« L’émir » Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz a été arrêté au Liban lors de l’une des plus grosses interceptions de drogues jamais réalisées dans le pays. Les autorités libanaises ont découvert une cargaison de deux tonnes de captagon, d’une valeur de 280 millions de dollars. La drogue était à bord d’un avion à destination de l’émirat de Haël, dirigé par l’oncle de l’individu arrêté, laissant peu de doutes quant à l’implication d’une partie des autorités séoudiennes, si chères au gouvernement français, dans le trafic. Cinquante-cinq millions de capsules de captagon y ont pourtant été saisies en moyenne ces dernières années.
Le captagon, ou fénéthylline, est un psychotrope à base d’amphétamine, très répandu actuellement à travers le monde. Le captagon est une « spécialité » des pays arabo-musulmans. Auparavant « spécialité » de la Libye, la Syrie en est devenue le principal producteur depuis la guerre déclenchée en 2011. Diverses sources, et ce cas semble l’attester, ont mis en avant la production et la vente de cette drogue par les groupes « rebelles » pour se financer ou échanger les pilules contre des armes. Avec une seule cargaison évaluée à 280 millions de dollars, l’importance de tels revenus est évidente.
La drogue, qui procure un sentiment euphorique, faisant oublier la fatigue, la douleur, la faim, etc., serait également massivement utilisée par les combattants1. Selon un représentant russe à l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’État islamique (ÉI) utilise également le captagon pour se financer2.
Le captagon générerait plusieurs centaines de millions de dollars pour les trafiquants syriens. Outre l’Arabie séoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis (ÉAU) sont de gros consommateurs. Son succès vient de sa relative facile fabrication, ne nécessitant que des connaissances basiques en chimie et son coût de fabrication peu élevé pour des gains importants. Des conditions très adaptées au contexte syrien.
Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz a été arrêté à l’aéroport de Beyrouth lundi lors de la plus grosse prise de drogues jamais réalisée dans ces lieux. Outre les deux tonnes de captagon, les enquêteurs ont également retrouvé de la cocaïne. Le prince séoudien a été interpellé avec quatre autres individus alors qu’ils allaient regagner l’Arabie séoudite à bord d’un avion privé.
Vendredi, le Liban a annoncé une nouvelle prise de 230 kilos à l’aéroport de Beyrouth. Cachée dans des tables en bois, la drogue était destinée au Qatar.
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1Cf. Kalin Stephen, « Insight : War turns Syria into major amphetamines producer, consumer », Reuters, 12 janvier 2014 et Freeman Colin, « Syria’s civil war being fought with fighters high on drugs », The Telegraph, 12 janvier 2014.
2Cf. Intervention de Yury Fedotov lors des sixièmes rencontres des hauts représentants en charge des problèmes de sécurité, 23 juin 2015 : « Pour donner simplement deux exemples, l’État islamique est soupçonné d’être impliqué dans la contrebande des éléments chimiques nécessaires pour la production du captagon ».
Voir aussi : « La drogue de Daesh », Arte, 20 mai 2015.
et Orsini Alexis, « Le Captagon, la “potion magique” des djihadistes », L’Obs, 22 mai 2015.