Les élections municipales auront-elles lieu comme prévu les 15 et 22 mars ? En principe oui, mais on se demande si la crainte engendrée par l’extension — jusque-là relative — du coronavirus ne va pas déboucher sur une forte abstention à l’occasion d’un scrutin qui, de toute façon, ne semble pas passionner les foules, alors même que les élections municipales ordinairement intéressent davantage les citoyens que beaucoup d’autres scrutins où la proximité avec les élus est à peu près nulle. Le coronavirus, quelle que soit l’utilisation qui en est faite par les dirigeants politiques qui œuvrent à une gouvernance mondiale et à la révolution arc-en-ciel, démontre la fragilité, la vulnérabilité de nos sociétés. Un virus suffit à saper l’économie de pays entiers, à les paralyser, à les déstabiliser. Et ce d’autant plus que nous vivons dans un village planétaire où la notion de frontières, de protection, de confinement n’existe quasiment plus. L’idéologie anti-discriminatoire nous a complètement désarmés et voilà que tout à coup on nous parle de mise en quarantaine, d’isolement, de confinement, voilà que l’on empêche des déplacements, des sorties, que des pays bloquent leurs frontières, interdisent l’entrée de ressortissants de pays contaminés sur leur territoire national. Il arrive même que le diable porte Pierre : le dîner du CRIF qui devait avoir lieu le 3 mars a été reporté sine die au dernier moment, par crainte du coronavirus, tandis que la Marche des vivants à Auschwitz-Birkenau a été ajournée. C’est à se demander si le coronavirus n’est pas quelque peu antisémite !
Trêve de plaisanterie, il faut reconnaître que nos sociétés sont très fragiles. Ce sont des colosses au pied d’argile. Et il ne faut pas grand-chose pour les déstabiliser fortement. On peut toutefois s’étonner que l’on ferme des églises, que l’on vide les bénitiers. C’est au moment des dangers, des crises, des épreuves, des pandémies que la prière est la plus nécessaire et la plus urgente. On privilégie l’hygiène au recours à Dieu, comme si la Providence ne gouvernait pas l’univers et n’était pas à même de répondre efficacement aux supplications sincères des croyants. Lorsque la nature se déchaîne, que des maux frappent la terre, c’est une illusion et une imprudence de s’en remettre d’abord et seulement à l’homme. Dans ces tristes événements, on voit à quel point on a perdu tout sens du surnaturel et à quel point on inverse les priorités. « Commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l’athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien. Le monde de ceux qui n’ont pas de mystique » écrivait déjà Charles Péguy dans Notre jeunesse (1910). Et Gilbert Keith Chesterton lui faisait écho, quinze ans plus tard, dans L’Homme éternel (1925) : « Otez le surnaturel ; il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel. »
Le coronavirus a certes des explications naturelles. Le Docteur Lyons-Weiler de l’Institut des connaissances pures et appliquées a montré et expliqué comment la séquence génétique du coronavirus (l’information a été rendue publique par la Chine) contient un « fragment intermédiaire », unique codant pour un SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), protéine de pointe qui semble, selon son analyse génomique, avoir été insérée artificiellement dans le virus 2019-nCoV. Il serait bon à ce propos de ne pas ignorer que l’épicentre du séisme épidémiologique se trouve dans la seule ville de Chine abritant un laboratoire virologique P4 (de sécurité maximale et situé à une trentaine de kilomètres dudit marché de fruits de mer incriminé), construit par le groupe Sanofi en partenariat avec la France et solennellement inauguré en janvier 2015 par le professeur Lévy, conjoint de Madame Buzyn, ministre de la Santé il y a encore quelques semaines. Dans cette perspective on comprend mieux le souci du Bureau des politiques scientifiques et technologiques de la Maison-Blanche (OSTP) d’identifier précisément l’origine de la pandémie, peut-être accidentelle (ou peut-être intentionnelle), mais qui en tout cas pourrait dévoiler des recherches illicites en matière de guerre biologique, recherche en principe interdite par les conventions internationales, mais que les Etats-Unis ne se privent pas de poursuivre discrètement, non plus que la France, pionnière dans les domaines bactériologique et virologique.
