L’État-providence fut initié en Suède par le socialiste Olof Palme qui dirigea le pays de 1969 à 1976 et de 1982 à 1986. Durant ces périodes, les dépenses sociales avaient explosé et les impôts avaient atteint un sommet avec un taux prohibitif de 105 % sur certaines tranches de revenus. Cette « rage taxatrice » avait poussé de nombreux Suédois à quitter le pays pour des cieux plus cléments, à l’exemple du metteur en scène Ingmar Bergman qui s’expatria aux USA.
Ce postulat d’État-providence devait prendre à sa charge chaque individu, de la naissance à la mort, en lui garantissant un bien-être quotidien sans trop d’efforts ni de contreparties. « Dormez tranquille, braves gens, on s’occupe de tout » aurait pu être le leitmotiv de ce pays nordique.
Malheureusement, les arbres ne grimpant pas jusqu’au ciel et le père Noël n’étant qu’un conte pour enfants, la réalité des chiffres a mis les politiciens suédois face au constat de leurs utopies, des années plus tard. Cet exemple suédois avait néanmoins incité d’autres gouvernements européens à accorder une multitude d’allocations, d’avantages, de facilités et de « droits z’acquis » à leur peuple respectif.
La fête est finie
Dans un contexte d’économie favorable, avec des balances commerciales bénéficiaires, des PIB en croissance continue, des budgets équilibrés et une dette publique modérée, ce principe d’État-providence pouvait se justifier. Mais ce fut loin d’être le cas. Depuis 1967, les différents chocs pétroliers ont bouleversé les économies européennes en propulsant le prix du baril de 4 à 120 dollars sur 40 ans et en déstabilisant les coûts industriels de nos entreprises. En outre les eurocrates de Bruxelles, en imposant la mondialisation et l’ouverture de nos frontières à des produits de mauvaise qualité vendus à des prix bradés, ont construit des cimetières industriels ayant une vue imprenable sur un désert économique.
De Walter Hallstein à Jean-Claude Juncker, en passant par Sicco Mansholt, Jacques Delors ou Romano Prodi, ces laquais du Nouvel ordre mondial ont muré nos mines, coulé les chantiers navals, condamné les industries sidérurgiques et textiles, réduit l’agriculture en jachères et nous ont imposé des normes de fabrication ou d’achat aussi stupides qu’inefficaces, au prétexte de « réguler les flux » et de créer une « société de services » qui nous apporterait un « mieux vivre » et garantirait des « emplois durables ». Aujourd’hui, on peut en tirer les conclusions.
Comme à l’exemple de la « société pluriethnique et multiculturelle » qui, selon les déclarations de Mme Merkel et de MM. Cameron et Sárközy est un « véritable échec », la politique économique, sociale, industrielle et financière menée par les gouvernements européens depuis 50 ans nous a conduits au fond du gouffre, et nos enfants et petits-enfants vont devoir en payer l’addition.
Le miracle de la carte plastique
Depuis 6 ans, les politicards nous répètent que « la crise est derrière nous » et que « la croissance revient ». Même avec les lunettes roses des utopistes socialo-démocrato-écologistes il est difficile d’apercevoir un horizon dégagé de toute intempérie et bien au contraire il y a lieu de craindre un krach futur.
En effet, les différents régimes au pouvoir en Europe ont infligé le « principe de précaution » à leurs citoyens, ajouté au « risque zéro », ont imposé un enseignement dévalué qui produit des analphabètes et des incultes par bataillons entiers, se sont servis des médias pour intoxiquer et anesthésier leur population et se comportent comme des inquisiteurs envers tous ceux qui ne respectent pas la Pensée unique (ou ne se conforment pas au « prêt-à-penser ») en les traînant devant les tribunaux de la Police de la Pensée. Quant à ceux qui ne se convertissent pas à la nouvelle religion droits-de-l’hommiste, ils peuvent s’exiler !
En confinant les individus dans des limites préétablies et rigoureusement surveillées, le Régime a cadenassé l’espace des libertés (opinion, réunion, presse et expression) en instaurant des lois liberticides depuis 1974. En contrepartie, ce pouvoir, le Nouvel ordre mondial, sacralise l’homo consuméris en vantant l’hédonisme et en permettant toutes les outrances de la consommation au détriment de toute exigence humaine d’un autre ordre. Afin de pouvoir jouir sans entrave, l’individu se voit doté de cartes de crédit et d’argent virtuel qui lui ouvrent les portes d’un « mieux-vivre » ou d’un « bien-être » factice.
