Pierre Rostaing est né le 8 janvier 1909 à Gavet dans l’Isère.
Il s’engage dans l’armée française à dix-huit ans, et sert en Indochine, Algérie, Maroc et Tunisie jusqu’à ce que la guerre éclate, en 1939. Le deuxième bureau de l’armée l’envoie en tant que conseiller technique dans l’armée finlandaise, durant leur «Guerre d’hiver» contre les soviétiques, en 1939-1940.
De retour en France, il combat les allemands en mai-juin 1940.
Il est accepté dans l’armée d’armistice. Fervent patriote, il rejoint la Légion tricolore en octobre 1942. Il hésite à rejoindre la LVF, trop politisée à son goût. Finalement, il cède devant les railleries de camarades qui le traitent de lâche. Il quitte Versailles avec le sixième renfort, pour le camp d’entrainement de Kruszyna. Après avoir fini son entraînement, Rostaing est envoyé à l’est, en juin 1943, et assigné à la 9ème compagnie du 3ème bataillon.
Il bénéficie d’une permission courant décembre 1943, où il rencontre sa petite fille née il y a peu, et où il apprend sans surprise la fin de son couple, sa femme ne lui a pas écrit depuis son engagement.
Après le départ de Froideval, en janvier 1944, il devient l’adjoint de Jacques Seveau, chef de la section de chasse. Toujours au cœur des batailles dans les mois qui suivent, il en sort épuisé. On lui remet la Croix de fer IIème classe le 20 avril 1944. Rostaing est également détenteur de la Croix de Guerre Légionnaire.
Il est cité dans le « Combattant européen » du 15 avril 1944 : «Rostaing, Pierre, Adjudant, Section de chasse, 3ème bataillon: Sous-officier adjoint consciencieux et courageux, le 16 février à Raswada s’est jeté sur un tireur ennemi de F.M. malgré l’énergique défense de celui-ci a, quoique, légèrement blessé, réussi à s’emparer du F.M. »
Le passage à la Waffen-SS ne lui pose pas de problème, car il se sent encore lié par son serment antibolchevique. Rostaing est envoyé à la SS-Unterführerschule de Lauenberg, pour suivre une formation de chef de compagnie, et en ressort avec son grade équivalent de la LVF et de l’Armée française : Hauptscharführer.
II est assigné à l’état-major du 2èc bataillon du Waffen-Grenadier-Regiment der SS 58.
En Poméranie, il parvient à s’échapper lors de l’anéantissement du régiment de réserve dans la plaine de Belgard, à l’aube du 5 mars 1945. La division «Charlemagne » est réorganisée, et il est fait chef de la 6ème compagnie du bataillon SS 58, sous les ordres de l’Hstuf. Jauss.
Il prend ensuite la tête de la 3ème compagnie du SS-Sturmbataillon pour continuer le combat à Berlin. Rostaing mène sa compagnie au feu à Neukôlin, où il est blessé légèrement. Il détruit un char au Panzerfaust, dont les débris tuent son pourvoyeur et le blesse à la tempe, il tombe dans inahimé.
Quand il se réveille, il y a près de douze morts autour de lui.
A nouveau blessé et enseveli sous une maison, le 29 avril 1945 , alors qu’il guettait l’arrivée d’un char depuis son poste d’observation. Le char tira sur sa maison en même temps que quatre charges de Panzerfaust le firent voler en éclats ! Ses hommes le crurent morts rapportèrent la nouvelle à Henri Fenet, qui tint à se rendre sur le lieu. Rostaing revint à lui, à peu près dispos et parvint à sortir des ruines. Il retrouve ses camarades, dont Fenet qui, dans un rare moment d’affection, l’étreint dans ses bras.
Fenet organise après cela une brève cérémonie pour lui remettre la Croix de fer Ière classe, dans une librairie abandonnée. Proposé pour le grade d’Untersturmführer, il n’aura pas le temps d’être promu officier.
Rostaing est capturé le 2 mai 1945, tard en soirée dans le métro avec seize autres français.
Après être passé par plusieurs camps de prisonniers en Allemagne occupée, il est envoyé à Francfort-sur-Oder, où il est chargé de réceptionner les convois de prisonniers, d’août à octobre 1945.
Interrogé par la Croix rouge française, il répond la vérité tout naïvement, et est envoyé à Berlin. Les infirmières de la Croix rouge, malhonnêtes, lui avaient dit que l’amnistie avait été votée !
Amené à la prison de Tégel, surveillée par des matons français, il n’est rapatrié en France qu’en mars 1946. Il arrive en gare de l’est à Paris, le 16 mars, accueilli par une foule haineuse. Incarcéré à Fresnes pendant quinze jours, puis transféré à la prison Saint-Joseph de Grenoble. Jugé le 11 octobre 1946, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Rostaing avait précédemment fait l’objet d’une condamnation à mort par contumace. Peu après il est incarcéré à la prison de Riom, puis en mai 1947 à la prison de Fontevrault.
Il est libéré en le 16 octobre 1949. Il reste quelques mois à Paris, travaillant sur les marchés, avec un de ses frères, avant d’en partir, car il est interdit de séjour dans la capitale. Il rejoint son autre frère à Toulon, et devient manœuvre de bâtiment. Bénéficiante de la loi d’amnistie de 1951, à ce titre, il peut enfin bénéficier de sa pension militaire dut de ses quinze ans de service dans l’armée française.
Il se remarie peu après. Sa première femme avait obtenu le divorce durant son séjour au Front de l’est ; quant à la petite fille née de cette union, elle est décédée en bas âge.
Devenu artisan-maçon, il prend sa retraite près de la Méditerranée, où il écrit ses mémoires intitulées Le prix d’un serment. Publiées une première fois en 1975 (puis en 2002 et 2008), ces mémoires écrites par Pierre Demaret sont approximatives, bourrées d’erreurs et d’invraisemblances, notamment pour la partie sur la LVF. On ne peut que lui préférer le « Stoi » de Ruscone, qui a servi dans la même unité, la section de chasse.
Dans les années suivant la guerre, Pierre Rostaing est également actif dans les associations d’anciens combattants.
Il décède le 11 décembre 1996.