Des lycéens de l’époque près-cohn-bendit, pour renvoyer à ce fan du Président de la Ve République que les interprètes du petit prophète polytechnicien et vrai commissaire politique attaché à nos chefs apparents démocratiquement élus, Jacques Attali, dans sa prescience, nous disent qu’il n’achèvera pas son mandat, n’ignoraient généralement pas, en classe de philosophie, ce mot de Marx inspiré de l’illustre adversaire de la Révolution Française et admirateur souabe de la Prusse héroïque, Hegel (1770-1831), que tel événement historique débute sur un mode tragique et répété ou imité servilement tourne en comédie ! Cet Attali qui prévoit une révolution française au plus tard en 2022, et même une fin anticipée du quinquennat, ne peut être jugé, en effet, à l’échelle humaine, cartésienne, voire heidegerienne, encore moins grecque antique, car il est inspiré par ce Dieu dont son homonyme palestinien ou philistin, la reine Athalie dans cette pièce de Racine bruyamment applaudie – il m’en souvient- à la Comédie Française, en 1967, quand les Arabes de la Syrie méridionale ou Palestine menaçaient de détruire Israël, à en croire l’opinion publique, reconnaissait le triomphe : « …tu l’emportes », criait-elle devant un parterre dressé et applaudissant frénétiquement ! Nous étions là en pleine tragédie conclue, une fois passée la tornade de Dany le rouge – par la chute de la statue du commandeur d’alors, qui ne se redressa que pour demander à visiter deux ans plus tard, à Madrid,vau printemps 1970, le Caudillo émerveillé, nous confia l’ami Alberto Torressano, de le trouver à ses côtés ! Comme un pénitent sur le chemin de la Galice, de Saint-Jacques de Compostelle !
Aujourd’hui l’histoire ne se répète pas, elle avance comme la fortune, aveugle, auprès du précipice où ont été jetés combien de peuples légers, et qui le restèrent en dépit des tueries ! La jeunesse féminine exaltée coiffe sur ses douces joues souvent roses, le rouge bonnet phrygien que ses maîtres lui ont appris à honorer en signe de la fin d’une servitude, comme si les Gaulois avaient été courbés, des siècles entiers, sous le joug d’une dynastie européenne franque, introductrice de la féodalité ! La guillotine en carton, en décembre dernier, tranche ainsi la tête du mannequin d’un ancien élève, comme nous, pour ne pas dire Voltaire ou Degrelle, des Jésuites de l’ancien collège d’Amiens ! Celui-ci par ailleurs lecteur du même Hegel lui inspirant un motif de thèse sous la direction de mon ancien et studieux camarade de lycée parisien Etienne Balibar, s’insurge, et l’on ne saurait l’en blâmer, contre ce manque anarchiste de respect, mais pour exalter cette même République régicide et ennemie du petit peuple autant que des aristocrates ou des bienheureuses martyres carmélites, et qu’aucun pays d’Europe ne nous aura enviée, mais qui s’est au contraire muée en conquérante de l’Europe conservatrice de ses forces, ruinant à ce point les nations qui la combattirent jusqu’en 1815, que l’Autriche victorieuse coiffa le fameux Rothschild son créancier finançant l’effort militaire, du titre de baron ! Le chancelier Klemens Metternich le confesse dans ses Mémoires.
Mais les choses ont changé ! Avant la Révolution, l’illustre parisien François de La Harpe (1739-1803), auteur d’un excellent ouvrage en 18 tomes « Lycée ou cours de littérature ancienne et moderne » (1799), assista à une séance de voyance du fameux écrivain Jacques Cazotte (1719-1792) devant périr sous la guillotine, qui désigna publiquement, dans un salon aristocratique, les victimes de la Terreur et lui prédit sa survie. Cet épisode étonnant est rapporté dans une pièce de vers intitulée « La prophétie de Cazotte », lequel Jacques Cazotte (1719-1792), décapité, en effet comme adversaire de la Révolution, était auteur d’un roman de chevalerie en deux tomes « Olivier« (1763), du « Diable amoureux » (1772) et du merveilleux « Cabinet des fées » qu’il voulait être la suite du conte des Mille et une nuits ! La Harpe passa ainsi d’esprit fort, comme on désignait les Michel Onfray de ce temps, à dévot, et chrétien sincère, comme il eût pu, sous l’effet d’une illumination analogue ou, à parler mystique arabe et orientale soufie, ishrak, embrasser sous d’autres cieux l’Islam ou la doctrine de Bouddha, tant les bonnets rouges et leurs maîtres l’horrifièrent !