Mais on peut aussi se demander, d’un point de vue surnaturel, si ce virus n’est pas une forme de châtiment pour un monde qui s’éloigne chaque jour davantage, de manière dramatique et impressionnante, de la morale et du bon sens, qui se moque de Dieu et de la nature et qui se précipite chaque jour davantage vers l’abîme. Nous vivons en effet aujourd’hui conjointement la réactivation de trois épisodes funestes de l’Ancien Testament : la tour de Babel avec le mondialisme, la volonté d’unification mondiale et de gouvernance planétaire, le veau d’or avec la financiarisation du monde, le triomphe de l’usure et d’un monde marchand et Sodome et Gomorrhe avec la toute-puissance du lobby LGBT encouragé et promu par les cénacles mondialistes.
Mais le coronavirus ne suffit pas à lui seul à expliquer le manque d’engouement des électeurs pour ces élections municipales qui ont lieu après quelque trois ans de macronisme. La vérité, c’est que le système démocratique, ou ce qui en tient lieu, ne suscite plus l’enthousiasme populaire. Alors qu’à en croire ses sectateurs, l’avènement de la démocratie universelle devait assurer le bonheur de l’humanité enfin parvenue à un âge adulte, on observe au contraire un peu partout à la surface du globe un certain désenchantement, une indifférence sans cesse grandissante des citoyens, quand il ne s’agit pas d’un dégoût caractérisé, à l’égard des rites de ce système désormais mondial. Ce désintérêt, voire ce désaveu des peuples, se manifeste par différents signes concordants. Le niveau de participation électorale ne cesse de baisser dans la plupart des pays occidentaux. Depuis le début de la Ve République, la participation aux différents scrutins a décru de façon quasiment constante, même pour l’élection reine du système, la Présidentielle. Ce phénomène n’est pas seulement français. Les pays anglo-saxons, avec leur système de bipartisme, connaissent depuis longtemps une forte abstention, d’environ 50 % pour les scrutins présidentiels. Bill Clinton fut ainsi le président le plus mal élu de toute l’histoire des Etats-Unis ne réunissant sur son nom en 1992 que 42 % des suffrages exprimés mais à peine 20 % des inscrits. D’aucuns pensent que l’extension du champ du référendum et la création du référendum d’initiative populaire permettraient aux citoyens de voter à nouveau massivement. Or, l’exemple suisse tend à infirmer cette vision des choses. Les votations populaires qui se pratiquent dans la Confédération helvétique sur les sujets les plus divers et parfois les plus insolites se caractérisent précisément par une très modeste participation du corps électoral, comme si, en définitive, trop de votes tuait le vote.
Autre signe tangible de désaffection, l’effondrement des effectifs des partis politiques mais aussi des centrales syndicales qui sont pourtant les deux piliers du système démocratique. Même s’il est impossible de connaître le nombre exact des membres de chaque formation politique, le mensonge sur les chiffres étant général et la pratique des fausses cartes très répandue, il est aujourd’hui évident qu’aucun parti français n’est capable d’attirer à lui, ne serait-ce que quelques centaines de milliers d’adhérents. La démobilisation des masses se manifeste également dans la raréfaction des défilés, des manifestations de rues, des cortèges, des réunions publiques qui ne comptent au maximum que quelques milliers de participants. Où est le temps des immenses rassemblements du RPF de De Gaulle ou du PCF de Thorez ?
En fait, l’évolution de la société rend beaucoup plus difficile le militantisme politique et même le débat d’idées. Les Français qui disposent presque tous de la télévision la regardent en moyenne trois heures et demie par jour, temps qui est irrémédiablement perdu pour la lecture, la réflexion, la vie intérieure ou l’engagement politique. Par ailleurs, l’extension vertigineuse de la publicité commerciale, la prise en otage de la presse par de grands groupes bancaires ou industriels ont considérablement raréfié le nombre des journaux d’opinion. Avant-guerre, et même jusqu’à la fin des années soixante, il existait un nombre de périodiques balayant tout le spectre politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite. De surcroît les lignes éditoriales étaient fort dissemblables. Or, aujourd’hui, quelles sont les différences réelles entre Le Monde, Libération et L’Humanité ? Peut-on encore parler d’une droite et d’une gauche lorsqu’un Franz-Olivier Giesbert peut passer sans aucune difficulté de la direction de la rédaction du Nouvel Observateur à celle du Figaro, comme ce fut le cas en 1988 ? Par ailleurs, l’affichage politique est soumis à des règles tellement draconiennes qu’il est en voie de disparition au profit des publicités commerciales et notamment des annonces et photographies à caractère pornographique.
