Éditorial du premier numéro de la seconde version de Jeune nation (novembre 1993) rédigé par Yvan Benedetti.
Le vieux monde n’est plus ! Le mur de Berlin s’est effondré. L’Allemagne a restauré son unité. Leningrad de nouveau s’appelle Saint-Pétersbourg. La Yougoslavie est morte. La Tchécoslovaquie a implosé. Annoncée, la fin de l’Histoire s’est transformée en un formidable retour de l’Histoire. Un monde nouveau est en pleine gestation. Contre les constructions artificielles et les fausses abstractions politiques et philosophiques, la réalité naturelle reprend ses droits et efface le règne de l’utopie.
Le vieux monde n’est plus ! Mais la caste dirigeante qui nous gouverne depuis 1945 trône toujours, se répandant en conseils et en leçons de toutes sortes. Cette caste qui n’a rien su prévoir, qui n’a rien vu venir, qui n’a rien tenté pour sortir l’Europe de l’impasse dans laquelle Yalta et les sociétés secrètes l’avaient conduite ; cette caste qui est le résultat hybride du communisme intellectuel faisant dans le social et la lutte des classes pour paraître plus proche du peuple et du capitalisme effectif lui procurant la jouissance matérielle.
Le vieux monde n’est plus ! Mais chez nous, hélas, il perdure ; ce monde où l’argent conduit tout, où le financier dicte sa loi, où l’on nous impose un prêt-à-penser, un prêt-à-regarder et même un prêt-à-s’amuser, où la jeunesse se résume à une boîte de préservatifs, ce monde de débâcle généralisée, de déprime tenace.
Heureusement, dans ce monde-là, il est des hommes pour qui l’honneur reste la condition de la dignité humaine, des hommes qui possèdent la joie de vivre, car leur idéal n’est pas mort avec le communisme à l’Est et n’a pas été entamé par la crise du capitalisme à l’Ouest ; leur raison de vivre se situe ailleurs, dans la pérennité de la patrie et la croyance en la nation.
Pourtant, à l’heure où le gouffre de la pensée se creuse, où toutes les idéologies s’effondrent, à l’heure où la belle mécanique de l’espérance marxiste déraille, que proposent et que nous imposent nos élites ? La fuite en avant, l’accélération de la construction de l’Europe marchande, prélude à un gouvernement mondial, cette vieille chimère inefficace, contredite par les vérités de la vie. Ce ne sont pas des signatures d’eurocrates apposées au bas de traités conçus dans les loges qui peuvent façonner l’Europe, mais le travail des hommes et la volonté des peuples. Un demi-siècle de marché commun et de Communauté européenne n’efface pas, en France, deux mille ans d’identité nationale.
Et au moment où la mort de la nation est programmée, comme toujours au cours de son histoire, le peuple se réveille. Les forces vives du pays que constituent les tenants du non à Maastricht, tous les agriculteurs, les pêcheurs, les artisans, les entrepreneurs, les salariés, les professions libérales…, toute cette partie de la France qui travaille doit redresser la tête pour abattre le joug des intellectuels, des journalistes, des financiers, des artistes, des profiteurs partisans du oui à Maastricht. Enfin, les Français ne se déterminent plus par rapport à cette fracture artificielle de droite et de gauche, mais par rapport au fait national.
Le vieux monde n’est plus ! Il est grand temps de retrouver une politique réellement nationaliste. Il n’existe que deux façons de gouverner un pays : « Le pouvoir fait alliance avec le peuple pour contraindre les Grands à se plier aux disciplines de l’État… Ou bien le pouvoir fait alliance avec les Grands pour maintenir le peuple dans l’obéissance ». Aujourd’hui, le pouvoir démocratique se confond avec les Grands de la Finance. Pour abattre l’hégémonie des profiteurs et des corrompus, les nationalistes doivent s’appuyer sur tous les exploités du capitalisme, en refusant les classes sociales et en réunifiant le monde du travail au sein de la grande communauté nationale.
Un combat à mort s’est engagé. De son issue dépend le sort des nations, le sort de la Civilisation.
Le vieux monde n’est plus ! Œuvrons pour un monde nouveau.
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