Nous publions ci-dessous la traduction1 d’un entretien accordé par Ilias Kasidiaris, député au parlement grec et porte-parole de l’Aube dorée (XA, Χρυσή Αυγή), à Makis Kouris, journaliste au quotidien grec Παρόν (Présent). Il s’agit, ce qui explique le ton antinational et provocant des questions, d’un journal du système.
Journaliste : Tous ces mois, durant lesquels vous et votre chef avez été emprisonnés, avez-vous réfléchi aux actes provocateurs, extrémistes, menaçant à l’encontre des citoyens, aux armes avec lesquelles vous faisiez des entraînements et qui ont servi de preuves aux autorités qui les ont utilisés pour porter des accusations contre vous et vous emprisonner ?
Kasidiaris : Il n’existe aucune législation qui permette de poursuivre quelqu’un pour avoir un « comportement provocateur », ni parce qu’il détient un fusil de chasse déclaré et qu’il s’est pris en photo avec. Les deux magistrats du parquet et le procureur Ntogiakos ont porté des accusations contre nous parce que ce sont les marionnettes du gouvernement Samaras2. Ce n’est pas seulement mon opinion personnelle, c’est aussi ce qu’a dit Samaras à son propre bras droit, Panagiotis Baltakos3.
Malheureusement, les révélations de Baltakos sur le viol de la constitution et cette parodie de justice ont été étouffées avec la complicité de SYRIZA4 ! Selon le procureur, même si je n’ai pas moi-même commis un crime, il affirme que j’aurais pu donner mon fusil à quelqu’un d’autre pour commettre des crimes.
Vous comprenez le ridicule de la situation ? Mon argument précis était que le fusil est inscrit à mon nom et que si un crime a été commis, je devais être le principal suspect. Leur réponse fut incroyable ! Ils ont dit que des inconnus pouvaient ne pas avoir tiré avec mon fusil, mais qu’ils pourraient l’avoir utilisé afin de « briser le moral » de nos adversaires5. En outre, l’autre motif qu’ils ont utilisé pour justifier ma détention provisoire est que mon arme (que j’ai acheté 300 euros dans un célèbre magasin d’Athènes, dont la plupart des pièces sont en plastique, et que possèdent de façon totalement légale des dizaines de milliers d’autres Grecs) est considérée comme pouvant être utilisée en temps de guerre.
« Le parlement est devenu un repaire de la corruption politique et la voix forte de l’Aube dorée est la seule qui fait trembler les corrompus, les voleurs et les escrocs ».
J. : Pourquoi possédiez-vous fichiers vidéo et des photos de tous ces entraînements physiques et militaires ? Aucun autre parti politique ne s’entraîne avec des armes ?
Kasidiaris : Je ne suis jamais apparu dans aucun camp d’entraînement ni démonstration militaire comme le ministre de Nouvelle démocratie Papadopoulos l’a fait, escorté par des hommes armés en tenue camouflée. J’ai vu Mme Kanelli6, M. Papoulias7 et M. Avramopoulos8 tirer, y compris avec des mitrailleuses automatiques militaires9. J’ai aussi vu des membres organisés du parti communiste s’entraîner aux arts martiaux au prétexte « d’activité du parti ». Chacune des armes que je possède a été entièrement autorisée et enregistrée par la police grecque. J’ai pratiqué officiellement le tir sportif depuis 1999, soit pendant quinze années et j’ai participé à des centaines d’épreuves ; j’apprécie grandement les armes légères. Toutes ces activités sont conformes à la loi et ne contreviennent en rien à la législation.
J : Selon vos accusations, tous les juges se sont entendus pour vous mettre en prison. Cela est-il possible ? Les magistrats, procureurs et enquêteurs, tout à coup, auraient décidé de s’attaquer frontalement à l’Aube dorée ?
Kasidiaris : Votre question est fondée sur un énorme mensonge. Nous n’avons jamais dit qu’il s’agissait de tous les juges, nous avons nommé spécifiquement certains juges et certains fonctionnaires qui donnent une mauvaise image de l’ensemble des juges. Lorsque le ministre de la Justice reconnaît au Parlement qu’il a passé un appel téléphonique au procureur général, Anarita Tsami, au cours de l’interrogatoire de Nikolaos Michaloliakos, vous pouvez imaginer à quel point le gouvernement intervient dans le fonctionnement de la Justice. […]10.