Mais là n’est pas l’essentiel. La dépolitisation des masses s’explique surtout par l’estompement, voire la disparition, des divergences philosophiques, politiques et programmatiques entre la gauche et la droite. Le macronisme est d’ailleurs un des signes et une des conséquences de cet effacement des clivages. La gauche s’étant ralliée dans presque toutes ses composantes à l’économie de marché et au capitalisme mondialisé, la droite s’étant soumise aux oukases moraux et intellectuels de la gauche, la classe politique apparaît de plus en plus comme un tout indifférencié. Il n’est plus de débat d’idées, d’affrontements idéologiques. Rien ne le manifeste davantage que l’évolution de la droite parlementaire ces dernières décennies. En 1986, la plate-forme RPR-UDF de gouvernement comprenait un certain nombre de mesures de bon sens dont le seul énoncé paraîtrait aujourd’hui inimaginable telle la réforme du code de la nationalité selon le droit du sang. De même, avant leur retour aux affaires en 1993, ces deux partis avaient organisé des colloques, des états généraux de l’opposition destinés à se doter d’un programme politique, certes déjà passablement recentré par rapport à celui de 1986. Or, à l’heure actuelle, ce qu’on appelle la droite est incapable d’énoncer la moindre proposition, de formuler une quelconque ébauche de programme pour proposer une alternative à Macron.
Il n’y a plus de droite en France. Historiquement la droite était portée par le catholicisme. L’effondrement de la foi et de la pratique religieuse a conduit progressivement tous les partis politiques à délaisser la défense de la patrie, de la famille, de la vie, de la morale, des corps intermédiaires, de la civilisation. La jurisprudence de Nuremberg a fait le reste en tétanisant ou en diabolisant tout ce qui restait encore de droite. De sorte que, selon le principe du cliquet, lorsqu’une réforme désastreuse est votée par la gauche, on peut être sûr que la droite ne revient jamais dessus. C’est vrai de l’abolition de la peine de mort, des régularisations puis des naturalisations des immigrés clandestins, du remboursement de l’avortement, de l’institution du Pacs, du “mariage” homosexuel, de l’ouverture de la PMA aux lesbiennes, etc. Ces réformes détestables de la gauche n’ont jamais été remises en question publiquement et clairement par aucun des partis et personnalités classés à droite de l’échiquier politique. Pis, l’on peut être sûr que lorsque la gauche soumettra aux suffrages des parlementaires l’octroi du droit de vote aux étrangers extra-européens aux élections locales, il se trouvera des députés et des sénateurs de l’opposition pour mêler leurs voix à celle de la majorité. Même chose pour l’euthanasie. Ce n’est pas nouveau : lorsque l’Assemblée nationale avait autorisé en 2000 à la quasi-unanimité la distribution gratuite de la pilule du lendemain à l’école les sénateurs de droite s’étaient surpassés en veillant à ce que le Norlévo puisse également être à la disposition des adolescentes pendant les vacances scolaires !
Au fond, ce qui compte désormais, c’est de se montrer dans des émissions de divertissement à la télévision, de paraître le plus sympathique, le plus drôle, de jouer les modestes, de pratiquer tour à tour l’autodérision et la repentance. Aux Etats-Unis c’est Bill Clinton qui hier se ridiculisait dans un sketch télévisé d’une dizaine de minutes ; en France c’est à celui qui sera invité le premier à une émission de variétés. Ainsi l’on a vu tour à tour Giscard jouer de l’accordéon, Jospin interpréter « Les feuilles mortes », Laguiller chanter Pierre Perret, les politiciens s’asseoir sur le divan de Drucker, puis, pire encore, aller chez Hanouna ! C’est la guignolisation de la vie politique. Les hommes publics sont devenus des saltimbanques, des intermittents du spectacle. Puisqu’ils n’ont plus rien à dire ni à proposer, puisque le vrai pouvoir est ailleurs qu’en leurs mains, puisqu’ils sortent des mêmes écoles, ont les mêmes idées ou plutôt la même absence d’idées, puisqu’ils sont soumis aux mêmes forces occultes, aux mêmes lobbies financiers, qu’ils sont les zélés serviteurs de l’Union européenne, de l’Otan, de l’ONU et du mondialisme américano-sioniste, il ne leur reste plus qu’à se grimer, à faire le clown et à chercher à nous amuser, à nous attendrir ou à nous apitoyer.