Mais aujourd’hui la couleur a changé, l’on rejoue la Révolution, et les vestes jaunes sont sinon plus nombreuses que les Sans-Culottes qui ne constituaient pas plus de cinq pour cent de chaque rue parisienne (communication personnelle de feu Jean Dérens directeur de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, rue Pavée et élève de l’Ecole des Chartes), du moins suivies avec un mélange d’espoir et d’appréhension par une majorité silencieuse !
S’agit-il de renverser un gouvernement ou d’achever un régime présidentiel ? L’autre petit prophète, qui hellénise, eût-on dit dans l’ancienne Alexandrie, le flatteur Zemmour, l’annonce ou du moins le pressent. C’est qu’il est imbu, comme il s’en flatte, d’idées franco- chrétiennes apparemment qui n’ont pas la même fulgurance que celle d’Attali ! Il y a une hiérarchie en tout, au Paradis comme en Enfer, du haut du firmament ou Ciel des fixes jusqu’à la Géhenne, les deux étant éternels!
Puisque nous citons Hegel imité et parfois caricaturé par Marx (lequel obtint, en chrétien, fils de converti, une excellente note en religion, à son baccalauréat), redisons cette phrase de ce professeur de l’Université de Berlin, que nos lecteurs bienveillants reconnaîtront, car il est utile de la reproduire, à savoir que le vide de la raison engendre la Terreur. Ce sujet de dissertation pourrait dissiper de fausses attentes et nous suggérer que les révolutions apparaissent parfois pour cacher les arbustes verdoyants de la réforme, et que si la seconde souffre des imperfections humaines et doit être continuelle, les premières ont la supériorité de toute illusion surnaturelle, à savoir de mettre l’esprit dans la situation de ne plus pouvoir discerner dans une chicane permanente et des répressions sanglantes, bourreaux et victimes, quand l’Ange des Ténèbres apparaît lumineux.
Dans la patrie impériale de Hegel, un chef mondialement célèbre disait publiquement que l’Empire n’avait point eu à subir les affres ou tourments de la Révolution Française, car deux grands chefs, énergiques et intrépides, amateurs de belles-lettres, le Grand Roi et protecteur, du reste, de Voltaire, Frédéric II (de son vrai titre reconnaissant l’autorité impériale suprême, « roi en Prusse ») et son ami (tous deux ensemble invitèrent Mozart) et compatriote Josef II, empereur d’Allemagne et frère de Marie Antoinette, avaient sagement accompli des réformes. Nous avons eu, direz-vous, des aristocrates ou nobles devenus républicains, agitant le drapeau tricolore, oui, mais qui sont tombés, tel le prince, duc de Chartres et d’Orléans dit Philippe-Egalité, sous le couperet de la guillotine, et cet épisode devrait servir d’avertissement ! La révolution, en effet, dévore ses propres enfants. Le poète et romancier parisien, au style voltairien, le socialiste et pacifiste Anatole France (de son vrai nom Jacques Anatole Thibaut 1844-1924) a écrit en 1912 un beau livre sur ce thème, « Les dieux ont soif », dont la lecture est à conseiller, ne serait-ce que pour apprendre du bon français et goûter au bon sens !
C’est ce qui doit avoir poussé le président italien à parler, à propos de la situation française, de catastrophe, et qui pourrait être, dans la tête des prophètes cités plus haut, européenne et, à audacieusement entrouvrir leur esprit, mondiale !
Pierre Dortiguier