Editorial de Militant n° 689 de janvier 2017
Depuis la loi Pleven de 1972, renforcée par la loi Fabius Gayssot de 1990 et d’autres dispositions toujours plus contraignantes ajoutées d’année en année, la France ne vit plus sous le régime de la liberté d’expression et de pensée puisque nous pouvons être condamnés de manière toujours plus étendue pour des propos jugés « racistes », « haineux », ou critiquant des dogmes historiques fixés comme tels par la loi, le « délit de blasphème » étant de fait rétabli, en ignorant que l’histoire est par nature soumise à la révision. Et ceux qui sont considérés comme transgressant ces dogmes sont plus sévèrement condamnés que des voleurs. Des personnes comme Robert Faurisson, Vincent Reynouard, Hervé Ryssen, Jérôme Bourbon et bien d’autres, en savent quelque chose.
Mais il ne s’agit que de l’écume d’un processus de restriction de la liberté de penser et d’agir beaucoup plus vaste et insidieux qui place chacun d’entre nous sous un régime de surveillance toujours plus prégnant. Bien sûr, cet asservissement est présenté comme devant nous faciliter la vie ! Jugeons-en sur pièces.
Ainsi, depuis le 1er novembre 2016, un décret autorise la création d’un fichier regroupant noms, téléphone, photo, empreintes digitales, etc. de quasiment tous les Français, consultable par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, des agents des préfectures et sous-préfectures, des mairies, les policiers et gendarmes, les agents des services de renseignements, des douanes.
Evidemment, le gouvernement justifie ce fichage par la nécessaire simplification administrative. Mais il est aisé de comprendre que ce fichier TES (titres électroniques sécurisés) ne servira qu’au flicage permanent des 60 millions de Français détenteurs d’un passeport, d’une carte d’identité nationale, d’une adresse électronique.
Mais, plus finement, ce sont chacun de nos gestes qui sont épiés et plus encore susceptibles d’être condamnés. Depuis le 1er janvier 2017, la verbalisation des automobilistes par radar, les « PV à la volée », a été étendue. A Paris, l’unité de vidéo-verbalisation (UVV) traque les incivilités ou les comportements dangereux depuis son poste de contrôle à la préfecture de police. Utilisées jusque-là principalement pour repérer le non-respect des règles relatives aux feux de signalisation, au stationnement et à l’emprunt de voies réservées à certaines catégories de véhicules, les caméras de vidéo-surveillance peuvent servir à repérer l’usage d’un téléphone au volant, le non port de ceinture de sécurité ou encore le non port du casque pour les 2 roues, le franchissement d’une ligne blanche, même pour éviter un chien, etc.. D’ores et déjà est à l’étude la possibilité de vérifier la validité des assurances automobiles par radar … Bien entendu, tout cela, c’est « pour notre sécurité » !
Dans le domaine domestique, l’installation en cours de « compteurs intelligents » pour l’électricité (en attendant le gaz et l’eau), tel le compteur Linky, aboutit à un véritable flicage de notre consommation. Outre les dangers liés aux ondes électromagnétiques que requiert son exploitation, EDF saura de manière instantanée quel type de matériel vous utilisez ; en fait, vous serez contrôlés, voire dirigés autoritairement dans vos gestes quotidiens. Bien sûr, là encore, il paraît que c’est pour nous rendre service : nous aider à mieux utiliser nos matériels ! Mais de qui se moque-t-on ? Où réside encore notre intimité ?
En Ile de France, vous avez un abonnement pour les transports en commun, à savoir un « Pass Navigo » ? Eh bien, non content de l’avoir validé en début d’utilisation, à chaque voyage, vous devez enregistrer votre passage sous peine d’une amende de 5 euros ! Oh ! La raison officielle en est simple : « pour mieux connaître vos besoins ». En fait, nous sommes suivis à la trace !
Alors, certains vont penser s’isoler à la campagne. Or déjà, les derniers paysans qui nous restent sont surveillés par satellites et gare à celui qui ne déclare pas au mètre carré près ses emblavures ! Il sera verbalisé comme un vulgaire bandit ! Quant à ses vaches et ses moutons, ils sont comptés par ces mouchards du ciel.
Quant à votre « peau », elle relève du FNAEG, ou « Fichier national des empreintes génétiques « , regroupant plus de 2 millions d’individus passés au moins une fois par les services de police, qui sert à faciliter l’identification et la recherche des auteurs d’infractions à l’aide de leur profil génétique, et de personnes disparues à l’aide du profil génétique de leurs descendants ou de leurs ascendants. C’est louable, direz-vous. Sauf qu’un jour ou l’autre, « pour notre bien », évidemment, il s’étendra à nous tous !
Cette dépossession de nous-même concerne maintenant à notre corps, devenu légalement une banque d’organes. Depuis le 1er janvier 2017, chaque Français est censé avoir accepté de donner ses organes en vue d’une greffe en cas d’accident mortel, sauf si le refus a été stipulé par écrit. Le prélèvement sera légalement et automatiquement la « norme » par défaut. Certes, le but semble louable, car le prélèvement d’organes sauve des vies. Mais peut‑on le rendre obligatoire sous ce seul prétexte ?
Le respect dû aux morts est l’un des fondements de la civilisation. Désormais, le principe et la philosophie du droit sont inversés : on considère que toute personne est par principe consentante, et il faut faire des démarches pour refuser d’être prélevé. Cela revient à considérer que notre corps appartient à l’Etat, par défaut. Et l’on peut être inquiet de la conjonction de cette disposition avec la loi euthanasique Leonetti‑Claeys de février 2016, qui peut programmer la mort d’une personne, du moins pour celles qui auront échappé préalablement à l’avortement !
Le célèbre « Big Brother » d’Orwell est dépassé. Or c’est la liberté de la personne humaine qui permet à une société de se développer et l’Europe en est le témoin. C’est en lui faisant confiance, en la considérant comme responsable que l’on peut avoir une société dynamique, saine, solide, surtout si les gens ont été instruits, comme les générations passées, dans la morale helléno-chrétienne. En dépossédant les gens des attributs de leur personne par la peur liée au flicage permanent, par la lobotomisation médiatique, ce sont les fondements mêmes de notre civilisation européenne et de notre existence qui sont mis en péril. Une société de serfs, de robots est une société de mort. Dénoncer une telle société carcérale ne relève pas de l’altruisme : c’est une nécessité vitale pour l’avenir de notre civilisation. Par conséquent, les nationalistes œuvreront à rétablir cette nécessaire dignité de l’être humain et la liberté afférente sans lesquelles la France et de notre civilisation européenne ne pourront se rétablir.
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