Jamais sans doute le cynisme n’a atteint un tel degré. On ne compte plus les promesses non tenues, les revirements incessants (Jacques Chirac fut en la matière un champion toutes catégories, ses retournements de veste étant légion, de l’Europe au quinquennat, de la parité à la réforme de la justice, ce qui ne l’a pas empêché de réussir une magnifique carrière politique et de caracoler longtemps dans les sondages malgré ses casseroles tintinnabulantes). Quant à la corruption sous toutes ses formes, elle est générale. Trafics d’influence, abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, recels, emplois fictifs, blanchiments d’argent, la liste est longue des crimes et des délits commis sans vergogne par nos responsables politiques de tout l’échiquier, même par ceux qui clamaient pourtant qu’ils pouvaient se montrer « tête haute et mains propres ». Comment les électeurs n’auraient-ils pas un sentiment de nausée devant une telle putréfaction ? D’autant que ce phénomène dépasse de loin les frontières hexagonales. L’Italie avec l’opération Mani Pulite, l’Allemagne avec le financement illégal de la CDU d’Angela Merkel, le Royaume-Uni avec les affaires touchant les travaillistes, les Etats-Unis avec tous les scandales financiers entourant les dernières présidences, ne sont pas non plus épargnés par ces dérives qui affectent l’ensemble du monde politique occidental (mais pas seulement lui : l’Afrique et les pays de l’Est sont mis en coupe réglée par des mafias ne reculant devant rien). Ces agissements témoignent d’une perte du sens de l’honneur, du devoir et en disent long sur l’état de délabrement moral et spirituel de nos “élites” et de nos sociétés. Oh certes l’homme étant l’homme, la corruption a existé dans tous les régimes, à toutes les époques, sous toutes les latitudes. Mais jamais sans doute nous n’avons connu à l’échelle de la planète un tel triomphe du cynisme, de l’irresponsabilité, du mensonge et de la malhonnêteté.
En tout état de cause, on ne saurait nier que les démocraties connaissent une crise structurelle, comme si elles étaient parvenues au terme de leur cycle historique. Elles ne voient en l’homme qu’un agent économique, un consommateur, un jouisseur. L’Europe anonyme et vassalisée qu’on nous propose avec son marché unique, sa monnaie unique, demain son gouvernement unique, n’a pas de quoi déclencher l’enthousiasme populaire. De surcroît, nos démocraties, prétendument désireuses d’apporter la liberté, s’assimilent de plus en plus à des régimes totalitaires : par l’oppression fiscale qui dépossède les gens du fruit de leur travail, par une administration tatillonne et tentaculaire qui empoisonne la vie des gens au quotidien, par des contrôles routiers excessifs et liberticides, par une Police de la pensée sans cesse plus sourcilleuse qui empêche de s’exprimer librement sur des sujets toujours plus nombreux : la politique d’immigration, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, la doctrine catholique concernant le nouvel Israël, la question juive, les races, l’homosexualité, l’existence, la légitimité et le comportement de l’entité sioniste, etc.
Pour autant, s’il y a bien une crise profonde et durable des démocraties, il serait hasardeux de parier actuellement sur leur prochain effondrement. On ne saurait en effet mésestimer la force colossale du système actuel qui détient tous les pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) mais aussi tous les contre-pouvoirs (syndical et associatif, économique et scientifique, éducatif et médiatique, spirituel et culturel) et qui tire sa force de l’alliance des politiques et des puissances d’argent. D’autre part, si les gens adhèrent de moins en moins activement aux rites de la religion démocratique, il est illusoire de croire qu’ils sont hostiles dans leur grande majorité à son principe. Nous vivons en effet à une époque où le fait d’être républicain et démocrate apparaît comme une évidence tranquille. Et si par miracle des individus échappaient au formidable pouvoir de sidération du mirage démocratique, ils resteraient néanmoins prisonniers du système. Parce qu’il faut bien gagner sa vie et donc faire des concessions, montrer patte blanche. Parce que les gens sont souvent très endettés, parce qu’ils vivent grâce à des aides et des allocations diverses que le régime leur verse comme une pitance. Parce que surtout le matérialisme ambiant annihile toute forme de révolte radicale. Pour aller défier un pouvoir, il faut n’avoir plus rien à perdre. Or, qui peut dire dans la société actuelle qu’il n’a rien à perdre ? Au reste, pourquoi les gens se plaindraient-ils ? On les distrait avec les jeux télévisés qui ne cessent de croître en nombre et en imbécillité ; on leur fait miroiter la possibilité de gagner des sommes astronomiques sans aucun mérite ni effort de leur part. Et puisqu’il faut évacuer l’agressivité inhérente à la nature humaine, par la technique de la diabolisation, on leur jette en pâture à chaque équinoxe un grand méchant loup contre lequel tout est permis, tour à tour Saddam Hussein, Slobodan Milosevic, Jean-Marie Le Pen, Jörg Haider, Kadhafi voire aujourd’hui Vladimir Poutine et surtout le chef d’Etat syrien. Ainsi le citoyen se satisfait de son sort, se félicitant de ne pas devoir subir le joug de tels monstres.