Plus, encore plus et toujours plus ?
Mais n’oublions pas que ces « homo consuméris » en grande majorité sont également des électeurs qui votent pour les députés qui rédigent de nouvelles lois. Certains sont même affiliés aux syndicats revendicatifs. Tous ou presque soutiennent les partis omnipotents qui dirigent nos pays.
Ces mêmes homo consuméris sont donc incapables de discernement, abrutis par la publicité et confrontés aujourd’hui aux fins de mois difficiles. Il est vrai que leurs parents, génération mai 68, n’ont pas non plus fait preuve d’appréciation dans leur choix de vie et ont fait profiter leur progéniture d’une facilité d’existence héritée de leurs aïeux qui, eux, avaient connus les souffrances et certaines privations. Pourquoi s’étonner dès lors du refus d’affronter les difficultés de l’existence, de la majorité des 18-35 ans ? Beaucoup végètent chez leurs parents, bénéficiant d’allocations diverses et traînent les pieds pour chercher du boulot. Pire, une grande partie revendique tout et n’importe quoi, sans contribuer eux-mêmes à l’effort collectif. D’autres, innombrables parasites se gavant d’argent public et rétribués par les administrations ou les services publics, manifestent à tout bout de champ pour des motifs récurrents depuis 50 ans !
Et comment peut-on soutenir les grèves et les revendications des cheminots, conducteurs de TGV, qui réclament la défense de leur « pouvoir d’achat », alors que leurs privilèges datent des locomotives à vapeur et des primes aux chauffeurs qui enfournaient le charbon dans les chaudières ?
Comment se sentir solidaire des pilotes d’avion, au salaire confortable, quand ils refusent l’allongement de leur durée de travail ?
Pourquoi accepter plus longtemps les privilèges des dockers et le monopole d’embauche octroyé à leur syndicat corporatiste ?
Tenant compte de la situation économique et financière de beaucoup de pays européens, ces revendications déplacées font figure de caprices d’enfants gâtés, pour une grande majorité des manifestants et particulièrement des fonctionnaires.
Les exemples sont multiples, mais la nature humaine est telle que l’égoïsme l’emporte souvent sur le réalisme et la raison.
William J. H. Boetcker, un influent acteur public a déclaré1 en 1916 :
« Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez.
Vous ne pouvez pas forger le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu’ils pourraient faire eux-mêmes. »
Les caisses sont vides et il est temps maintenant de distinguer l’essentiel du superflu, de retrousser ses manches, d’instaurer une réelle politique de redressement de nos économies en stoppant le déclin et la décadence de nos sociétés sclérosées par des décennies de laxisme et de turpitude, de gauche comme de droite.
OUI, le travail rend libre !
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1 NDJN : cette citation est fréquemment attribuée à Abraham Lincoln, notamment dans les milieux libéraux. William John Henry Boetcker (1873-1962), né en Allemagne, était un chef religieux américain et un influent commentateur politique conservateur. Il est célèbre justement par ses « Ten Cannot » [Dix Vous ne pouvez pas], publié en 1916 :
Vous ne pouvez pas apporter la prospérité en décourageant l’épargne.
Vous ne pouvez pas renforcer les faibles en affaiblissant les forts.
Vous ne pouvez pas aider les hommes petits en rabaissant les grands hommes.
Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en détruisant le riche.
Vous ne pouvez pas établir une véritable sécurité sur l’argent emprunté.
Vous ne pouvez pas favoriser la fraternité entre les hommes par l’incitation à la haine de classe.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez.
Vous ne pouvez pas forger le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu’ils pourraient faire eux-mêmes.
Boetcker a également parlé des « Sept crimes nationaux » :
Les « Sept crimes nationaux » de William J. H. Boetcker
Je ne pense pas.
Je ne sais pas.
Je ne m’en préoccupe pas.
Je suis trop occupé.
Je laisse les choses aller toutes seules.
Je n’ai pas le temps de lire et de me cultiver.
Je ne suis pas intéressé.
« Dans un contexte d’économie favorable, avec des balances commerciales bénéficiaires, des PIB en croissance continue, des budgets équilibrés et une dette publique modérée, ce principe d’État-providence pouvait se justifier. »
Non, justement.