L’agence de presse Bocage a diffusé des extraits d’une longue lettre écrite par le prisonnier politique allemand Axel Möller, fondateur d’Altermedia Deutschland, incarcéré depuis le 7 décembre 2011 pour mauvaises pensées révisionnistes. La lettre est datée du 2 octobre.
« Quand on réfléchit à ce qui arrive ou est arrivé à des gens comme Möller, Fröhlich, Mahler, Ittner, Zündel, S. Stolz, Ochensberger, Rudolf, Deckert, Honsik et tant et tant d’autres pour délits de mal-« pensance » (en Allemagne et en Autriche, ces délits sont punis de peines qui se comptent en années et non en mois), on ne peut que rester ébahi devant le peu de réactions publiques et même le peu de simples contestations que ce scandale provoque »
précise en introduction le traducteur de la lettre.
« Je ne connais pas l’article sur Sobibor, mais je sais seulement que les juifs pensent y avoir découvert des restes de chambres à gaz. La presse du Système n’a évidemment pas dénoncé cette sottise qu’elle n’a toutefois mentionnée que dans des articles de second plan. Il y a quelques années les responsables de Treblinka avaient eux-mêmes dû admettre que le nombre réel des victimes de ce camp ne représentait qu’une faible fraction des chiffres qui avaient été avancés par la propagande alliée et communiste. Mais à vrai dire ce qui m’intéresse n’est pas le nombre plus ou moins grand des victimes supposées, mais bien d’essayer de voir plus clairement ce qui s’est réellement passé à l’époque.
Quel que soit l’intérêt de tout cela, on ne devrait pas oublier à ce sujet que le révisionnisme historique ne peut être qu’un aspect de la politique nationale, et non l’inverse. Il ne s’agit plus de savoir s’il y a eu plus ou moins de victimes, mais bien d’avoir une vue exacte de ce qui s’est passé à l’époque. Parmi les acteurs de cette époque, très peu se sont préoccupés de ce qu’avait été le sort des civils et des prisonniers. Et à l’Ouest on oublie souvent que ce n’est pas l’Allemagne, mais l’Angleterre et la France qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne. Pour ceux qui tiennent pour normales les attaques lancées contre l’Afghanistan, l’Irak, la Libye ou la Syrie, comment est-il possible de considérer l’attaque de Hitler contre la Pologne comme une agression, a fortiori comme un crime ? Supposons qu’aujourd’hui un pays quelconque se conduise vis-à-vis d’une minorité, disons par exemple américaine, comme se sont conduits les Polonais vis-à-vis des minorités allemandes de Pologne, il y a longtemps que les bombes seraient tombées sur le pays en cause. Je pense qu’au regard de chaque crime de guerre allemand on peut en dénombrer facilement quatre du côté allié. Chaque guerre a sa propre dynamique. […]
Le 20 août s’est tenu une réunion au cours de laquelle a été examinée la façon dont devraient se dérouler les six prochains mois. Naturellement pour moi pas d’amélioration à prévoir ni, bien sûr, de libération anticipée. La raison tout à fait officiellement avouée et reconnue est que je persiste à maintenir les opinions qui sont les miennes. J’ai écrit à ce propos un article dans lequel mes conditions de détention et les raisons invoquées pour justifier des refus d’adoucissement des peines sont exposées. J’ai fait ces jours-ci les dernières corrections et j’espère qu’il pourra paraître dans Altermedia ou d’autres sites apparentés. Peut-être pouvez-vous activer à ce sujet notre ami X… en vue d’une version française.