Si les démocraties ne sont sans doute pas près de s’éteindre, c’est qu’au fond elles ont terrassé ou mis hors d’état de nuire tous leurs adversaires potentiels de sorte qu’il n’y a pas aujourd’hui d’alternative crédible à leur opposer. Le retour à la royauté ne résout rien, dès lors que les princes sont eux-mêmes d’ardents propagandistes des idées libérales et démocratiques. Le coup de force est illusoire, non seulement parce que sous nos climats l’armée et la police ont une solide tradition légaliste (on l’a encore vu de manière évidente au moment du mouvement des gilets jaunes !) mais surtout parce que l’institution militaire est en voie d’extinction et que ses reliquats sont métissés, colorisés à l’image de la société plurielle, gangrenés par la franc-maçonnerie ou paralysés par le carriérisme et la lâcheté. Quant à l’Eglise catholique, qui lutta longtemps contre le libéralisme philosophique et politique, elle est depuis la mort de Pie XII occupée, occultée et éclipsée par des intrus modernistes et apostats qui se font les sectateurs les plus zélés du démocratisme, du droit-de-l’hommisme, de l’antiracisme unilatéral et du shoahtisme empêchant ainsi tout ressourcement spirituel, du moins dans ses structures “officielles”. De surcroît il est raisonnablement impossible d’envisager une arrivée au pouvoir par les urnes d’une droite de conviction ; d’ailleurs aucun bouleversement historique majeur n’a jamais eu lieu par les élections d’autant qu’actuellement le pouvoir échappe pour l’essentiel aux responsables politiques, aux gouvernements nationaux. Au reste, même si la droite nationale gagnait les élections, que se passerait-il ? Croit-on qu’on lui laisserait le champ libre ? C’est peu probable. Qu’on se souvienne de ce qui s’est passé en 1991 lorsque le FIS en Algérie avait largement gagné des élections législatives presque aussitôt annulées et en France de la quinzaine de la haine en 2002 entre les deux tours de la présidentielle. Ou alors il faudrait que l’on soit sûr que son arrivée au pouvoir ne représente une menace pour personne. Et en effet vu l’évolution de la plupart des droites nationales (ou de ce qui en tient lieu) en Europe depuis le début des années 2000, elles ne constituent plus un danger réel pour le Système (à supposer qu’elles en aient jamais constitué un).
Les révolutionnaires influencés par les conceptions mécanistes héritées de la philosophie cartésienne ont longtemps pensé que, par le recours au suffrage universel, on pouvait asservir le peuple sans que ce dernier s’en aperçût, les structures mentales de l’homme leur apparaissant comme une pellicule, un disque dur qu’il suffirait d’effacer et de remplacer par un autre. Puis ils se sont rendu compte que les gens pouvaient ne pas être aussi malléables qu’ils l’avaient imaginé, qu’ils pouvaient ne pas toujours voter comme il le fallait. C’est pourquoi historiquement sont apparus des mécanismes juridiques ou administratifs de contrôle de la légitimité et de la constitutionnalité des lois selon des critères parfaitement arbitraires afin que le peuple ne mît pas en péril les desseins des forces occultes. Si par impossible les citoyens décidaient aujourd’hui par référendum d’instituer des mesures de préférence ou d’exclusivité nationale, le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel censureraient ce vote populaire. De plus, les instances européennes bruxelloises fulmineraient aussitôt des sanctions.
C’est dire qu’il est bien difficile d’envisager à vue humaine un redressement de notre pays, de notre civilisation. D’autant que deux siècles de démocratie ont engendré une crise du sens, une perte des repères sans précédent. De plus, toutes les autorités ont été délégitimées au nom de la démocratisation et de l’égalitarisme qui lui est consubstantiel. Or, à force de briser les institutions, de fouler au pied toutes les valeurs et tous les principes, on finit par aboutir au règne du néant et de l’absurde, à une société atomisée, dépourvue de sens. Celle dans laquelle nous devons survivre. Mais notre honneur est de continuer à nous battre, à résister, à lutter car, selon l’adage, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Et c’est lorsque la nuit est la plus profonde et les ténèbres les plus épaisses qu’il est beau de croire à la lumière.
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RIVAROL.
Editorial du numéro 3415 de RIVAROL daté du 11 mars 2020