Malheureusement, en Grèce, les tribunaux sont tragiquement infectés par un système politique corrompu. C’est pourquoi les voleurs, au lieu d’être en prison, se trouvent au Parlement et votent les mémorandums mortels11. Voyez à ce propos l’entretien récent du procureur Mouzakit, qui confirme absolument ce que je dis.
J : Vous n’avez aucune responsabilité dans rien ?
Kasidiaris : J’endosse l’entière responsabilité de chacun de mes propres actes. Bien sûr, j’ai commis des erreurs. Il n’y a que les gens qui agissent qui peuvent commettre des erreurs, contrairement à ceux qui ne font rien. Mais je n’ai commis aucun crime. À moins que vous ne considériez que c’est un crime de gifler Liana Kanelli12, alors qu’il s’agissait simplement d’une réponse à ses attaques et insultes qu’elle m’a d’abord infligées.
J : Si demain vous sortez de prison, utiliseriez-vous les mêmes tactiques qu’à Meligalas, aux Thermopyles, avec des attaques contre les vendeurs ambulants étrangers ou comme l’assassinat de Pavlos Fyssas13 ?
Kasidiaris. La manifestation à Meligalas fut une erreur de communication. Elle fut le fait de ma propre initiative, spontanément. Je pensais qu’on ne devait pas aller sur un lieu de sacrifice comme à un pique-nique. Si vous regardez la vidéo attentivement, vous verrez que nous ne sommes pas une organisation paramilitaire parce que la foule ne marche pas au pas. La cérémonie aux Thermopiles était sous ma propre responsabilité, certains disent qu’elle fut exagérée. Écoutez les paroles de Simonide de Céos14 pour Léonidas et les 300 : la cérémonie était inspirée par l’antiquité grecque. En dernière analyse, je ne peux pas trouver quoi que ce soit de mal à cela.
Nos actions contre le marché noir à Rafina et Messolongi étaient symboliques et aucune personne n’a été blessée. Nous n’avons attaqué aucun revendeur ; seules quelques boîtes en carton de produits de contrebande ont été écrasées au sol.
Notre député Kostas Barbarousis et d’autres membres de l’Aube dorée qui ont été accusés de cela ont tous été triomphalement reconnus innocents par un tribunal il y a quelques jours.
Pas un seul journal ou médiat n’a mentionné quoi que ce soit à ce sujet !
La main qui a assassiné Fyssas a commis le même geste d’assassinat politique contre l’Aube dorée. Dès le premier instant, nous avons condamné le crime alors que dans le même temps, au palais présidentiel, ils le célébraient parce qu’ils avaient trouvé l’occasion d’attaquer l’Aube dorée. C’est le plus sombre assassinat dans les annales du nouveau régime. L’homme qui est appelé le tueur de Keratsini, qui se nomme Dimou, est laissé en liberté. La bande vidéo dans un magasin à proximité n’a jamais été récupérée par la police. Il semble que, 10 jours après le meurtre, Papagianopoulos, le chef de la police grecque, a réclamé la bande, mais il ne l’a jamais reçue parce que la bande avait été effacée et rien n’a pu être récupéré.
Selon les premiers témoignages des agents de police arrivés sur la scène du crime, il y avait juste le meurtrier, la victime et quatre officiers de police de l’équipe « Dias ». L’équipe « Dias » n’est jamais intervenue et a laissé deux citoyens s’entretuer !
J : Maintenant que des élections pour le président de la République vont avoir lieu, s’ils ne vous permettent pas de sortir de prison pour aller voter, allez-vous démissionner comme le feront tous vos autres élus ?
Kasidiaris : La constitution est déjà annulée par la privation du droit de vote des membres actifs [du Parlement]. Cela est évident, mais il ne se trouve pas une voix parmi les prétendus « démocrates » pour dire quelque chose à ce sujet. S’ils essayaient d’élire un président avec moins de 180 votes à cause de notre détention illégale, nous démissionnerions tous et cela mènera le pays à de nouvelles élections.
J : Et si certains élus ne démissionnent pas, quelle sera votre réaction ?
Cela ne se produira pas.
J : Lors du procès, si le tribunal ne permet pas qu’il soit couvert en direct par les médiats, comment réagirez-vous ?
