Le 22 août 2015 disparaissait le dernier protagoniste de l’une des plus spectaculaires et des plus réussies de toutes les opérations « commando » de la seconde guerre mondiale : Emilio Bianchi.
Le raid de la rade d’Alexandrie fut mené dans la nuit entre le 18 et 19 décembre 1941 lorsqu’un commando italien sabote la flotte britannique en rade d’Alexandrie. Chevauchant des torpilles humaines, des plongeurs de la Xe Flottiglia MAS coulent 2 cuirassés britanniques.
Acheminés par le sous-marin Scirè, 6 plongeurs italiens menés par le lieutenant de vaisseau Luigi Durand de la Penne, montent par paires sur trois maiali (cochons en italien), des torpilles à vitesse lente modifiées. Les plongeurs profitent d’une ouverture des filets de protection pour se faufiler dans le sillage de trois contre-torpilleurs rentrant au port. La tête de chaque torpille contient une charge de 230 kg d’explosif et un détonateur doté d’une minuterie.
Les plongeurs doivent dévisser cette tête et la fixer par câble en dessous du navire attaqué. Ils placent leur charge sur la poupe du pétrolier norvégien Sagona (7600t) et des cuirassés britanniques HMS Valiant (27.500t) et HMS Queen Elizabeth (33.550t) avant que certains ne soient repérés et faits prisonniers. L’équipe Durand de la Penne et son deuxième est alors enfermée dans le Valiant, dans le compartiment des chaînes en dessous de la ligne de flottaison, mais ne révèle le sabotage du bâtiment qu’au moment de l’explosion imminente de ce dernier, afin de permettre son évacuation par l’équipage.
À 5 h 47, le pétrolier Sagona, qui fut choisi comme cible ayant constaté l’absence de porte-avions dans la base, est coulé, endommageant le destroyer britannique HMS Jervis avec lequel il était à couple.
À 6 h 6 et 6 h 10, les mines sur le Valiant et le Queen Elizabeth explosent à leur tour, coulant les deux navires.
Le binôme qui avait attaqué le pétrolier est capturé peu après sur les quais du port. Seulement les deux hommes ayant attaqué le Queen Elizabeth réussissent à se faufiler à l’extérieur de la base britannique, en se faisant passer pour des marins français (le cuirassé Lorraine étant interné à Alexandrie) mais ils furent arrêtés deux jours plus tard par la police égyptienne.
Ce raid audacieux démontre le savoir-faire et le courage individuel des plongeurs d’assaut italiens. Par ailleurs l’opération avait été mal planifiée dans la phase de fuite et récupération des hommes, faute d’informations et de soutien logistique.
Les deux cuirassés restèrent hors d’usage avant de pouvoir être renfloués, remorqués et remis en service après 6 mois de travaux en Afrique du Sud (Valiant) et 9 mois de travaux aux États-Unis (Queen Elizabeth). Pendant cette période, l’équilibre des forces navales dans la Méditerranée demeura substantiellement modifié en faveur des flottes de l’axe.
Pour la réussite de cette attaque, les six marins italiens, qui passèrent le reste du conflit comme prisonniers de guerre, reçurent la MOVM (médaille d’or à la valeur militaire), soit la plus haute distinction de leur pays.
Cette action a inspiré deux films :
– Panique à Gibraltar (I sette dell’Orsa maggiore), réalisé par Duilio Coletti en 1953
– Alerte sur le Vaillant (The Valiant), réalisé par Roy Ward Baker en 1962, avec Ettore Manning.