IL FAUT SE PINCER pour y croire. Lors de sa conférence de presse en clôture du G20 en Argentine le 1er décembre, Emmanuel Macron n’a pas eu un mot pour les centaines de milliers de gilets jaunes qui expriment leur colère et leur détresse depuis la mi-novembre, il n’a pas développé une seule proposition, ni manifesté la moindre empathie, se contenant de condamner les pillages qui ont eu lieu en marge de la manifestation parisienne des gilets jaunes et balayant d’un revers de la main méprisant les questions sur ce sujet. C’est à se demander si la créature des Rothschild et d’Attali n’a pas totalement perdu le sens du réel. A force de ne fréquenter que des dirigeants de startups et des millionnaires, l’ex-banquier semble incapable de mesurer l’intensité de l’exaspération populaire. Même les préfets nommés par le pouvoir expriment pourtant leurs inquiétudes voire leur désarroi dans les colonnes du Monde sous le sceau de l’anonymat, ne comprenant pas l’autisme du Président et du gouvernement, le rocardo-juppéiste Edouard Philippe rappelant le Juppé de novembre-décembre 1995 qui se disait « droit dans ses bottes » et qui a tenu tête un mois durant aux manifestants contre la réforme des retraites du secteur public avant de céder. « Ce qui se passe est le fruit d’années de fragmentation de la société française, juge l’un des préfets. Pour l’heure, la réponse de l’exécutif est à côté de la plaque. » « Je suis très inquiet car le pouvoir est dans une bulle technocratique, renchérit un autre. Ils sont coupés de la France des braves gens qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Ils n’ont aucun code et aucun capteur. Nous, les préfets, pourrions leur donner des éléments mais ils ne nous demandent rien. Quand ils viennent sur le terrain, c’est parés de leur arrogance parisienne. » Que des préfets chargés d’exécuter les ordres du gouvernement déclarent cela au quotidien vespéral éclaire sur la gravité d’une situation que plusieurs représentants de ce corps de hauts fonctionnaires décrit comme « explosive et quasi insurrectionnelle », voire « pré-révolutionnaire ». Un mouvement des gilets jaunes qui regroupe des profils très différents : « Dans mon département, analyse un préfet, le mouvement agrège des travailleurs pauvres, des retraités avec de petites pensions qui s’estiment touchés dans leur dignité, des dirigeants d’entreprise de travaux publics confrontés à des hausses de prix des carburants et des patrons de sociétés de petite taille, qui affirment ne pas s’en sortir. » C’est une révolte des classes moyennes, des classes populaires et de la petite bourgeoisie contre l’oppression fiscale, l’augmentation continue des taxes et des impôts qui conduit à une perte très sensible du pouvoir d’achat et qui crée des conditions de vie de plus en plus difficiles.
Nous avons souvent écrit que tant que les assiettes seront pleines, que les caddies de supermarché seront remplis, les masses ne bougeront pas malgré l’injustice et la violence des politiques anti-sociales, anti-nationales et anti-familiales menées depuis un demi-siècle et qui s’aggravent chaque jour. Or il semble qu’un point de non-retour ait été franchi et que l’exaspération soit aujourd’hui à son comble. C’est qu’à l’approche de Noël beaucoup de parents disent qu’ils n’ont pas de quoi glisser un cadeau sous le sapin pour leur progéniture, qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts, qu’on leur parle fin du monde alors qu’eux s’angoissent pour leur fin de mois. L’augmentation du prix de l’essence et du diesel touche de plein fouet tous ceux qui habitent loin des centres villes, faute souvent de moyens, et qui doivent parcourir des kilomètres pour aller à leur travail, surtout en province. La voiture est pour la plupart des Français une nécessité. Diaboliser la voiture diesel ou essence, accroître sans cesse les taxes, exhorter à acheter des voitures électriques est incompréhensible, inacceptable, inaudible.
LE POUVOIR politique a rejeté bruyamment la morale chrétienne et les dogmes religieux mais il impose sans cesse de nouveaux dogmes dont la contestation est interdite : le dogme holocaustique, le dogme réchauffiste, le dogme de la transition énergétique et écologique, du développement durable, du commerce équitable, autant d’éléments de langage auxquels on nous demande d’adhérer les yeux fermés et qui impliquent que l’on paye toujours davantage. Au moyen de réparations, de taxes, d’amendes, d’impôts supplémentaires. Au profit exclusif des multinationales et de la finance internationale. L’alliance de la science, des puissances d’argent et des politiciens est chaque jour davantage une catastrophe absolue car l’on ne gouverne plus en fonction de l’intérêt général, du bien commun, on n’a plus souci du bien, du beau et du vrai, on sert exclusivement des intérêts mercantiles, par exemple les laboratoires pharmaceutiques avec l’industrie du cancer (chaque président a présenté en début de mandat son plan anti-cancer), les banques d’affaires de Wall Street et de la City avec le remboursement des intérêts de la dette.