Kasidiaris : Il n’y aura probablement pas de procès contre nous, parce qu’ils n’ont rien contre nous, mais s’ils le faisaient, nous exigerions immédiatement la publicité des débats. C’est la seule façon pour les gens de connaître et de comprendre le complot politique qui se déroule contre la troisième force politique de ce pays. Nous avons déjà lancé un appel à la Cour européenne des droits de l’homme et des dizaines de nationalistes membres du Parlement européen viendraient à Athènes en tant que témoins pour observer.
J : Comment expliquez-vous le fait que vos deux députés du parlement européen n’utilisent pas votre vocabulaire et n’ont jamais créé de problèmes au sein du parlement de l’UE comme vous-même en avez créés dans le passé au parlement grec ? Pourquoi n’ont-ils pas participé aux camps d’entraînement ?
Kasidiaris : Tout d’abord, nous avons trois membres du parlement européen, pas deux. Ces trois membres du parlement suivent la ligne officielle de l’Aube dorée. Nous avons posé plus de mille questions auxquelles personne n’a jamais répondu. Nous avons réalisé un excellent travail parlementaire qui étonne tout le monde.
Nos membres du parlement n’ont pas eu à subir Venizelos debout en face d’eux les insultant et les provoquant comme cela m’est arrivé quand je l’ai l’interrogé sur la liste Lagarde15. Alors oui j’ai utilisé des mots violents après un coup de sang. Mais je pense que ma colère était parfaitement justifiée et exprimait les sentiments de tout le peuple.
Je vous répète enfin qu’il n’y a pas de camp d’entraînement. Pour une « bêtise » innocente que j’ai faite il y a 10 ans, vous avez le droit de me juger sur le plan personnel, mais tout le monde fait des choses bêtes dans sa jeunesse et ce n’est pas un crime.
J : Avez-vous des regrets ? Si vous entriez aujourd’hui au Parlement, utiliseriez-vous les mêmes tactiques ?
Kasidiaris : Nous aurions suivi exactement la même stratégie qui, en septembre 2013, nous a portés à 20 %. Nous aurions continué à intervenir, encore et encore.
La voix forte et claire de l’Aube dorée est la seule qui effraye les voleurs et les corrompus. Ce que nous disions avant d’entrer au parlement, nous avons continué à le dire quand nous sommes entrés au parlement. Si vous faites référence à des épisodes comme la gifle à Kanelli et aux stands de marchands dans les rues, je vous suggère plutôt de jeter un œil à Venizelos et aux sous-marins, au PASOK et aux ventes sur le marché noir, aux interférences d’Athanasiou dans le système judiciaire, à la liste Lagarde avec des noms de personnalités, à Karatzaferis et ses sociétés off-shore et aux grands scandales de ces 30 dernières années de la « démocratie » pour lesquels personne n’est jamais allé en prison !
J : Quel a été votre premier objectif lorsque vous êtes entrés au parlement ?
Kasidiaris : Combattre pour la souveraineté et l’indépendance nationale, libérer notre pays des usuriers internationaux, reconstruire notre nation sur la base de la famille grecque, pour que le peuple grec vive dans une nation libre, utiliser notre énorme richesse minérale inexploitée. L’Aube dorée a un seul but : rendre la Grèce aux Grecs.
J : Comment expliquez-vous que le pourcentage de l’Aube dorée s’affaiblisse ?
Kasidiaris : Vous êtes mal informé, selon les prévisions du professeur Panas, nos pourcentages sont en hausse. Les sociétés de sondage du système ont lamentablement échoué aux élections européennes précédentes à prédire avec précision notre résultat aux élections. Notre pourcentage ne baisse pas, alors que la moitié de nos députés est en prison et que le reste se trouve en résidence surveillée. Nous continuons à lutter et, à la fin, c’est nous qui serons vainqueurs.
J : Comment passez-vous votre temps en prison ? Lisez-vous des livres ? Lorsque vous avez rejoint l’Aube dorée et en partageant les mêmes convictions que Nikolaos Michaloliakos, avez-vous un jour pensé qu’il arriverait cela ?
