Mediapart a révélé hier une partie du résultat des écoutes téléphoniques contre Nicolas Sárközy, soupçonné de financement illégal de sa campagne électorale en 2007 et de trafic d’influence. Elles révèlent que le juge Gilbert Azibert a tenu informé, ainsi que son avocat Thierry Herzog, l’ancien président de leur République corrompue des enquêtes en cours contre lui. Le magistrat a ainsi rencontré les juges chargés d’étudier la validité de la saisie des agendas de Nicolas Sárközy.
Il s’est vanté auprès de Thierry Herzog d’avoir « bien expliqué » à l’un des conseillers de la Cour la situation et pronostiquait un jugement favorable ; dans le même temps, Nicolas Sárközy se dit prêt à l’aider pour obtenir un poste à Monaco. Mais contrairement aux affirmations de Gilbert Azibert, les juges ont finalement validé la saisie des agendas. Et le magistrat n’a pas été muté à Monaco.
Au cours des échanges, l’avocat Thierry Herzog qualifie les magistrats de Bordeaux en charge du dossier dans l’affaire Bettencourt de « bâtards ».
Nicolas Sárközy disposait vraisemblablement également d’un autre informateur bien placé, en mesure de l’informer de l’avancée de l’enquête sur les financements libyens présumés. Il est confirmé par exemple qu’il a bien été informé des perquisitions prévues à son bureau.
Les écoutes, sur un téléphone non-officiel, acheté sous un faux nom, révèlent que Nicolas Sárközy et Thierry Herzog se savaient écoutés et ont créé de fausses discussions pour leurs lignes officielles, celles qu’ils pensaient être les seules sur écoute, pour les disculper et tromper les enquêteurs.
Le 16 mars 2011, Saïf al-Islam Kadhafi, fils et dauphin de Mouamar Kadhafi, avait affirmé à Euronews que la Libye avait financé la campagne de 2007 de Nicolas Sárközy. Il déclarait qu’il allait présenter toutes les preuves.
« Tout d’abord, il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu’il œuvre pour le peuple libyen, mais il nous a déçu. Rendez-nous notre argent. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement. »
Trois jours plus tard, la coalition attaquait la Libye. Saïf al-Islam Kadhafi est détenu au secret depuis bientôt deux ans et demi. Avant d’être évoquées par la presse en France, ces accusations ont été reprises par l’ancien premier ministre Baghdadi Ali al-Mahmoudi.