Le Monde a réalisé un entretien avec Michel Platini, l’un des innombrables représentants de la « mafia foot », de l’argent-roi et de la négation totale des valeurs du sport. Il reconnaît avoir été payé hors des règles (plus de trois fois le salaire du président de la Fédération internationale de football association [FIFA] qu’il conseillait). Pour se défendre et justifier sa candidature comme prochain dirigeant de la mafia, il se présente, tel un Nicolas Sárközy ou un Dominique Strauss-Kahn, comme un benêt ayant cru aux « paroles d’hommes », n’ayant rien vu, rien su, rien compris, mais revendiquant quand même de diriger l’une des plus puissantes organisations extra-étatiques du monde…
Il s’agit ici bien entendu de la version de Michel Platini.
« Alors Blatter décide d’y aller [pour diriger la FIFA, Michel Platini affirmant que Joseph Blatter lui a proposé un duo, l’ancien buteur français comme président et lui-même comme secrétaire général] : “Je me présente, mais j’ai besoin de toi”. On se revoit deux mois plus tard. Il me demande d’être son conseiller pour le foot. C’est d’accord. “Combien tu veux ?”, demande Blatter. Je réponds : “Un million”. “De quoi ?” “De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars”. À cette époque, il n’y a pas encore l’euro. Il répond : “D’accord, 1 million de francs suisses par an” ».
LM : Vous demandez 1 million tout de go et vous vous fichez ensuite du reste ? Soit vous êtes très orgueilleux, soit très négligent…
« Je ne suis pas un homme d’argent [sic]. […] Quand je dis à Blatter “1 million de ce que tu veux”, je lui dis aussi “choisis ce que tu veux me donner”… »
LM : Donc vous êtes orgueilleux. Mais aussi négligent parce qu’il n’y a pas trace d’un contrat… Vous n’avez pas un avocat pour vous éviter quelques légèretés ?
« Cela fait longtemps que je n’ai plus ni avocat ni agent qui négocient pour moi. Et puis, c’était un truc d’homme à homme. Il allait devenir président de la FIFA. La FIFA ! J’avais confiance. De toute manière, j’ai appris depuis qu’en droit suisse, un contrat oral vaut comme un contrat écrit. En tout cas, il a été élu et j’ai commencé à travailler en septembre.
[…]LM : Cela n’explique toujours pas les 2 millions payés en 2011. Pourquoi seriez-vous payé si tard pour un travail qui a lieu entre 1998 et 2002 ?
« En fait, je travaille plusieurs mois sans rien toucher. Au bout d’un moment, je vais voir Blatter : “Tu as un problème pour me payer ?” Il me dit : “Oui. Je ne peux pas te payer 1 million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors, on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard”. C’est ce qui s’est passé. Seulement le plus tard n’est jamais [sic] venu ».