Kasidiaris : Il n’y a rien de pire que de vivre en prison en se sachant innocent. Cependant, j’ai réussi très largement à améliorer ma condition physique et mentale et à maintenir un excellent état d’esprit. Cette période est temporaire et se terminera assez rapidement. Je fais de l’exercice et j’étudie de nombreuses heures chaque jour. Je lis des livres essentiellement historiques et philosophiques. Je consacre plusieurs heures à l’écriture. Je viens d’achever un livre sur des événements historiques et maintenant, j’écris mon second livre, qui sera un livre politique cette fois. Il concerne la conspiration contre l’Aube dorée depuis les premiers jours au parlement jusqu’à aujourd’hui.
Quand j’ai rejoint Nikolaos Michaloliakos dans ce combat pur, je savais que plus nous irions haut, plus les risques et les menaces seraient élevés.
Lorsque nous sommes entrés au Parlement avec comme slogan : « Les voleurs en prison », nous savions que les voleurs ne se rendraient pas en prison d’eux-mêmes, n’avoueraient pas leurs crimes spontanément et ne se laisseraient pas faire sans réagir. Les voleurs nous ont temporairement et illégalement jetés en prison, mais je suis absolument certain que l’Aube dorée sortira plus forte de cette conspiration et continuera à se battre dans une guerre totale contre le système politique corrompu !
________________________________________
Toutes les notes ont été ajoutées par Jeune nation.
1 Traduction rapide réalisée depuis la traduction anglaise de la section américaine de l’Aube dorée (http://xaameriki.wordpress.com) et depuis le texte original (« Συνέντευξη Ηλία Κασιδιάρη στο «Παρόν της Κυριακής»: «Στο τέλος εμείς θα είμαστε οι νικητές!» », site de l’Aube dorée, 24 novembre 2014.
2 Antonis Samaras, premier ministre libéral conservateur appartenant à Nouvelle démocratie est, avec Evangelos Venizelos, ministre PS des Affaires étrangères, le principal chef de la junte.
3 Des enregistrements diffusés par la presse ont prouvé la collusion de la justice « indépendante » et des chefs de la junte (cf. Erwin Vétois, « Un haut responsable du gouvernement grec confirme l’existence d’un complot contre l’Aube dorée », Jeune nation, 3 avril 2014).
4 Parti d’extrême gauche qui est arrivé premier aux élections européennes (26,6 %) contre 16,8 % lors des dernières élections législatives (l’Aube dorée avait réalisé 7 %).
5 La dernière intervention d’Ilias Kasidiaris est consacrée à ce thème (grec sous-titré en anglais) :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=qNfbnRIKzko[/youtube]
6 Liana Kanelli, membre du Parti communiste grec, voir note 5.
7 Dimitris Papoulias, membre de Nouvelle démocratie, qui fut ministre à plusieurs reprises.
8 Karolos Avramopoulos président de la dictature grecque pour quelques jours encore (cf. Erwin Vétois, « https://www2.jeune-nation.com/2014/12860-la-junte-grecque-tente-de-se-maintenir-au-pouvoir-par-des-elections-presidentielles-anticipees/ », Jeune nation, 12 décembre 2014).
9 Voir sur ces trois individus s’exhibant avec des armes de guerre « Στο φως το μυστικό οπλοστάσιο της ΝΔ, Παπούλια και Κανέλλη – Φωτορεπορτάζ, Βίντεο », site de l’Aube dorée, 19 octobre 2014.
10 Une phrase a été supprimée dans la traduction anglaise et nous n’avons pas été en mesure de la traduire depuis la version originale : elle faisait référence à Nicolas Sárközy et aux liens entre le pouvoir et la justice en France.
11 Allusion au texte voté par le Parlement imposant un virage ultralibéral au pays, sous la coupe de la « troïka », FMI, BCE et UE.
12 Hystérique du parti communiste habituée des insultes et des pratiques ignominieuses.
13 Le 18 septembre 2013, cet activiste d’extrême gauche avait participé à l’attaque de supporteurs attablés à un bar. Incapable de faire face à la violence qu’il avait déclenchée, il était mort d’un coup donné par un homme présenté à tort comme un membre de l’Aube dorée.
14 Ce poète grec (-556 – -465) est l’auteur du célèbre :
« Passant, va dire à Sparte
Que nous gisons ici pour avoir obéi à ses lois. »
15 En 2010, Christine Lagarde a donné au gouvernement la liste d’environ 2 000 Grecs qui ont fraudé l’État. Ce dernier n’a mis en place aucune procédure judiciaire contre les escrocs financiers.
Le livre de M.Kasidiaris sera t-il traduit en français ?