On ne dira jamais assez de mal de la loi Pompidou-Giscard-Rothschild du 3 janvier 1973 qui a fortement contribué à l’endettement du pays en contraignant l’Etat à emprunter sur des marchés privés avec des taux d’intérêts prohibitifs alors que la Banque de France prêtait à l’Etat de très fortes sommes sans intérêts. La France a aujourd’hui une dette de 2 300 milliards d’euros. Au deuxième trimestre 2018, elle a encore augmenté de 1,1 %. L’endettement de la France équivaut à 99 % du PIB. C’est-à-dire que le montant de la dette publique est aussi élevé que toutes les richesses produites par la France en un an, c’est inouï ! Et la France a déjà payé plus de 1 400 milliards d’euros d’intérêts à des prédateurs financiers depuis quarante ans. Au détriment du peuple, du développement, de la richesse du pays. Il est important de poser les bonnes questions : on fait payer au peuple les intérêts de la dette avec une surfiscalisation des carburants mais d’où vient la dette, qui la fait payer, et qui la touche ? De la réponse donnée à ces questions dépend en partie la suite des événements.
On aura en tout cas noté que les représentants et amis de la finance anonyme et vagabonde ont tout de suite compris que le mouvement des gilets jaunes menaçait leurs intérêts. Aussi ont-ils réagi rapidement et sans nuance. Le B’nai B’rith qui ne s’exprime de manière publique que rarement a jugé urgent dans un communiqué de dénoncer le populisme qui pourrait incendier la République car le B’nai B’rith sait bien que la République en France est par essence judéo-maçonnique et que ce qui menace la République n’est pas bon pour la communauté. Bernard-Henry Lévy, Alain Finkielkraut, les cinéastes Goupil et Kassovitz ont manifesté leur mépris et leurs inquiétudes à l’égard des gilets jaunes car ils sentent confusément que ce mouvement populiste a des relents antisémites. De même que M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les gilets jaunes combattent à leur insu l’étoile jaune.
D’OÙ la stratégie de pourrissement et du chaos tentée par le pouvoir. Les violences et les pillages du 1er décembre à Paris montrent que les parasites du bas (les antifas, les Black Blocs et les racailles de banlieue) qui sont généralement des assistés vivant d’aides sociales, de RSA et qui se moquent éperdument des revendications des gilets jaunes et de la détresse populaire, sont les alliés objectifs des parasites du haut (le gang Attali, Rothschild et consorts). N’importe qui peut revêtir un gilet jaune sans rien avoir de commun avec ce mouvement d’essence essentiellement poujadiste. Il s’agit pour le pouvoir de laisser les violences et pillages se donner libre cours pour rendre le mouvement impopulaire, le discréditer, le dévoyer, et ainsi le tuer dans l’œuf.
Il n’est pas sûr cependant que la stratégie soit payante au final vu le degré d’exaspération d’un grand nombre de nos compatriotes. Et même ceux qui ont fait preuve de retenue jusque-là pourraient se montrer plus vindicatifs demain si le pouvoir s’obstine dans son arrogance et son mépris. La Manif pour tous qui était très propre sur elle et n’a commis aucune violence ni déprédations a échoué malgré les millions de Français qui ont défilé. Le « mariage pour tous » a été voté, promulgué et appliqué, y compris par les édiles qui avaient manifesté contre. Sans nullement se confondre avec les casseurs et les pilleurs professionnels, du type Black Blocs, des Français exaspérés et pensant n’avoir plus rien à perdre pourraient perdre patience et devenir eux aussi très turbulents en réponse à la violence qui leur est opposée par les pouvoirs publics depuis des décennies (impôts massifs, Grand Remplacement, destruction de la famille et de la civilisation, théorie du genre…) Il suffit parfois d’une allumette (l’augmentation de la taxe sur les carburants) pour qu’un incendie se déclare et dévaste tout sur son passage.
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Jérôme BOURBON
Editorial du numéro 3355 de RIVAROL daté du 5 décembre 2018
Il faut que çà pète! Il n’y a rien d’autre à attendre…