Ce texte a été prononcé en ouverture des Feux de la Saint-Jean organisé par Isère nationaliste le mois dernier.
En cette soirée de la Saint-Jean, nous nationalistes voulons perpétuer les traditions ancestrales qui ont cimenté l’émergence et l’épanouissement de la civilisation helléno-chrétienne dont nous nous revendiquons. Civilisation française certes, mais aussi civilisation européenne, s’enracinant dans une histoire plurimillénaire. Les coutumes traditionnelles telles que les feux de la Saint-Jean sont la manifestation extérieure de cette foi ardente, de cette volonté créatrice qui permit à des générations d’hommes vertueux de forger des nations fortes. Voilà pourquoi nous voulons les restaurer et les maintenir.
Mais quelle est la signification précise des réjouissances de ce soir, de ces « Feux de la Saint-Jean » ?
Il convient de revenir tout d’abord sur l’élément même du feu.
Traditionnellement en Europe, chez les peuples appelés indo-européens, le feu a un symbolisme profond. Par ses propriétés calorifiques et lumineuses, il est éminemment lié au soleil ; ces deux éléments ne peuvent être dissociés. Ainsi, par son état même, le feu est synonyme de chaleur, de lumière, mais aussi d’énergie, de renouveau. De force aussi : au XIXe siècle, Henri Conscience, écrivain belge d’expression flamande, et attaché aux traditions rurales remarquait :
« Dans le feu, le fer se trempe et devient acier ».
Cette conception symbolique du feu est commune à tous les peuples indo-européens.
Il est intéressant de constater en outre que le swastika, plus connue sous le nom de croix gammée, signifie en sanskrit heureuse vie ; or, ce symbole vieux de plusieurs milliers d’années est un symbole solaire, donc traditionnellement lié au feu ! Par là même, le feu est par-dessus tout symbole de la vie. D’autre part, la femme, porteuse de la vie, est traditionnellement la gardienne du foyer familial, et ce partout en Europe : le feu se voit donc associé à la fécondité.
Par dérivation, le feu et le soleil représentent tout ce qui est beau, aimable, splendide.
On comprend très vite comment le feu peut devenir un élément religieux, parfois même un dieu, et d’ailleurs pas seulement en Europe !
Qu’en était-il pour nos ancêtres ?
Dans la religion celte, tout ce qui est et tout ce qui se fait a un caractère sacré ; le feu se trouve au cœur de toutes les célébrations religieuses, c’est l’élément central. Il en va de même chez les Germains, dont la religion est très proche de celle des Celtes. Chez ces peuplades, Germains et Celtes, les deux fêtes principales se font autour du feu : ce sont les solstices d’hiver et d’été.
Chez les Grecs, le feu est un élément primordial. Quelques exemples : l’un des dieux principaux est Apollon, dieu du soleil et de la lumière. On connaît bien aussi le mythe de Prométhée, le Titan qui vola aux dieux le secret du feu afin de le transmettre aux hommes ; or, il s’agit là d’un mythe cosmogonique, permettant à la race humaine de se développer. Encore une fois, le feu est symbole de vie et de renouveau. Tout le monde connaît également la tradition de la flamme olympique qui présidait aux jeux, tradition perpétuée encore de nos jours. Il existait aussi des courses aux flambeaux parmi les nombreux concours sportifs proposés en Grèce : ces courses à caractère sacré consistaient en un relais où les membres de chaque équipe, correspondant à une cité ou à un clan, se faisaient passer un flambeau dont la flamme devait demeurer vive pour remporter le prix.
Enfin, Rome : là aussi, le feu est un élément vital. Dans le domaine privé : chaque maison a ses dieux protecteurs, dits dieux lares, aux pieds desquels une flamme doit être constamment entretenue ; c’est encore la femme qui s’en occupe, d’où l’extrême intelligence entre fécondité, feu et religion. Mais aussi dans le domaine public : le feu sacré de l’État était conservé et entretenu par les Vestales, vierges prêtresses. La force civilisatrice de Rome était donc comme dépendante de la force du feu.
Tout ce qui a été dit prouve assez que, traditionnellement, le feu est un élément sacré voire même un dieu dans certaines religions. Quelle place peut donc avoir le feu dans la religion catholique, monothéiste, qui a pris le relais des traditions gréco-latines et celtes et fait fleurir la civilisation européenne ?
