chaos total de ces derniers mois de guerre, l’armée allemande parvient à mettre en place un pont aérien pour maintenir l’approvisionnement de la ville. L’encerclement de la ville ne sera que brièvement brisé : les défenseurs de Breslau résistent seuls. Ils reçoivent au début du mois de mars des renforts : des unités parachutistes sont larguées pour ralentir l’avance soviétique.
L’acharnement des défenseurs permet de réaliser cet objectif : chaque bâtiment défendu l’est durant plusieurs jours. Les combats se font rue par rue, maison par maison, parfois pièce par pièce. L’ennemi progresse cependant à mesure qu’approche la chute de l’Europe, notamment grâce aux bombardements toujours plus meurtriers : profitant des vacances de Pâques, les terroristes rouges organisent les 1er et 2 avril deux jours de bombardements intensifs en utilisant des bombes au phosphore, comme celles utilisées par les “alliés” à Dresde.
Le 6 mai, le siège s’achève après 79 jours.
Malgré la défense héroïque notamment des volontaires français, Berlin est tombée ; Breslau résiste seule, avec quelques îlots, notamment les poches de l’Ouest, Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire ou La Rochelle. Le commandement allemand entame des pourparlers avec l’ennemi ; un protocole est signé avec le commandement russe. Celui-ci s’engage notamment à soigner les blessés, à respecter les civils et à rapatrier dès la fin de la guerre les prisonniers. Ces engagements ne seront jamais tenus. À l’issue de la bataille, de nombreux Allemands sont assassinés ; le nombre de viols est plus grand encore. Rapidement, tous les Allemands de la cité sont expulsés, abandonnant derrière eux leurs biens, les tombes de leurs ancêtres, leur histoire. Beaucoup ne survivront pas aux marches forcées vers la nouvelle « Allemagne de l’Est », durant lesquelles, au total, environ 3 millions de civils ont perdu la vie.
Les soldats sont envoyés dans les camps de la mort en Russie ; la plupart ne reviendront pas.
Environ 6 000 soldats allemands ont perdu la vie durant le siège de Breslau et 23 000 autres ont été blessés. Selon Norman Davies, 170 000 civils ont été tués à Breslau en trois mois.
Une chanson de Frank Rennicke sur la chute de Breslau : Die Männer und Frauen vom letzten Gefecht (Les hommes et les femmes du dernier combat)
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