Je ne dirai pas que je compte les jours et raye sur mon calendrier ceux déjà effectués en prison. On m’a toutefois fait remarquer que je devais bien être à mon millième jour de détention, si bien que j’ai refait mes calculs et suis tombé pour ce millième jour sur le 17 septembre. […] Il devrait alors me rester 240 jours à faire avant ma libération qui se situe alors au 29 mai 2015. Mais pas de soucis ! Cela ne me rend pas nerveux, je peux attendre ! Trois fois durant mon incarcération on m’a demandé de présenter une demande de libération anticipée, mais à des conditions pour moi inacceptables. On me demandait en effet non seulement que je renonce à faire état de mes positions politiques, mais aussi que je me soumette à un traitement psychiatrique. Vous comprenez certainement […] que pareille chose est pour moi hors de toute discussion ou négociation possible. Je suis d’ailleurs depuis si longtemps hôte du Land de Mecklembourg-Poméranie que je n’en suis plus à quelques mois de détention en plus ou en moins. Certes, il faut s’accoutumer aux conditions de vie, mais je ne suis pas ici tenu pour un « bleu », étant donné que j’ai été incarcéré pendant plus d’un an et demi à la prison de Stralsund. En conséquence je fais partie du haut de la hiérarchie Je n’ai pas, en effet, de difficultés particulières avec les autres codétenus. Mais pouvoir tenir des conversations avec des partenaires de bon niveau relève ici de l’exceptionnel. Il n’est généralement question que de sujets portant sur la drogue, le tabac et autres, dans le meilleur des cas on parlera de justice ou de procès, ou encore éventuellement de films d’action. Je ne me lie donc guère et garde mes distances avec autrui. Je n’ai jamais eu, tout au long de ma détention, de réelles difficultés avec mes codétenus ni avec le personnel pénitentiaire. Sur le plan politique, je n’ai jamais eu à me censurer, bien au contraire. Et à cet égard, aussi surprenant que cela puisse paraître, je me sens plus à l’aise que si j’étais à l’extérieur. Et pourquoi ? Parce que je n’ai jamais à simuler quoi que ce soit alors que, en « liberté », on se doit en fait de surveiller tout ce qu’on dit. Le temps s’écoule ainsi pour moi plus rapidement qu’on ne pourrait le croire Mais bien entendu cela dépend, comme partout, des conditions mentales personnelles qu’on a pu se forger.
La musique, plus encore peut-être que les livres, est pour moi ce qui me permet le mieux de lutter contre la morosité et l’ennui. Et il faut reconnaître que pour se procurer livres et CD on est ici très libre. Je pense même avoir ici la plus grande collection de livres et CD de toute la prison. Cela m’est d’autant plus nécessaire qu’on a procédé il y a quelques mois à un « nettoyage » du stock de livres dans la bibliothèque de la prison. On a jeté presque tout ce qui était littérature classique et poésie. À quelques exceptions près il n’y a donc plus guère que des livres policiers, d’horreur ou de fantastique. C’est ainsi qu’ont été jetés à la poubelle des auteurs comme Balzac, Dostoïevski, Feuchtwanger, Fontane, Heine, Pouchkine, les deux Tolstoï, Goethe, Schiller, etc. Ah oui, il y a aussi Stendhal, j’ai eu la chance d’avoir pu lire « La Chartreuse de Parme » avant. À Stralsund, la bibliothèque avait été à peu près pareillement « nettoyée ». On a là une illustration du niveau intellectuel de l’Occident. Tout autre commentaire serait superflu.
J’ai lu ces derniers jours du Schopenhauer dont la philosophie, il est vrai, me dépasse quelque peu ; j’y ai néanmoins trouvé de belles choses sur la vie en général qui m’ont aidé, eu égard aux conditions de vie qui sont ici les miennes.
Comme vous le voyez […] je suis toujours vaillant et de bonne humeur.
En voilà assez pour aujourd’hui. Un grand merci pour votre soutien […]
Meilleures salutations depuis Bützow !
Axel »
Il est possible d’envoyer un mot de soutien (en allemand) à ce prisonnier politique en écrivant à :
Monsieur Axel Möller
JVA Bützow
G. Haus Kühlungsborner Str. 29 a
D-18246 BÜTZOW (Allemagne)