Alors que le feu est un principe vital chez les anciens Indo-européens, la religion catholique enseigne qu’il existe encore un principe vital supérieur : ce principe, c’est Dieu lui-même. Communément surnommé « Source de Vie », Dieu être éternel et infiniment parfait est créateur et maître de toutes choses. Tout naît par lui, et tout retourne à lui. Toutes choses sont sorties de lui et portent par conséquent l’image de leur créateur, à différents degrés : ainsi, l’homme a un degré supérieur par rapport à l’animal, l’animal par rapport au végétal, etc. Le feu quant à lui est en quelque sorte le porteur symbolique de la force vivifiante et purificatrice de Dieu. Le symbolisme des Celtes et des chrétiens est donc similaire, l’un et l’autre étant issus d’une seule et même révélation primitive. Dans les traditions comme dans les fêtes religieuses chrétiennes, on retrouve cette importance du feu : si aujourd’hui nous n’avons plus d’âtre familial, la civilisation européenne chrétienne a toujours parlé de la femme comme gardienne du foyer. Et la plus importante des fêtes, Pâques, est présidée par une veillée où l’on allume le feu nouveau, symbole de vie et de résurrection. La nuit de Pâques célèbre en effet la résurrection physique du Christ après sa Passion, mais aussi la régénérescence du genre humain après la victoire du Christ sur le péché ; l’Église célèbre ce mystère divin par la cérémonie du feu. Elle a donc repris et enrichi la Tradition européenne primitive qui faisait du feu un symbole de vie, de force, de jeunesse.
Par conséquent, les feux doivent présider également aux réjouissances populaires. Une fois de plus, ces réjouissances ont leurs racines loin dans l’Histoire. Tenons-nous-en aux feux de la Saint-Jean.
Initialement, c’est du solstice d’été qu’il s’agit. Situé aux alentours du 21 juin, le solstice ouvre la saison de l’été avec le jour le plus long de l’année ; il ouvre la période de la chaleur et des moissons, la période du soleil. Chez les anciens Celtes et Germains avait lieu alors une fête religieuse où le feu constituait l’élément principal : de grands bûchers se construisaient dans les cours des fermes, sur la place des villages ou dans les clairières. Ces bûchers étaient destinés à brûler toute la nuit afin de prendre en quelque sorte le relais du soleil, du crépuscule jusqu’à l’aurore. On chantait, on festoyait pour célébrer la gloire triomphante du soleil et l’épanouissement de la vie à travers le feu.
Cette tradition du solstice s’est vue remplacée par les feux de la Saint-Jean dès les débuts de l’époque chrétienne. La Saint Jean-Baptiste se fête le 24 juin ; c’est l’anniversaire non pas de la mort, mais de la naissance de Saint Jean-Baptiste, cousin de Jésus-Christ et dernier prophète. Enfant né miraculeusement d’une mère âgée et jusque-là stérile, il fut le précurseur, l’annonciateur du sauveur des hommes, Jésus-Christ. Sa naissance marque donc les débuts des mystères chrétiens de l’Incarnation et de la Rédemption, mystères de vie et de résurrection : grâce au Fils de Dieu fait homme et à son sacrifice, l’homme condamné à la mort éternelle par le péché originel peut renaître à l’éternelle vie dans le Christ. On ne pouvait célébrer cet événement que par des feux ; ce n’est pas un hasard si saint Jean-Baptiste est né au moment du solstice. Ainsi, alors que la Saint-Jean se fête le 24 juin, les réjouissances qui s’y associent et en particulier les feux débutent traditionnellement le 24 juin pour s’achever le 29, au moment de la fête des Saints Pierre et Paul. Il ne s’agit plus de célébrer le soleil et de prendre son relais, mais de se réjouir en souvenir du mystère de la Rédemption ; tout en restant réalistes et en demandant à Dieu de bénir les moissons qui vont arriver. Tout cela autour du feu, symbole de fécondité, de vie, de renouveau, de force.
Les feux de la Saint-Jean se sont profondément enracinés en France, au point de devenir des fêtes officielles ! Ainsi, le roi Louis XI qui aimait s’associer aux fêtes populaires alluma lui-même le feu à Paris en 1471 ; François Ier fit de même en 1542 ; puis Charles IX prit le relais en 1572 ; après lui, Henri III, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.
Pour nous, héritiers de cette civilisation chrétienne qui fit fleurir la France, nous allons perpétuer ce soir nos traditions en allumant le bûcher ; puis, le prêtre présent parmi nous le bénira, ce qui fera du feu un objet sacré qu’il faudra respecter. La veillée de la Saint-Jean pourra alors commencer.