NOUS titrions la semaine dernière notre éditorial sur la possible diabolisation du mouvement des gilets jaunes par les pouvoirs publics et les grands médias. C’est désormais chose faite. Invité dimanche soir du Grand Jury sur RTL/Le Figaro/LCI, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin n’a pas fait dans la dentelle : « Ce ne sont pas les gilets jaunes qui ont manifesté (sur les Champs-Elysées le samedi 24 novembre), c’est la peste brune. Ce n’est pas parce que vous mettez un gilet jaune que vous ne portez pas une chemise brune en dessous », a-t-il tranché. Ces propos qui montrent le mépris de ce petit marquis poudré pour la France d’en bas qui souffre et qui souvent n’a même pas de quoi se chauffer ont suscité l’ire d’un certain nombre de responsables politiques de l’opposition mais le ministre n’a nullement retiré ni adouci ses propos depuis. Sur Twitter, il a au contraire confirmé : « Quand certains s’attaquent physiquement à nos concitoyens, à des journalistes, à des policiers et gendarmes, à des parlementaires, ce sont des méthodes d’extrémistes qu’il faut condamner et pas excuser. Ils n’ont rien à voir avec les honnêtes gens qui manifestent. Le nier, c’est blesser la République. » Outre que blesser la République devrait précisément être l’objectif des gilets jaunes tant ce régime exécrable et contre-nature les dépossède, les méprise et les nie dans leur existence et dans leur souffrance, il est faux de prétendre que les quelques violences et destructions qui ont eu lieu samedi soir soient le fait de ce que les media appellent « l’ultra-droite ». Cette violence est pour l’essentiel le fait des Black Blocs d’ultra-gauche qui sont coutumiers de ce genre d’agissements et qui profitent de rassemblements, de manifestations, de défilés pour casser, brûler et piller.
TOUJOURS est-il que le gouvernement, plutôt que d’essayer de répondre aux revendications, à la colère et à la détresse légitimes de millions de nos concitoyens entend s’en prendre à « l’ultra-droite ». Il faut dire que l’exécutif et les media ne peuvent éprouver aucune sympathie pour le mouvement des gilets jaunes dès lors qu’il est composé de Français de souche, de Blancs à plus de 95 %, souvent entre deux âges, très majoritairement entre 40 et 60 ans, de travailleurs des classes moyennes qui sont asphyxiés d’impôts, de taxes, de règlements tatillons, de contraventions, qui sont flashés par les radars automatiques au moindre petit excès de vitesse, et qui ont de plus en plus de mal à vivre décemment. Alors que les grands media sont toujours très discrets quand il s’agit de mettre en évidence les violences et déprédations commises par des « chances pour la France », la moindre barricade, le moindre accrochage avec des membres des forces de l’ordre font l’objet de commentaires désapprobateurs et ces incidents sont considérablement grossis, ce qui n’est évidemment ni innocent ni anodin.
FACE à ce mouvement populaire qui réagit contre la hausse continue et déraisonnable des carburants et contre la volonté du gouvernement d’imposer à nos compatriotes d’abandonner brusquement leur voiture essence ou diesel pour une électrique, que fait l’Exécutif ? Il envisage sérieusement de dissoudre des « groupuscules d’extrême droite ». Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a ainsi déclaré le lundi 26 novembre que les militants et groupements qualifiés d’extrême-droite faisaient l’objet de « toute l’attention des services centraux » et « il n’est pas exclu qu’interviennent des décisions de dissolution de tel ou tel groupe ». Le préfet a ajouté, toujours sur l’antenne de Cnews, que « la dissolution peut être la réponse juridique » pour mettre hors d’état de nuire ces mouvements jugés extrémistes. Parlant sans rire de “commandos” (comme si ces militants nationalistes avaient causé des morts ou des blessés graves, mais ne parlait-on pas aussi de « commandos anti-IVG » à propos des actions pacifiques et des prières de rue conduites par l’admirable et infatigable docteur Xavier Dor à l’approche des cliniques massacrant les enfants à naître ?), Michel Delpuech a expliqué que l’objectif de ces manifestants était de viser les institutions, qu’ils infiltraient, inspiraient et manipulaient sur les Champs-Elysées le mouvement des gilets jaunes et que des organisations « d’ultra-droite » pourraient donc être dissoutes. L’Obs a précisé que des groupements comme Génération identitaire et le Gud pourraient être visés, sans doute pour faire un exemple et montrer l’implacable fermeté du gouvernement envers « la peste brune ».
ON REMARQUE que les antifas qui ne sont pas avares de violences, de provocations et de déprédations ne sont nullement mis en cause, leur dissolution, leur interdiction n’est nullement évoquée, non plus que celles des Black Blocs. On voit donc une nouvelle fois que c’est la mouvance nationaliste qui est dans le viseur, comme l’avait déjà montré l’affaire Clément Méric en 2013 qui avait conduit à la dissolution de quatre mouvements dits d’extrême droite, Troisième Voie, les Jeunesses nationalistes de Serge Ayoub, les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac et l’Œuvre française d’Yvan Benedetti, les deux derniers mouvements cités, ce qui est un comble, n’ayant de surcroît absolument aucun lien, ni direct ni indirect, avec les acteurs de la bagarre qui a si mal tourné le 5 juin 2013. Mais la liste des dissolutions des mouvements dits d’extrême droite est impressionnante sous leur République. Ce fut le cas précédemment d’Unité radicale en 2002 après l’affaire Maxime Brunerie, du nom de ce jeune homme qui aurait essayé de tirer sur Jacques Chirac, toujours sur les Champs-Elysées, d’Ordre Nouveau en 1973 après un meeting organisé par ON contre l’organisation sauvage et perturbé par la Ligue communiste, du mouvement activiste Occident en 1968, de 1958 à 1960 de plusieurs mouvements défendant l’Algérie française, de Jeune nation au Front national des combattants en passant par le Parti nationaliste et en 1936 on se souvient de la dissolution des Ligues par le Front populaire.
On le voit, ce régime anti-national s’est toujours acharné sur les nationaux et nationalistes, sur la vraie droite. Et il n’a jamais changé depuis. Incapable de répondre aux aspirations du peuple qu’il méprise, il sait en revanche se montrer répressif envers tous ceux qui le contestent radicalement et le combattent vigoureusement. Car, comme l’écrivait déjà Maurras en son temps, « la République gouverne mal mais se défend bien ».
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Jérôme BOURBON
Editorial du numéro 3354 de RIVAROL daté du 28 novembre 2018.