L’Aube dorée, 3e parti de Grèce
« Depuis ma cellule de Korydallou, je me félicite de la grande victoire du mouvement nationaliste. Selon le résultat des élections de ce jour, l’Aube dorée devient la troisième force politique du pays, pour la deuxième élection consécutive après les élections de mai 2014 »
s’est réjoui Nikos Michaloliakos.
À l’issue du décompte final, l’Aube dorée s’est imposée comme le troisième parti de Grèce, malgré un recul de près d’un pour cent, un résultat remarquable au vu des conditions imposées par le système au mouvement nationaliste.
L’Aube dorée a réalisé ses meilleurs résultats en Laconie la patrie de Sparte (sud de la péninsule) avec 11,3 %, dans l’Attique (la région d’Athènes, au centre) (8,9 %) et à Kilkis (nord) avec 8,8 %.
Victoire de SYRIZA
La Coalition de la gauche radicale (SYRIZA, Synaspismós Rhizospastikís Aristerás) arrive largement en tête des élections législatives de dimanche en Grèce, avec 36,3 %, en progression d’un peu moins de dix points par rapport à 2012 (26,9 %) selon les résultats définitifs. Le parti d’Antonio Samaras, Nouvelle démocratie (ND, Néa Dimokratía), malgré la crise, l’austérité, l’organisation de l’invasion du territoire et de la répression contre les Grecs, parvient à ne perdre que deux points par rapport à 2012 (29,7 %) avec 27,7 %. Au pouvoir ces derniers mois ont montré qu’il n’hésitait pas à utiliser pour ses intérêts partisans ou personnels les moyens de l’État, des médiats comme de la police et la justice. Le réel grand perdant de cette élection est le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK, Panellínio Sosialistikó Kínima), dont SYRIZA a siphonné plus de la moitié des voix, qui tombe à 4,7 %, contre 12,3 % en 2012 (-7,6).
L’Aube dorée (XA, Χρυσή Αυγή), malgré les conditions les plus difficiles de son histoire, est désormais le troisième parti de Grèce avec 6,3 %, avec un résultat proche de celui de 2012 (6,9 %) et une perte de 0,6 point. C’est un exploit pour un mouvement privé d’argent, soumis à une répression sans précédent avec huit députés, dont les principaux chefs du mouvement, en prison, de nombreux cadres assignés à résidence, d’autres licenciés de leur travail, ayant contre lui la totalité des médiats, etc.
Parmi les autres partis : les centristes de La Rivière (to Potámi) totalisent 6,1 % (ils n’étaient pas présents en 2012) ; le Parti communiste de Grèce (KKE, Kommounistiko Komma Elladas) récolte 5,5 % des voix, en hausse d’un point en trois ans (4,5 %), bénéficiant de l’affaiblissement des autres groupes d’extrême gauche (l’effondrement de DIMAR, qui avait totalisé 6,3 % des voix en 2012 et sombre à moins de 1 % notamment). Les Grecs indépendants (ANEL, Anexartitoi Ellines), parti conservateur qui avait fait campagne contre l’immigration pour tenter de limiter les voix pour l’Aube dorée et qui a déjà annoncé sa volonté de soutenir l’extrême gauche pro-invasion, obtient 4,8 %, en nette baisse par rapport à 2012 (7,5 %, -2,7 points).
Les autres partis ne dépassent pas la barre des 3 % nécessaire pour obtenir des élus. À gauche, to Kinima n’atteint pas 2,5 %, Τελεία (centre gauche) est à moins de 2 %, et ANTARSYA à moins de 1 %, DIMAR à moins de 0,5 % et une scission du KKE à moins de 0,2 %. L’Union du centre totalise environ 1,8 % et les conservateurs du LAOS achèvent de disparaître de la scène politique avec à peine 1 %.
Pas de majorité absolue au Parlement pour SYRIZA
Malgré un fort basculement de l’électorat de gauche vers l’extrême gauche, SYRIZA n’est pas parvenu hier à obtenir la majorité absolue au parlement. C’est un premier échec pour Alexis Tsipras qui devra composer avec les différentes forces de gauche pour faire adopter ses réformes ; il devra donc en retour faire des concessions à ces partis.
Comme l’illustre le diagramme ci-dessous, la victoire de SYRIZA a été causée d’abord par une recomposition de la gauche et l’extrême gauche, avec la disparition de la quasi-disparition de la Gauche démocrate (DIMAR, Dimokratiki Aristera) et l’effondrement du PASOK, dépassé sur sa droite par les centristes de La Rivière et écrasé sur sa gauche par SYRIZA.
