Encore une loi sur l’immigration ! Ça occupe les députés et, surtout, ça fait croire au bon peuple qu’on veut la « maîtriser », la « contrôler », la réduire croit-il. Foutaise ! Le texte en débat à l’Assemblée est encore une loi pour l’immigration. Pour plus d’immigrés, en tous lieux, et avec plus de droits.
Le Parlement français comme la presse a ses marronniers. Il n’est pas une présidence depuis plus de quarante ans qui n’ait, à un moment ou un autre, accouché d’une loi sur l’immigration. Lois de gauche, lois de droite, appliquées, rectifiées, bafouées, toutes ces lois ont accouché d’un fait : il y a en France de plus en plus d’envahisseurs, d’immigrés naturalisés, d’enfants d’immigrés naturalisés, de plus en plus de Maghrébins, d’Africains, de plus en plus de candidats à la France.
La loi sur l’asile et l’immigration, qui est cette semaine en débat à l’Assemblée nationale, échappera-t-elle à cette règle ou bien, s’empilant sur les autres, formera-t-elle le sommet vertigineux d’une pyramide législative du bas de laquelle l’historien du XXIIe siècle pourra contempler avec effarement quarante ans de mystifications ? Il suffit de lire l’acte de baptême de ce texte pour comprendre à quelle famille il appartient. Celle des faux culs, des enfumeurs, bref, celle des « vrais » républicains.
C’est même écrit dans l’intitulé : « loi sur l’asile et l’immigration ». D’abord l’asile, ensuite l’immigration. D’abord tout le dispositif pour qu’ils puissent rester, s’implanter, se regrouper, se reproduire, ensuite… Ensuite quoi ? Ensuite rien. Feu le ministère d’Eric Besson, celui de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire n’a rien produit, mais au moins il annonçait la couleur et même les trois couleurs. D’ailleurs, il ne fut plus appelé que ministère de l’Identité nationale. La loi sur l’asile et l’immigration sera la loi pour l’asile et pour l’immigration.
Le bâton de Collomb est en mousse
« Comment répondre avec humanité et efficacité au défi migratoire ? » Voilà comment, en février dernier, La République en Marche présentait l’affaire, formule pubarde que le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb traduisait ce week-end ainsi : « Une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie. » Ça, c’est pour le décor sémantique, le Potemkine du JT de BFM. La réalité du texte ne semble pas en mesure de changer quoi que ce soit de fondamental à la réalité de nos rues pour ce qui est de la « maîtrise ». En revanche, pour ce qui ressort de « l’intégration », comprendre l’installation, il est certain que quelques résultats peuvent être espérés ou craints selon son opinion.
Côté bâton, Gérard Collomb nous promet d’augmenter la durée maximale de rétention d’un clandestin de 45 jours à 90 jours. Le double, et alors ? Le gouvernement avait commencé à évoquer 135 jours. Il y a renoncé comme on jette un os à l’aile gauche du groupe parlementaire LREM. La belle affaire ! 45 jours, le double ou le triple, ne changeront rien si, une fois expulsés, les clandestins reviennent. Or, rien dans le texte n’évoque le début d’un moyen pour lutter efficacement contre ces retours.
Dans ces conditions, qu’un clandestin débouté du droit d’asile puisse bientôt être ramené à la frontière quinze jours après la décision et non un mois après ne changera pas davantage la donne. Quant à la généralisation des « vidéoaudiences » destinée à désencombrer l’appareil judiciaire, d’ailleurs assortie d’une foule de réserves juridiques, elle relève du gadget et risque même d’ouvrir la voie à des contentieux sans fin.
Bref, une fermeté de façade, destinée au public centriste, âgé et crédule, qui a voté pour Emmanuel Macron, permettant de donner une apparence de contrepoids au champ de carottes qui n’a cessé de pousser dans le texte sous les mains expertes des jardiniers-amendeurs LREM, souvent transfuges du Parti socialiste.
Toujours plus pour les nouveaux arrivants
Sinon, il y a une nouvelle qui va aller droit au cœur et au porte-monnaie des travailleurs et des chômeurs français : désormais, un demandeur d’asile pourra venir plus rapidement les concurrencer sur le marché du travail ! Seulement six mois après le dépôt de son dossier ! Actuellement, le délai est de neuf mois. Bons diables, les demandeurs continueront sans doute à accepter un salaire minimum sans esprit de revendication. Certains immigrés n’ayant pas obtenu l’ouverture d’un dossier de demandeur d’asile continueront dans le travail au noir qui leur permettra ensuite d’être « régularisés », comme on dit, et comme on l’a vu fin mars en Île-de-France pour 160 d’entre eux.
Plus grave encore : le texte prévoit une « répartition régionale des demandeurs d’asile ». En d’autres termes, pas une province, pas une campagne n’échappera désormais à l’implantation organisée, méthodique, coercitive de groupes d’immigrés ayant répondu aux critères administratifs. Il faut être bien naïf pour imaginer que l’arrivée d’Afghans ou d’Ethiopiens à Saint-Bernard-de-Valois ou à Notre-Dame-en-Quercy n’engendrera pas à court terme l’agrégation de populations clandestines de mêmes origines. Quant à imaginer que cette répartition diminue le nombre de clandestins entassés sur les bords de la Seine ou sur les rives de la mer du Nord, cette espérance échappe à toute raison.
