Vojislav Seselj est en lice pour les législatives du 24 avril
La liste du nationaliste Vojislav Seselj, 61 ans, héraut assumé de la «Grande Serbie», devrait passer les 5% fatidiques pour revenir au Parlement après deux élections blanches (2012 et 2014).
Récemment acquitté par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), M. Seselj s’est employé à transformer le scrutin en «référendum (…) entre la Fédération de Russie et l’Union européenne». «Nous ne voulons pas entrer dans l’Union européenne! Tous les ennemis traditionnels de la Serbie y sont», a lâché le tribun à Belgrade.
«A aucun moment je ne ferai le moindre compromis avec ceux qui ramènent la Serbie vers le passé», réplique M. Vucic (SNS, centre-droit), qui dirige depuis 2014 un gouvernement de coalition pro-européen.
Ancien collaborateur de Slobodan Milosevic, ex-protégé de M. Seselj, ce converti au réformisme et au réalisme libéral met en garde ceux qui voudraient faire «de la Serbie le lépreux de l’Europe, Etat paria dans la région et dans le monde, en lui faisant quitter le chemin de l’Europe».
Ultra-favori face à une opposition atomisée, Aleksandar Vucic a convoqué ces élections pour poursuivre ses discussions avec Bruxelles, entamées en décembre deux ans après l’officialisation de la candidature à l’UE.
Les Radicaux de M. Seselj et les souverainistes de DSS-Dveri, sont créditées ensemble de 10 à 15%. Dans un contexte de chômage proche de 20%, de baisse des retraites, de hausse des impôts, ce camp «anti-européen» entend prendre date.
La corde slavophile de l’ultra-nationaliste plaît. Selon une étude récente publiée par l’hebdomadaire indépendant Vreme, deux Serbes sur trois sont favorables à une alliance avec Moscou (67,2%), quand la moitié (50,9%) souhaite une adhésion à l’UE.
La Russie récolte le fruit de positions populaires: opposition à l’admission à l’Unesco du Kosovo, dont Belgrade rejette l’indépendance, veto à une résolution de l’ONU qualifiant de génocide le massacre de Srebrenica.