De l’autre côté du spectre politique, les libéraux-conservateurs et centristes de droite maintiennent globalement leurs positions malgré trois années de pouvoir.
La composition du parlement se trouve cependant totalement modifiée par le vote et la victoire de SYRIZA. Ces derniers obtiennent 149 députés, (contre 71 en 2012). À l’inverse, bien qu’ayant obtenu quasiment le même résultat, Nouvelle démocratie perd 53 de ses 129 élus, n’en conservant que 76.
Malgré une légère baisse, l’Aube dorée possédera désormais 17 députés, soit un député de plus que dans le parlement sortant, mais un de moins qu’après les élections de 2012 (deux députés avaient trahi sous la pression et les menaces du système).
Les centristes de La Rivière obtiennent également 17 députés ; le KKE a fait élire 15 extrémistes et le PASOK 13. Enfin, les Grecs ont envoyé 13 élus de l’ANEL au parlement.
La nouvelle chambre est très nettement orientée à gauche et SYRIZA devrait pouvoir faire adopter de nombreuses réformes, notamment dans le domaine antisocial (destruction du mariage, légalisation des drogues, accentuation des politiques d’invasion). L’une des grandes questions qui déterminera la situation politique de la Grèce dans les mois à venir et l’attitude du futur gouvernement SYRIZA concernant l’économie et sa volonté de s’émanciper réellement du système bancaire international. La rencontre de son spécialiste en économie avec les dirigeants de la City il y a quelques mois ne laisse pas présager une rupture radicale avec la kleptocratie internationale. Alexis Tsipras se retrouve dans une situation délicate, dépourvue jusqu’ici de véritables alliés à l’international, et semblant incapable, en favorisant les parasites sociaux au détriment des entrepreneurs, en privilégiant les étrangers venus profiter des aides sociales – avant de passer en Europe de l’ouest – au détriment des Grecs, de lancer la Grèce sur la voie du redressement national et social.
Les alliés potentiels qui se sont manifestés jusqu’ici – le KKE semble rejeter toute idée d’alliance et de soutien, comme le PASOK – sont, au moins théoriquement, assez éloignés des dogmes marxistes aussi bien économiques que culturels : le chef de l’ANEL, Pános Kamménos, dans un discours hier, a fait savoir à Alexis Tsipras qu’il était prêt à soutenir son gouvernement et des pourparlers sont également en cours avec La Rivière.
Alexis Tsipras félicité par (une partie) l’Establishment
Avant même la proclamation officielle des résultats, le président du parlement européiste Martin Schulz, élu grâce à un accord entre le PPE (représenté par l’UMP en France) et le PSE (représenté par le PS en France), a téléphoné hier soir au chef de SYRIZA pour lui adresser ses félicitations. « C’est une victoire historique, un immense succès » a déclaré le chef de l’UMPS au Parlement européen, annonçant déjà une visite officielle dans la semaine en Grèce et faisant part de sa volonté de travailler avec le nouveau gouvernement grec.
François “Charlie” Hollande n’a pas manqué lui non plus d’apporter son soutien à SYRIZA et a été un des premiers à le féliciter.
« Le président de la République rappelle l’amitié qui unit la France et la Grèce et fait part à M. Tsipras de sa volonté de poursuivre l’étroite coopération entre nos deux pays, au service de la croissance (sic) et de la stabilité de la zone euro, dans l’esprit de progrès, de solidarité »
C’est en des termes quasiment identiques que s’est exprimé le président russe, évoquant également la « coopération traditionnelle constructive » entre les deux pays et sa volonté de « travailler ensemble. Matteo Renzi a également félicité l’extrême gauche, comme le chancelier autrichien Werner Faymann. À l’inverse David Cameron a affirmé que ce résultat allait accentuer « l’incertitude économique dans toute l’Europe. »
Le « révolutionnaire » Alexis Tsipras, soutenu par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, est déjà adoubé par le système. Il a obtenu les félicitations de nombreux cadres du système, à l’image de l’acteur milliardaire Hugh Laurie (Dr House), qui touche pour chaque épisode de cette série 700 000 dollars, soit l’équivalent de 76 années d’un ouvrier touchant le salaire minimum en Grèce.
Comme le précisait hier l’Aube dorée : les véritables adversaires de la kleptocratie n’ont pas voté devant les caméras et les journalistes du monde entier : ils ont voté enfermés dans leurs « cellules d’honneur » !