Le texte prévoit également l’extension de certaines mesures déjà en œuvre. Ainsi, le « passeport talent », qui octroyait automatiquement une carte de séjour pluriannuelle à un immigré « s’inscrivant dans un projet de développement économique d’une entreprise », sera bientôt accordé à tout étranger qui aidera au « développement social » de ladite entreprise. Dans la même veine, les « étudiants chercheurs » bénéficieront de facilités d’installation. La sociologie et les sciences sociales de l’éducation ne devraient donc pas tarder à connaître un afflux de matière grise synonyme de sésames de séjour.
La Licra ne rendra pas les armes
Quid du fameux « délit de solidarité », c’est-à- dire des lois permettant de faire condamner les militants gauchistes qui aident les clandestins à passer les frontières et à s’installer en France ?
Au dernier moment, Naïma Moutchou, député LREM et (ex ?) avocate de la Licra, a retiré, sur demande de Gérard Collomb, son amendement à ce sujet. Il visait « à mettre fin aux poursuites fondées sur l’aide à la circulation et aux séjours irréguliers des étrangers en France » à condition que cette aide n’ait pas de « but lucratif »ni de« contrepartie matérielle directe ou indirecte ». Mais on ne se débarrasse pas sans contrepartie d’un texte porté par un membre de la commission juridique du principal lobby « antiraciste ».
Une nouvelle mouture du texte devait être présentée à l’Assemblée. Une version en forme d’« open bar » pour la gauche si on en croit le cadre fixé par Gérard Collomb : il opèrera la distinction, promet-il, entre « les gens qui accordent des secours occasionnels » et la « catégorie extrêmement dangereuse des personnes qui appellent à la suppression des frontières ». Bon courage à la police et à la justice pour déterminer par la lecture d’un compte Facebook si tel militant appelle « à la suppression des frontières », et si « occasionnel » veut dire une fois par mois ou par an. Surtout quand le contrevenant sera assisté par un avocat de la Licra…
L’africanisation de la France continuera
Dimanche soir à la télévision, Emmanuel Macron parlait d’une « crise migratoire sans précédent », d’une « véritable bombe » démographique, et citait le livre de Stephen Smith, La Ruée vers l’Europe – La jeune Afrique en route vers le Vieux Continent (éd. Grasset). A-t- il vraiment lu ce livre ou alors a-t-il vraiment lu le texte de loi de son gouvernement ? Une chose est certaine, ce texte ne résoudra rien et il n’est certainement pas une arme pour lutter contre « l’africanisation » de notre pays.
« En 2050, l’Europe comptera 450 millions d’habitants vieillissants. Les 2,5 milliards de jeunes Africains en face feront alors ce que les Européens ont fait quand ils sont passés de familles nombreuses à forte mortalité à des familles plus restreintes et des vies plus longues : ils vont partir en masse à la recherche de meilleurs chances de vie », expliquait Stephen Smith à « Jeune Afrique » le mois dernier, en ajoutant évidemment qu’il ne voulait pas entendre « l’extrême droite » applaudir ses propos.
Au regard des menaces migratoires, on serait tenté de prétendre que le texte présenté à l’Assemblée nationale n’aggravera la situation que marginalement. Comme si ce que pouvait désormais dire ou faire un gouvernement français sur ce sujet avait autant de poids que Paul Reynaud s’agenouillant à Notre-Dame en juin 1940.
Comme si, même dans le mal, la Ve République n’était plus que masques et impuissances. On comprend donc que la comédie parlementaire va se dérouler sous les meilleurs auspices des équivoques et des imprécations de camelots.
Les hiboux de la gauche de la gauche hululeront au manque d’humanité. Les LR se scandaliseront que la majorité aura rejeté tous les amendements qu’eux-mêmes se sont toujours gardés de transformer en lois à chaque fois que les Français ont eu l’ingénuité de leur confier le pouvoir. Quant au Front national, il assumera comme toujours le rôle du « bad guy », le méchant sans lequel pas de film, en énumérant des contre-mesures toutes excellentes et de vrai salut public – présentées lundi après-midi par Marine Le Pen – qui devraient lui permettre de conserver sa clientèle électorale, elle qui doute depuis un an de voir un jour prochain un parti patriote au pouvoir.
Tel est le pathétique de notre époque de décadence. L’impression que le réel nous échappe, que la France est devenue un lieu vide dont les chefs sont des fantômes et dont les lois sont le linceul.
La France comme l’Europe peuvent échapper à l’africanisation que semble redouter Emmanuel Macron. Mais cet effort exigera de cesser de défendre ce qui est mort comme ce qui nous tue, de sortir de l’hiver républicain de la Ve, de bien comprendre que ce qui nous attend est une lutte pour la vie.
Philippe Martin
Source : Minute n°2868 du 18 avril 2018
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Les français sont anésthesiés .Ils voient cette immigration à travers une brume(comme si cela n »arrivait qu’aux autres) et ne réaliserons vraiment que lorsqu’ils seront touchés directement.Il sera alors malheureusement trop tard